QUÉBEC Info
AUTOMNE 2002
***** LA POPULATION DU QUÉBEC S'ACCROÎT LENTEMENT
Statistiques Canada a publié en mars les premières données démographiques recueillies grâce au recensement de 2001. La population du Canada s’élève maintenant à 30 millions d’âmes et le Québec, pour sa part, en compte 7,24 millions. Si ces chiffres révèlent une hausse réelle au cours des cinq dernières années, ils montrent aussi que la croissance s’est fortement ralentie, n"étant que de 4 % au Canada et de 1,4 % au Québec. Ces taux sont les plus faibles que l’on ait jamais enregistrés.
Les tendances démographiques favorisent nettement l’Ontario, la Colombie-Britannique et surtout l’Alberta. Et si Terre-Neuve voit fondre sa population, le Québec réussit, quant à lui, à tirer son épingle du jeu. L’évolution démographique ne manque pas d’avoir des répercussions politiques puisque le nombre de députés alloué à chacune des provinces à la Chambre des Communes (fédérale) est établi en tenant compte de sa population. Alors qu’en 1951 le poids du Québec au sein du Canada atteignait 28,9 %, 50 ans plus tard il n’est plus que 24,1 %.
Les analystes attribuent la faible performance démographique du Québec à divers facteurs. En raison d’un taux de natalité particulièrement bas, le taux de croissance naturelle, c’est-à-dire l’excédent des naissances sur les décès, n’est que de 4,1 pour 1000 au Québec, alors qu’il est de 10,7 pour 1000 au Canada. Pourtant, l’accroissement naturel demeure le facteur le plus important dans la croissance démographique, loin devant l’immigration. En effet, si le Québec accueille plus que sa part d’immigrants, beaucoup de ceux-ci gagnent ensuite les États-Unis ou les autres provinces. Par ailleurs, ce mouvement ne peut être compensé par les migrations internes au Canada puisqu’en raison de son caractère francophone le Québec attire peu de résidents des autres provinces.
Les données du recensement confirment d’autres phénomènes déjà observés précédemment. Ainsi, l’urbanisation se poursuit au Québec comme dans l’ensemble du Canada. En 2001, 79,4 % de la population canadienne vivait dans un centre urbain (ville de 10 000 habitants ou plus). Au Québec, cette tendance a surtout profité à la région métropolitaine de Montréal qui a vu sa population s’accroître de 3 %, si bien qu’aujourd’hui plus de 47 % de la population québécoise gravite autour de la métropole. L’attraction des grandes villes s’exerce bien entendu aux dépens des régions, dont plusieurs voient s’accentuer l’exode de leurs habitants. Six régions administratives continuent de se dépeupler. Il s’agit de régions où l’activité économique est centrée sur l’exploitation des ressources naturelles (mines, forêts, pêche, agriculture). La concentration des entreprises, l’épuisement de la ressource, la baisse des cours et l’amélioration de la productivité liée à l’usage de technologies plus performantes réduisent les besoins de main-d’oeuvre. Ainsi, le dépeuplement des régions risque à son tour d’accélérer leur déclin économique et d’accroître du même coup les problèmes sociaux qu’on y observe déjà.
et prend de l’âge
À l’instar du monde occidental et du reste du Canada, le Québec vieillit. Mais quel que soit l’angle sous lequel on examine les chiffres, c’est au Québec que l’évolution est le plus sensible au Canada. L’âge médian, c’est-à-dire le point exact qui sépare toute la population en deux moitiés, y est de 38,8 ans contre 37,6 au Canada, alors qu'en 1966, l’âge médian au Québec atteignait à peine 25,4 ans. C’est aussi au Québec que l’on observe la plus faible proportion de jeunes de 0 à 19 ans, soit 24 %. C’est au Québec enfin que le phénomène du vieillissement est le plus rapide. Le processus a commencé il y a 20 ans environ, alors que le taux de fécondité était déjà le plus faible au Canada, et s’est accéléré par la suite. Au cours des cinq dernières années, la population québécoise a vieilli de 2,6 ans et celle du Canada de 2,3 ans.
Toutes ces données ont été révélées par la publication, en juillet, d’une deuxième tranche des résultats du recensement de 2001. D’autres aspects ressortent du portrait tracé par Statistiques Canada. Les femmes continuent de vivre plus longtemps que les hommes, mais les hommes âgés comblent lentement l’écart qui les séparait des femmes. On compte aujourd’hui 75 hommes pour 100 femmes de 65 ans et plus, contre 72 en 1991. Par ailleurs, le vieillissement démographique présente des variations importantes selon les régions, étant surtout sensible en zone rurale et dans les agglomérations en perte de population. Ainsi, les régions de Chicoutimi/Jonquière et de Trois-Rivières, dont la population décline, ont beaucoup vieilli. Avec un âge médian de 41,2 ans, la ville de Trois-Rivières est aujourd’hui la plus vieille au Canada, éclipsant pour la première fois la ville de Victoria, capitale de la Colombie-Britannique et paradis traditionnel des retraités.
Nul doute qu’en raison des transformations de tous ordres qui l’accompagnent, le vieillissement de la population québécoise s’imposera de plus en plus à l’attention des analystes et des hommes politiques.
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***** BAISSE DE LA CRIMINALITÉ AU QUÉBEC
Statistiques Canada vient de publier les données statistiques sur la criminalité au cours de l’année 2001. C’est au Québec, après Terre-Neuve, que le taux de criminalité est le plus faible, s'établissant à 5869 infractions criminelles par 100 000 habitants, comparativement à 7747 au Canada. Cette excellente performance d’ensemble est à peine ternie par une faible augmentation des agressions armées et des voies de fait graves. Ces données viennent conforter la réputation du Québec comme îlot de sécurité en Amérique du Nord et justifier l’approche "réhabilitation" de son système judiciaire.
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***** JEUX DU COMMONWEALTH : DES QUÉBÉCOIS SE DISTINGUENT
De plus en plus, les athlètes québécois se distinguent dans les compétitions sportives internationales. Les derniers Jeux du Commonwealth, tenus à Manchester en Angleterre en juillet-août 2002, n’ont pas fait exception. Au sein de la délégation canadienne qui a remporté 114 médailles, les Québécois y ont signé quelques-unes des meilleures performances.
En plongeon, Alexandre Despatie a remporté deux médailles d’or et une de bronze, confirmant ainsi sa supériorité dans cette discipline. On sait qu’il avait surpris en remportant l’or à l’âge de 13 ans, grâce à sa performance mémorable depuis la tour de 10 mètres, à Kuala Lumpur en 1998.
Le judoka Nicolas Gill occupe lui aussi le tout premier rang, ayant remporté l’or à Manchester. C’est un habitué des grandes compétitions internationales. Aux Jeux olympiques, il a décroché une médaille d’argent à Sydney et une de bronze à Barcelone. Il a aussi obtenu deux médailles d’or aux Jeux panaméricains, l’or et le bronze aux Jeux de la Francophonie ainsi qu’une médaille d’argent et deux de bronze aux championnats du monde.
Les haltérophiles québécois se sont signalés en remportant onze médailles. Julien Galipeau a récolté deux médailles : l’argent à l’épaule-jeté et le bronze au combiné. Les athlètes féminines ont créé de belles surprises. Pascale Dorcélus a gagné l’or à l’arraché tandis que Karin Turcotte a obtenu trois médailles d’argent. Sa sœur, Maryse Turcotte est repartie de Manchester avec deux médailles d’or et une d’argent dans ses bagages.
Au cheval sautoir et aux barres asymétriques, Vanessa Meloche a décroché deux médailles de bronze. À la course, Clara Hughes a remporté le bronze sur piste et l’or à la compétition contre la montre.
L’or a été décerné à Carolyne Lepage et le bronze à Daniel-Guillaume Sicard aux compétitions de judo. Géorgien d’origine et Montréalais d’adoption, Alexandre Jeltkov a remporté la médaille de bronze en gymnastique, et ce malgré une blessure.
Avec l’or, l’argent et le bronze, les athlètes québécois sont revenus fiers et heureux de leur participation et de leur performance aux Jeux du Commonwealth. Ils s’inscrivent dans la lignée des grands champions qui participent aux compétitions internationales.
Bruno Surin
Parmi ces grands champions, Bruno Surin, le deuxième homme le plus rapide au monde, a fait un dernier tour de piste et annoncé qu’il se retirait de la compétition. Il se dit très heureux de sa carrière de sprinter depuis qu’il a eu un titre aux championnats du monde intérieurs en 1993. Il a été champion du monde en salle en 1995 et médaillé d’or en relais aux Jeux d’Atlanta en 1996. Depuis, il a terminé deux fois deuxième aux championnats du monde. Mais en 2000, le sprinter a souffert d’une blessure à la cuisse, handicapant ses performances et l’obligeant à suivre une longue cure de réhabilitation. À 35 ans, Bruno Surin se retire définitivement de la compétition et se prépare à une nouvelle carrière comme animateur à la radio et à la télévision.
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***** DES ENFANTS EN SANTÉ
Le Québec se classe au deuxième rang, derrière la Colombie-Britannique, au palmarès des provinces canadiennes offrant les meilleurs services de santé aux enfants. C’est ce qui ressort d’une enquête du magazine ontarien Today’s Parent de juin 2002. Selon ce magazine, en comparaison avec les autres provinces du Canada, le Québec compte le plus grand nombre d’omnipraticiens, proportionnellement à sa population. L’enquête met aussi en évidence l’importance accordée à l’enseignement de l’éducation physique à l’école, ce qui a pour résultat bénéfique que moins de 27 % des Québécois souffrent d’embonpoint.
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***** LES GROUPES DE MÉDECINE FAMILIALE
Afin d’assurer à l’ensemble des Québécois l’accès à un médecin de famille personnel 24 heures sur 24, sept jours sur sept, le Québec vient de lancer, bien que modestement, un vaste programme de médecine familiale. Dès cette année, il injectera 15 millions $ dans la mise en place des 20 premiers Groupes de médecine familiale (GMF) sur l’ensemble du territoire.
Ces GMF sont constitués de six à dix médecins assistés de deux infirmières à temps complet. Ils doivent assurer des services professionnels à environ 10 000 à 20 000 patients. Ceux-ci doivent, en revanche, s’inscrire auprès de leur médecin et s’engager à ne consulter que ce dernier ou l’un de ses collègues du GMF. Les patients seront pris en charge par le GMF et auront accès à un système de référence médicale, de jour comme de nuit, les sept jours de la semaine, et auront aussi accès, au besoin, à un service de garde.
Le ministre de la Santé et des Services sociaux, François Legault, estime que les GMF "vont augmenter l’efficacité dans le réseau" de la santé et entraîner une diminution des coûts par patient, notamment en mettant fin à la multiplication des tests diagnostics et au gaspillage de ressources, ce qui est favorisé à l’heure actuelle par le recours excessif aux cliniques sans rendez-vous.
Pour le Dr Rénald Dutil, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec, cette initiative ne créera pas plus de médecins, mais permettra de rendre beaucoup plus efficaces ceux qui pratiqueront au sein de ces Groupes de médecine familiale.
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***** PÉNURIE DE MÉDECINS À L'HORIZON ?
Le Collège des médecins est d’avis qu’il manque 1000 praticiens pour répondre aux besoins en santé des Québécois. Il appréhende même une pénurie de médecins d’ici quelques années, à cause de changements majeurs dans la pratique médicale.
On constate que seulement 85 % des médecins dispensent des services à la population, les autres se consacrant plutôt à la recherche, à l’enseignement ou à des tâches administratives. Ainsi, sur les 18 000 membres que compte le Collège des médecins, à peine 14 000 d'entre eux sont actifs à temps plein dans les services cliniques du Québec.
Le Collège des médecins révèle aussi que les omnipraticiens québécois travaillent en moyenne 43 heures par semaine contre 50 pour les spécialistes, que les départs à la retraite sont de plus en plus hâtifs, 26 % des praticiens se retirant avant l’âge de 55 ans. Il y a déjà pénurie de médecins dans certaines spécialités, comme c'est le cas en psychiatrie, en médecine interne, en obstétrique-gynécologie et en radiologie.
En conséquence, le Collège des médecins propose au gouvernement d’accélérer les admissions dans les facultés, de réorganiser le travail, surtout dans les hôpitaux, et de recourir, occasionnellement, aux services de médecins retraités.
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***** COUP DE THÉÂTRE AU PALAIS DE JUSTICE : MÉGAPROCÈS REPORTÉ
Le mégaprocès de 17 Hells Angels, groupe de motards criminalisés, a avorté faute de juge. En effet, le juge Jean-Guy Boilard, qui a fait l’objet d’une magistrale réprimande de la part du Conseil canadien de la magistrature, s’est désisté le 22 juillet dernier, après 15 semaines d'instruction.
Le Conseil de la magistrature lui reprochait les remarques "désobligeantes et injustifiées", et ses propos à l’encontre d’un avocat qui réclamait un arrêt des procédures dans une autre cause. Curieusement, le juge Boilard a appris l’existence de cette réprimande par une journaliste, le 18 juillet, alors que la lettre qui lui était destinée était datée du 15 juillet.
Estimant "ne plus avoir l’autorité morale et peut-être aussi l’aptitude requise pour continuer (son) rôle d’arbitre dans ce procès" le juge Boilard s’est donc retiré de la cause qu’il présidait. Il a motivé sa décision en déclarant : "tant les parties et leurs avocats que l’observateur raisonnable seront toujours justifiés de mettre en doute la justesse de mes décisions ou l’à-propos de mes interventions vu les commentaires du Conseil canadien de la magistrature".
Le juge Pierre Béliveau a été désigné pour lui succéder. Après réflexion, le nouveau juge a décidé de reprendre toutes les procédures et a entamé, en début de septembre, un nouveau procès des 17 motards devant un nouveau jury.
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***** LOUIS LABERGE, 1924-2002
Louis Laberge est le chef syndical qui, au cours du dernier siècle, a le plus marqué à la fois le mouvement syndical du Québec et la société québécoise. Il est décédé à l’Assomption le 18 juillet dernier.
Il a été président de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) durant 27 ans, de 1964 à 1991. C’est sous sa gouverne qu’une simple section du Congrès du travail du Canada de quelque 100 000 membres a acquis son autonomie et est devenue le plus puissant syndicat du Québec, la FTQ, comptant aujourd’hui près d’un demi-million de membres.
En 1982, hanté par le taux élevé de chômage qu’entraînait la récession, il propose aux gouvernements, au patronat, aux banques et aux travailleurs de la construction de mettre sur pied une Corvée Habitation : créer 50 000 emplois et construire 50 000 maisons, chacun faisant sa part, les travailleurs acceptant une légère baisse de salaire, les banques diminuant les taux hypothécaires, le gouvernement accordant des allégements fiscaux, etc. Ce fut un succès qui lui donna d’autres idées.
Un an plus tard, en 1983, il créait le Fonds de solidarité de la FTQ. Ce sera sans doute son plus grand titre de gloire. Aujourd’hui, ce fonds d’investissement est devenu un joueur important dans l’économie du Québec puisqu'il gère un portefeuille de 4 milliards $. Cette formule est maintenant exportée dans d’autres pays.
Les travailleurs, les leaders syndicaux et patronaux et les personnalités politiques qui l'ont côtoyé au cours de sa carrière ont souligné sa personnalité attachante, ses talents de négociateur, sa vive intelligence, sa générosité, son verbe abondant et souvent truculent ainsi que son courage