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AUTOMNE 2002

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ÉCONOMIE

***** L’ÉCONOMIE QUÉBÉCOISE
CRÉATION D'EMPLOIS ET DIVERSITÉ INDUSTRIELLE


Une enquête récente sur la population active au Québec confirme la bonne performance économique :  pour les six premiers mois de l’année, 128 000 emplois ont été créés, la meilleure performance jamais enregistrée.  Cette bonne surprise intervient au moment où le conflit canado-américain dans le bois d’oeuvre provoque des mises à pied dans l’industrie du bois de sciage - on parle de 6000 emplois perdus dans ce secteur.  Les résultats mensuels de juillet et août montrent toutefois un léger recul, le Québec ayant perdu 21 000 emplois au cours de l’été.  Malgré ce recul, le Québec fait très bonne figure avec près du tiers des emplois créés au Canada.  La construction résidentielle a été le secteur le plus dynamique en 2002, stimulé par une crise du logement locatif dans plusieurs grandes agglomérations.  Depuis le début de l’année, les mises en chantier ont progressé de 50 % par rapport à 2001.

La publication de ces résultats a entraîné une révision à la hausse des prévisions de la croissance pour 2002.  La Banque TD prévoit maintenant une croissance de 3,6 % au Québec, un taux qui surpasse celui de l’économie canadienne.  En novembre dernier, la ministre des Finances Pauline Marois prévoyait une croissance de 1,7 % en 2002, grâce à un programme accéléré de dépenses publiques de 3 milliards $ réparties sur 14 mois.  Cette prévision avait alors été jugée trop optimiste par la plupart des analystes.  Le programme d’accélération des investissements publics se déroule de façon plus rapide que prévu et il a sans doute contribué à la bonne performance du Québec.

La preuve de l’efficacité du modèle québécois ?

La diversification de la base industrielle est vue par plusieurs analystes comme un facteur important dans les succès récents du Québec sur le plan économique.  Certains y voient le résultat des efforts déployés par le gouvernement du Québec, au cours des deux dernières décennies, afin de stimuler les investissements dans des secteurs ciblés, en misant sur des incitatifs fiscaux et sur les partenariats entre les sociétés d’État et des intérêts privés.  Cette approche du Québec en matière de développement économique est désignée comme le modèle québécois.  Appelé à commenter la performance du Québec, le Premier ministre Bernard Landry y voyait la preuve de son efficacité.  Le modèle a mis du temps à s’ajuster, mais plusieurs analystes considèrent qu’il fonctionne maintenant efficacement et qu'il a contribué largement au développement de quelques secteurs de pointe comme l’aéronautique, la biotechnologie et les télécommunications.  Ces industries à savoir élevé et à technologie avancée représentaient 18 % de la production du secteur privé en 1991, tandis qu'elles représentent 25 % en 2000.  Un économiste y voit aussi un résultat du rattrapage en éducation entrepris au cours des années 1960.

Ces succès ne sont toutefois pas une assurance contre les retournements de la conjoncture.  La dégringolade des entreprises de télécommunication en fournit un exemple.  La lenteur de la reprise économique aux États-Unis représente un facteur d’incertitude pour l’économie québécoise de plus en plus dépendante des exportations vers le voisin du sud.  La diversification de la structure industrielle constitue cependant une protection indéniable, celle-ci semble avoir bien servi le Québec au cours de la dernière année.

La cote du Québec à la hausse

L’agence de cotation new-yorkaise Fitch Ratings, dans sa première analyse de l’économie québécoise rendue publique en juin dernier, accordait une cote élevée à la dette du Québec.  Les cotes AA- pour la dette à long terme et F1+ pour la dette à court terme ont été motivées par la détermination du gouvernement à maintenir l’équilibre fiscal et par ses initiatives en matière de politiques économiques, responsables à leurs yeux du développement d’une économie moderne, diversifiée et concurentielle.  Plus récemment, l’agence Moody’s faisait aussi savoir qu’elle envisageait de hausser la cote du Québec.  La décision ne sera toutefois pas définitive avant une couple d’années.

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***** LE QUÉBEC À FARNSBOROUGH

La morosité qui plane sur l’industrie aéronautique mondiale n’a pas freiné les efforts déployés par le Québec à l’occasion du salon annuel de l’industrie qui se tenait cette année à Farnsborough, en banlieue de Londres.  Le ralentissement de l’industrie aéronautique est bien réel et il se traduit au Québec par des retards dans la réalisation de certains projets annoncés à l’occasion du salon de l’aéronautique 2001.  Mais on table sur une reprise de la croissance d’ici deux ans.

La délégation québécoise était dirigée par la ministre des Finances Pauline Marois et comptait une vingtaine de personnes des secteurs public et privé.  Pour les entreprises, le salon est l’occasion de rencontrer la clientèle, de faire connaître leurs produits et de décrocher des commandes.  C’est aussi l’occasion choisie par les entreprises dominantes pour diffuser d’importantes nouvelles, mais cette année, celles-ci ont été rares.  Bombardier n’avait à annoncer qu’une vente de trois appareils régionaux à Delta, pour une valeur de 73,2 millions $, et une autre vente de deux jets d’affaires.  De son côté, Pratt & Whitney a annoncé l’obtention d’un contrat de 10 ans avec British European pour l’entretien de 8 appareils Dash-8 équipés de moteurs PW123.  Pour sa part, Héroux-Devtek a obtenu un contrat important, compte tenu de sa taille :  il concevra et fabriquera un train d’atterrissage pour un avion de combat, le X-45B, que Boeing développe pour l’armée de l’air américaine.  Ce contrat entraînera l’addition de 30 ingénieurs à l’équipe d’ingénierie de Héroux, qui en compte déjà 20.  L’association avec Boeing pourrait se traduire par d’autres contrats concernant des projets pour lesquels les soumissions sont encore en cours.

Six projets d’investissement nouveaux

Du côté gouvernemental, ces rencontres sont l’occasion de faire valoir les avantages du Québec auprès des investisseurs potentiels et de consolider ainsi la base de son industrie aéronautique.  Le Québec compte 260 entreprises reliées à l’aéronautique, lesquelles emploient 42 000 personnes.  Cela le place au 6e rang mondial, derrière les États-Unis, la France, le Royaume-Uni, l’Allemagne et le Japon.  Il s'est présenté à Farnsborough avec une étude fraîchement mise à jour par la firme KPMG, selon laquelle il en coûte moins cher pour une entreprise de s’établir à Montréal qu’à Seattle ou à Toulouse, deux centres aéronautiques concurrents.  L’avantage de Montréal est de 19 % par rapport à Seattle et de 8,5 % dans le cas de Toulouse.

Les résultats obtenus cette année restent modestes comparés aux succès des dernières années, mais ils se traduiront néanmoins par des investissements de 100 millions $ et la création de 300 emplois.  Six projets d'investissement ont été divulgués par la ministre Marois, les plus importants venant de Téléflex Lionel-Dupont (TLD Canada), de Asco et de Mecaer.  TLD Canada, filiale d’une société francaise, déplacera de Californie à Sherbrooke une usine de fabrication d’équipement aéroportuaire mobile, un projet dont le coût est évalué à 15,5 millions $ et qui créera une centaine d’emplois.  La société belge Asco devrait aussi, d’ici cinq ans, employer une centaine de personnes dans une usine d’intégration de structures d’avion qu’elle construira dans la région de Montréal au coût de 50 millions $.  Mecaer, une entreprise italienne spécialisée dans la fabrication de pièces d’hélicoptères, fera l’acquisition d’une entreprise québécoise, Performance LT, et investira 7 millions $ pour en accroître la capacité de production, un projet qui génèrera 25 emplois.  Les coûts de production plus avantageux, la disponibilité d’une main-d’oeuvre expérimentée et la présence d’institutions de formation technique en aéronautique sont des facteurs évoqués pour justifier ces décisions, de même que la présence de Bombardier.

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***** BOMBARDIER DANS LA TURBULENCE

Plusieurs mauvaises nouvelles sont venues assombrir les perspectives d’affaires de Bombardier au cours de l’été et ont contribué à une chute importante du titre de l’entreprise.  Chez Bombardier Aéronautique, les mauvaises nouvelles sont provenues de la clientèle, éprouvée par la crise du transport aérien, et ont eu pour effet de fragiliser le carnet de commandes.  La division Transport s'est ressentie, pour sa part, de différends avec DaimlerChrysler et Amtrak.  L’optimisme reste toutefois de rigueur à la direction de l’entreprise et ce, malgré la baisse des bénéfices au deuxième trimestre.

Bombardier Aéronautique

La crise du transport aérien pourrait bien avoir des répercussions plus importantes que prévues sur les affaires du constructeur québécois.  Au lendemain des événements de septembre 2001, la direction de Bombardier se faisait rassurante quant à l’avenir du transport régional, son principal marché, qui, estimait-elle, pourrait même être favorisé par la conjoncture.  Cette assurance s’est toutefois atténuée au cours du dernier mois à la suite de mauvaises nouvelles émanant de deux importants transporteurs américains.

En effet, American Airlines a d’abord annoncé une réduction de ses services et le report de la livraison de 35 appareils prévue pour 2002.  Certains de ces appareils doivent être livrés par Bombardier à une filiale d’American Airlines :  5 appareils CRJ-700 ont été livrés sur une commande ferme de 25, mais une option sur 25 autres appareils pourrait n’être jamais exercée.  L’avenir de United Airlines suscite aussi des inquiétudes depuis que la société a fait savoir qu’elle envisageait de recourir à la loi sur la protection contre les créanciers.  Une faillite pourrait retarder ou même compromettre la livraison de 150 appareils qui restent à livrer à trois filiales de United.

Aucune commande importante ne s’est par ailleurs ajoutée au cours de l’été.  Lors du salon de Farnsborough (Grande-Bretagne) à la fin de juillet, Bombardier prévoyait néanmoins une augmentation des livraisons de jets régionaux cette année :  226 appareils devraient sortir des usines d’assemblage en 2002, comparativement à 206 l’année précédente.  Il en va autrement pour les jets d’affaires, dont la production devrait diminuer de 162 en 2001 à 140 cette année.

Bombardier Transport

Au cours de l’été, Bombardier s’est trouvé impliqué dans deux différends dont les répercussions financières peuvent être importantes.  Le premier se rapporte à la transaction avec DaimlerChrysler pour l’acquisition d’Adtranz en mai 2001.  Bombardier réclame 1,48 milliard $ de DaimlerChrysler, somme qui représente la différence entre la valeur réelle d’Adtranz et les représentations qui lui en avaient été faites par le vendeur.  Bombardier avait dû se fier aux évaluations fournies par DaimlerChrysler, puisque la réglementation antitrust l'empêchait de procéder à une vérification diligente.  Les discussions entreprises au printemps avec DaimlerChrysler n’ayant pas abouti, Bombardier a décidé de recourir à un processus d’arbitrage et a déposé sa réclamation devant la Chambre de commerce internationale, à Paris, au début de juillet.  Le processus devrait prendre deux à trois ans.

Le second différend est venu du côté de la compagnie ferroviaire américaine Amtrak qui annonçait, à la mi-août, la suspension de tous ses trains Acela, après avoir décelé des fissures dans les supports d’amortisseurs de trois locomotives.  Ces trains à grande vitesse ont été fabriqués par Bombardier, qui a obtenu le contrat en 1996.  Des 20 rames prévues au contrat, 18 ont déjà été livrées.  Ce contrat s’est avéré une source d’ennuis pour le manufacturier qui a déjà engagé une poursuite de 200 millions $ contre Amtrak, le tenant responsable de retards occasionnés dans la production et de dépassements de coûts dans la réalisation du contrat.  Les problèmes de Bombardier sont aggravés par la mauvaise situation financière d’Amtrak qui pourrait être acculé à la faillite si le Congrès américain lui refuse le versement des subventions sur lesquelles le transporteur ferroviaire compte pour assurer sa survie.  L’examen des supports installés sur les 18 locomotives en service n’a toutefois révélé que 7 supports défectueux sur un total de 320, ce qui a amené certains analystes financiers et experts à douter de la bonne foi d’Amtrak dans cette affaire et à y voir une manoeuvre de diversion reliée à la poursuite intentée par Bombardier.

Par ailleurs, Bombardier a été supplanté par Alstom dans l’attribution d’un contrat accordé par le Métro de New York pour la fabrication de 660 véhicules de métro.  La perte de ce contrat a été doublement ressentie par Bombardier :  d’une part, le Métro de New York était un vieux client du manufacturier québécois et, d’autre part, l'entente avec Alstom comporte des options pour environ 1000 wagons supplémentaires, d’une valeur totale estimée à 2,3 milliards $ US.  Alstom possède une usine à Montréal, mais il est peu probable que celle-ci bénéficie de retombées de ce contrat.

Chute des bénéfices

Les résultats financiers du deuxième trimestre ont fourni matière à la dernière mauvaise nouvelle de l’été.  Bombardier a en effet annoncé un bénéfice net de 101,4 millions $ par rapport à 287,9 millions $ au deuxième trimestre de 2001.  Pour les deux trimestres de 2002, le bénéfice net est de 320,6 millions, à comparer à 528,9 millions $ en 2001.  La mauvaise performance du deuxième trimestre s’explique en très grande partie par une charge non récurrente de 170 millions $ reliée à la perte de valeur du parc d’appareils usagés.  La compagnie invoque aussi la grève du printemps dernier à ses usines de Montréal pour expliquer ses résultats décevants.  Malgré une réduction des objectifs pour l’année, la direction prévoit que le bénéfice net atteindra le milliard de dollars.

Une bonne nouvelle est enfin tombée à la fin du mois d’août, avec l’obtention d’un contrat de 500 millions $ de la Metro-North Commuter Railroad pour la construction de 180 voitures de trains de banlieue.  Il s’agit d’un nouvel ajout à un contrat obtenu en 1999 et qui comportait des options sur 1075 voitures supplémentaires.  Trois options ont déjà été exercées, dont une en mai dernier portant sur 352 voitures.

La direction de Bombardier reste toutefois optimiste.  Elle ne s’attend pas à une reprise dans l’industrie aéronautique avant 2004 et s’y prépare déjà.  Elle annonçait, à l’occasion du salon de Farnsborough, le lancement de deux nouveaux biréacteurs d’affaires, le Learjet 40 et le Learjet 45XR.  Il s’agit de versions améliorées du Learjet 45, en production depuis 1998.  La compagnie prévoit vendre environ 300 exemplaires de chacun de ces nouveaux produits au cours des dix prochaines années.

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***** ALOUETTE 2 :  LA CONSTRUCTION DÉMARRE

Le compte à rebours est commencé dans le projet d’expansion de l’aluminerie Alouette, située à Sept-Îles sur la côte nord du fleuve Saint-Laurent.  À la fin du mois de mai, une coentreprise formée du groupe montréalais SNC-Lavalin et de la firme torontoise Hatch s’est vue attribuer le contrat d’ingénierie et de gestion des travaux de construction d’une valeur de 100 millions $.  SNC-Lavalin possède une expertise reconnue dans le domaine de l’aluminium, la firme ayant participé à la construction de plusieurs grandes alumineries au cours des dix dernières années, tandis que l’expertise de Hatch se situe dans la minéralogie et l’énergie.  Ce projet d’agrandissement a été rendu possible par l’attribution, au printemps dernier, d’un bloc de 500 MW d’électricité mis aux enchères par le gouvernement du Québec.

Les travaux, dont le coût total est évalué à 1,4 milliard $, se dérouleront selon un échéancier très serré :  le chantier sera en pleine opération dès le printemps 2003 et la première coulée d’aluminium est prévue pour le début de 2005.  Cet agrandissement fera passer la capacité de production de l’usine Alouette de 243 000 tonnes à 550 000, et en fera la plus grande aluminerie d’Amérique.

La propriété de l’aluminerie Alouette est répartie entre six actionnaires :  les entreprises Alcan, Austria Metal, Corus et Norsk Hydro détenant chacune 20 % des actions, SGF 13 % et Marubeni 6,7 %.   Deux transactions sont survenues au sein de l’actionariat au cours des derniers mois :  Alcan en est devenue actionnaire en mai dernier en se portant acquéreur de la part que détenait la SGF, puis celle-ci a vite repris sa place en acquérant la part de Kobe Steel.  Selon son président, Claude Blanchet, la SGF s’intéresse surtout à la deuxième phase du projet qui touchera les activités de transformation de l’aluminium.

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***** INDICATEURS ÉCONOMIQUES

Le taux de change

Le taux de change du $ CAN en devises US a faiblement augmenté entre le 1er mai et le 31 août 2002.  Le dollar canadien valait 63,77 ¢ US au début de mai et 64,11 ¢ US à la fin d’août.  Il a oscillé entre 65,79 et 63,12 ¢ US.

Le taux d’escompte

Entre le 1er mai et le 31 août 2002, le taux d’escompte de la Banque du Canada est passé de 2,50 à 3,00 %.

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***** ENLISEMENT DU CONFLIT CHEZ VIDÉOTRON

Le conflit de travail qui a éclaté le 8 mai dernier chez Vidéotron, principal câblodistributeur du Québec, se durcit chaque jour davantage et aucune issue n’est encore en vue.  Au coeur du litige se trouve l’objectif patronal de réduire les coûts de 30 millions $ par l’accroissement des heures de travail et la réduction de certains bénéfices sociaux, mais surtout par la cession des services d’installation et de réparation à la firme Entourage (où les conditions de rémunération sont nettement inférieures pour les 664 salariés affectés à ces services).  D'ailleurs, cette transaction avait été amorcée avant le début du conflit et a été conclue le 13 mai.

Très vite, des actes d’intimidation, de vandalisme et de sabotage visant le personnel et les installations de Vidéotron ont envenimé des rapports déjà très tendus.  En dépit d’appels au calme lancés notamment par le secrétaire général de la centrale syndicale FTQ, de l’arrestation de quelques syndiqués surpris en flagrant délit et du congédiement de certains d’entre eux, les actes de violence se sont poursuivis, touchant à l’occasion d’autres entreprises appartenant au groupe Quebecor Média dont fait partie Vidéotron.  En recourant à des briseurs de grève et en engageant des poursuites en dommages et intérêts s’élevant à quelques dizaines de millions de dollars, l’entreprise a contribué de son côté à alourdir le contentieux.  Le syndicat a d’ailleurs rétorqué en adressant au Conseil canadien des relations de travail une plainte contre l’employeur pour "négociation de mauvaise foi".

Cette escalade des moyens utilisés a connu une période d’accalmie lorsque les deux parties ont demandé conjointement au ministre du Travail de désigner un médiateur spécial ayant mandat de rapprocher les points de vue.  Après un mois d’efforts soutenus, le médiateur Allan B. Gold, qui est pourtant un expert des missions de ce genre, a dû déclarer forfait le 5 août dernier.  Une semaine plus tard, Vidéotron déposait une offre globale de règlement qui présentait des concessions mineures sur la sous-traitance et les heures de travail, mais demeurait inflexible sur les enjeux principaux du conflit.  L’offre a été rejetée aussitôt par les syndiqués.  Entre-temps, l’entreprise continue de perdre des abonnés, voyant ainsi sa situation se dégrader.  De plus, l’appel public au boycottage que menace de lancer le syndicat n’arrangerait rien.

Comme les deux parties sont résolument engagées sur la voie de l’affrontement et qu’aucune des deux n’est prête à abandonner ses objectifs de départ, les chances de parvenir rapidement au règlement de ce conflit paraissent plus minces que jamais.

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***** CONFLIT DE TRAVAIL CHEZ SECUR

Les 900 employés syndiqués de la compagnie Secur, une filiale du Mouvement Desjardins, sont en grève depuis le 5 juillet.  Secur, compagnie spécialisée dans le transport de fonds, contrôle environ 80 % de ce marché au Québec, alimentant en numéraire les institutions financières ainsi que 1200 guichets automatiques répartis sur tout le territoire.

Sans contrat de travail depuis près de cinq ans, les salariés réclament des augmentations de 16 % à 18 %, ce qui porterait le salaire horaire maximum à 21 $, une augmentation rétroactive de 9,5 % pour les cinq dernières années, la réduction des heures de travail, l’amélioration du régime de retraite ainsi qu'un pourcentage garanti d’employés permanents à temps plein.

L’offre finale et globale présentée par l’employeur comprenait une augmentation salariale de 11 % au cours des cinq prochaines années, un ajustement de 5,2 % des salaires de base, ainsi que le versement d’un montant forfaitaire de 4500 $ et diverses améliorations aux avantages sociaux et au fonds de retraite.  Cette offre a été rejetée par le syndicat et les négociations sont dans l’impasse.

Comme l’entreprise relève de la législation fédérale du travail, elle n’est pas soumise à la loi québécoise interdisant l’engagement de briseurs de grève.  Elle réussit donc à maintenir la plus grande partie de ses activités en recourant à ses cadres et à son personnel administratif puis en s’assurant les services d’agences de sécurité.

Le sabotage d’une centaine de guichets automatiques, la menace faite le 7 août d’une révision à la baisse de l’offre patronale et la rumeur persistante voulant que le Mouvement Desjardins cherche à se départir de sa filiale Secur, comme il l’a fait précédemment de ses activités en informatique et en télécommunications, avivent la tension déjà très élevée qui entoure ce conflit de travail et accroissent le risque de le voir durer encore de longs mois.

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***** BECHTEL S'ASSOCIE À BPR

Le groupe américain d’ingénierie et de construction Bechtel et la firme d’ingénierie BPR de Québec annoncaient en juin dernier leur association dans une coentreprise dont le siège social sera localisé à Montréal.  La coentreprise portera le nom de BPR-Bechtel et comptera 350 employés, tous transférés de la division industrielle de BPR.  De son côté, Bechtel fournira le capital nécessaire au lancement de la nouvelle entité.

Bechtel est une entreprise familiale dont la fondation remonte à 1898.  Elle se spécialise dans la gestion de grands projets clés en main dans divers secteurs, dont les mines et l’hydroélectricité.  La firme est connue au Québec pour sa participation à la gestion du développement hydroélectrique de la Baie-de-James.  Plus récemment, elle a assuré l’ingénierie et la gestion de la construction de l’aluminerie d’Alma pour le compte d’Alcan.  Sa présence au Québec date de 1959, mais elle s’est accentuée en 2001 avec le déménagement à Montréal de sa division Mines et métaux, auparavant localisée à Denver (Colorado).  Cette division a réalisé des revenus de 2,2 milliards $ en 2001.

Quant à la firme BPR, elle fut fondée en 1961 et compte environ 1000 employés.  Sa réputation est surtout reconnue au Québec dans le traitement des eaux usées et dans l’ingénierie d’usines, notamment dans les secteurs du papier et de l’aluminium.  La nouvelle entreprise compte exploiter son expertise dans la réalisation de grands projets.  Elle vient d’ailleurs de participer à un appel d’offres pour la construction d‘une raffinerie de cuivre au Chili.

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***** DEUX TRIMESTRES POSITIFS POUR QUEBECOR

Le groupe Quebecor rapporte un bénéfice net de 27,1 millions $ pour le deuxième trimestre de 2002.  Le premier trimestre avait aussi donné lieu à un bénéfice, ce qui donne pour le premier semestre un bénéfice net de 50,5 millions $, qui se compare à une perte de 28,1 millions $ pour le premier semestre de 2001.  C’est le secteur des journaux, administré par la filiale Sun Media, qui a le plus contribué à cette bonne performance, avec une hausse de son bénéfice d’exploitation de 21 %.  Les résultats d’exploitation de Videotron étaient par ailleurs en baisse de 9,7 %, une baisse que la direction relie au conflit de travail avec les employés de la filiale, qui en est à son sixième mois.

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***** MURDOCHVILLE EN SURSIS

La municipalité de Murdochville, située au centre de la péninsule gaspésienne, est depuis quelques mois au cœur d’un débat dont l’enjeu est sa survie même.  Son histoire est typique des villes créées de toutes pièces autour de l’exploitation, par une grande compagnie, d’une ressource naturelle.  En 1951, l’entreprise Mines Gaspé commençait l’exploitation d’un important gisement de cuivre, propriété du Groupe Noranda.  Une fonderie, inaugurée en 1955, permit de traiter sur place le minerai extrait de la mine, ainsi que du minerai importé à partir de 1959.  La mine et la fonderie employèrent jusqu’à 2000 personnes.  Autour de ces activités se développa Murdochville qui, en 1980, comptait près de 5000 habitants et contribuait à la vie économique des communautés environnantes.

La mine fut fermée temporairement de 1982 à 1989 puis, en 1999, son exploitation s’arrêta pour de bon, ce qui provoqua un exode massif de la population.  La fonderie, qui n’avait plus que 300 personnes à son emploi, continua de fonctionner, alimentée avec du minerai importé d’Europe et d’Amérique du Sud via le port de Gaspé.  Après avoir annoncé une fermeture de six mois, le Groupe Noranda décidait en mars dernier de mettre définitivement fin, dès le 30 avril, à ses activités à Murdochville.  Cette fermeture mettait en cause l’existence même de la municipalité, réduite aujourd’hui à un millier d’habitants, le sort de nombreuses familles des villages voisins de même que l’avenir du port de Gaspé.

En l’absence de tout projet créateur d’emplois, le conseil municipal a consulté la population sur l'opportunité de demander au gouvernement québécois la fermeture de la ville.  Dans un référendum tenu le 25 août, les habitants de Murdochville ont voté dans une proportion de 64,6 % en faveur de la fermeture.  Une requête en ce sens a donc été soumise au gouvernement du Québec qui dispose seul de l’autorité pour créer ou supprimer des municipalités.  Les autorités locales évaluent à 50 millions $ le montant des coûts et des indemnités à verser.  La compagnie Noranda est disposée à y consacrer environ 15 millions $.

Après deux semaines de réflexion, le conseil des ministres a décidé le 11 septembre de maintenir la ville ouverte et refuse de verser aux personnes affectées toute forme d’indemnité, considérant que cette responsabilité incombe à la compagnie Noranda.  Il s’est engagé cependant à fournir une aide à la formation et au reclassement des salariés et à prendre des mesures d’accompagnement en faveur des citoyens, qu’ils choisissent de partir ou de rester sur place.  En prenant cette décision, le Gouvernement a voulu éviter de créer un précédent.

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***** CHANGEMENT DE GARDE

Moins de deux semaines après la démission de Jean-Claude Scraire de la direction de la Caisse de dépôt et placement du Québec, le gouvernement annonçait la nomination de Henri-Paul Rousseau pour lui succéder.  Ce choix a été bien accueilli dans les milieux politiques et financiers de même qu’au sein de la direction de la Caisse.  Henri-Paul Rousseau s’est acquis une réputation de compétence dans le monde financier québécois, dans les fonctions de vice-président de la Banque Nationale et de président de la Banque Laurentienne.  Économiste de formation, il a enseigné pendant une dizaine d’années à l’Université Laval avant de passer à l’entreprise privée.

L’entrée en fonction du nouveau président le 1er septembre fut suivie, moins d’une semaine plus tard, de la démission du numéro deux de la Caisse, Michel Nadeau.  Cette démission était attendue, Nadeau ayant été étroitement associé à l’ancien président et figurant lui-même sur la liste des successeurs potentiels.  Il était président de CDP capital, la filiale responsable des placements et des participations de la Caisse.  Henri-Paul Rousseau assumera lui-même cette fonction, ce qui lui permettra de se rapprocher de ce qui constitue le gros des opérations de la Caisse.

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***** DÉFICIT DE 84 MILLIONS $ À LA SGF

La Société générale de financement (SGF) a encouru un déficit de 84 millions $ en 2001, ce qui correspond à un rendement négatif de 4,1 % sur son capital.  Il s’agit du premier déficit de la société depuis cinq ans, attribuable en grande partie aux investissements dans la haute technologie, où elle termine l’année avec des pertes de 57,8 millions $.  Trois secteurs seulement montrent des résultats positifs :  l’agroalimentaire (12,4 millions $), les mines et minéraux (2,8 millions $) et la foresterie (26,7 millions $).

La direction attribue cette mauvaise performance à la conjoncture économique et au fait que la part des capitaux en développement dans la capitalisation totale a été portée à 30 % au cours du dernier exercice.  Il s’agit de capitaux engagés dans des projets qui ne sont pas complétés et qui ne rapportent donc aucun revenu.

Le président Claude Blanchet a levé le voile sur le prochain plan quinquennal de la société.  Celui-ci sera axé sur un processus de grappes industrielles élargies inspiré du modèle de la Vallée de l’aluminium au Saguenay/Lac-Saint-Jean.  La stratégie consiste à développer des activités en amont et en aval autour d’une spécialité régionale et à y greffer des infrastructures adaptées de recherche-développement et de formation.  La région de l’Abitibi sera une des prochaines cibles pour le déploiement de la nouvelle stratégie.