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AUTOMNE 2003
Politique Économie Education International Société Culture *****H-Q ET L’ÉNERGIE ÉOLIENNE
Hydro-Québec a lancé un appel d’offres en mai dernier pour la livraison de 1 000 MW d’énergie éolienne entre 2006 et 2013. Aux termes du décret adopté par le gouvernement du Québec en décembre 2002, les projets retenus doivent maximiser les retombées économiques en Gaspésie, aux Îles-de-la-Madeleine et dans la région de Matane. Il s’agit pour la société d’État d’un déblocage important par rapport à cette filière énergétique. La production actuelle d’énergie éolienne au Québec n’est que de 100 MW fournis par les 133 éoliennes du parc Le Nordais à Matane.
Le décret gouvernemental veut favoriser le développement d’une filière industrielle québécoise de l’énergie éolienne qui pourra éventuellement bénéficier des développements prévus pour cette forme d’énergie en Amérique du Nord. Quelques petites entreprises québécoises sont déjà prêtes à relever le défi : la firme AXOR, qui gère le parc Le Nordais; Boralex, une filiale du Groupe Cascades, qui exploite un parc de 13 éoliennes dans le sud-ouest de la France et AAER Systems, une petite société qui fait état d’un carnet de commandes de plusieurs millions, dont une pour la livraison de 75 éoliennes à la Chine et une autre portant sur 135 éoliennes aux Philippines. En mars dernier, AAER signait une entente avec Pfleiderer, un fabriquant bavarois d’éoliennes; cette entente fera de AAER le distributeur exclusif des équipements de Pfleiderer sur le continent américain. Deux entreprises gaspésiennes ont aussi exprimé leur intérêt pour l’opération lancée par Hydro-Québec : le Groupe Ohmega, spécialisé dans les systèmes de contrôle électronique pour les éoliennes, et Fabrication Delta, intéressée par la construction des tours.
Le coût d’ensemble des projets couverts par l’appel d’offres d’Hydro-Québec est évalué à un milliard; leur mise en œuvre pourrait entraîner la création de 1 000 emplois permanents.
*****INDICATEURS ÉCONOMIQUES
Le taux d’escompte
Au cours des quatre mois se terminant à la fin d’août 2003, le taux d’escompte de la Banque du Canada est passé de 3,50 % à 3,25 %, soit une diminution de 25 points centésimaux.
Le taux de change
Le taux de change du dollar canadien par rapport à la devise américaine est passé de 0,6976 à 0,7132 $ US entre la fin d’avril 2003 et la fin d’août 2003, avec un sommet à 0,7495 $ US. Par rapport à l’euro, le dollar canadien est passé de 0,6237 à 0,6539 € au cours de la même période.
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*****BOMBARDIER
Vente de la division des produits récréatifs
Le président de Bombardier, Paul Tellier, annonçait à la fin d’août la vente de sa division des produits récréatifs à un consortium dirigé par l’ancien président de l’entreprise Laurent Beaudoin. Ce dernier représente, dans cette transaction, la famille Bombardier qui détiendra 35% des actions de la nouvelle entreprise; la firme d’investissement privée américaine Bain Capital en détiendra 50% et les 15% qui restent iront à la Caisse de dépôt et placement du Québec. La transaction a été conclue au montant de 1,225 milliard de dollars, payables moitié en argent comptant, moitié par transfert de dettes. La nouvelle a été bien accueillie par les salariés concernés et par les résidents de Valcourt, la municipalité qui a vu naître l’entreprise et où est encore concentrée une bonne partie des installations de la division des produits récréatifs. La présence de la famille Bombardier à la direction est perçue comme une garantie de continuité dans le développement de l’entreprise.
Redressement financier complété
Pour le président de Bombardier, Paul Tellier, la vente de la division des produits récréatifs complète la réalisation du plan de redressement financier entrepris en début d’année. Bombardier voulait effectuer un redressement de 2 milliards; c’est finalement 2,5 milliards qui auront été recueillis, grâce principalement à cette transaction et à une émission d’actions réalisée au cours de l’été et qui a rapporté 1,2 milliard; la vente de quelques actifs en Irlande du Nord a rapporté 200 millions supplémentaires. Le président Tellier a aussi fait état d’une amélioration des profits pour le deuxième trimestre 2003 : de 68 millions qu’ils étaient au deuxième trimestre 2002, ils sont passés à 93,2 millions pour la même période en 2003, grâce à la bonne performance de la division aéronautique.
*****PANNE ÉLECTRIQUE MAJEURE
Le Québec a été complètement épargné par la gigantesque panne d’électricité qui a frappé l’Ontario et six États du Nord-Est américain le 14 août dernier. Ce sort privilégié est dû au fait que les interconnexions entre le réseau québécois et ceux de ses voisins comportent un mécanisme qui isole les réseaux en cas de panne. Ironiquement, ces mécanismes ont été installés à la demande des clients américains qui voulaient se protéger contre les pannes pouvant survenir sur le réseau québécois; celui-ci est à leurs yeux plus vulnérable en raison des longues distances sur lesquelles l’électricité doit être transportée à partir des barrages du Nord québécois. Le Québec avait effectivement connu une panne majeure au début des années 90 en raison de la défaillance de l’une de ses lignes de transport à haute tension. Hydro-Québec a fait des investissements considérables pour sécuriser son réseau, de sorte qu’il est considéré maintenant comme le plus stable du continent.
Cette conjoncture particulière a permis à Hydro-Québec d’accroître ses exportations vers l’Ontario et les États du Nord-Est américain. La panne a duré plus d’une semaine et les exportations québécoises d’électricité ont atteint 3 300 MW; habituellement, un niveau semblable d’exportation n’est atteint que durant quelques heures par jour, en période de canicule.
*****L’INDUSTRIE DU JEU VIDÉO À MONTRÉAL
Le géant mondial du jeu interactif Electronic Arts annonce son implantation prochaine à Montréal. L’entreprise commencera à embaucher dès le mois d’octobre et prévoit atteindre un effectif de 500 salariés d’ici cinq ans. Il s’agit du plus important développement à survenir dans cette industrie depuis l’arrivée, en 1997, d’Ubi Soft, une entreprise qui compte maintenant 690 salariés. L’industrie du jeu vidéo compte actuellement une quarantaine d’entreprises à Montréal, employant près de 1 500 personnes.
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*****SAPUTO
Changement de garde
Le président de la société Saputo, Lino Saputo, a annoncé à la dernière assemblée des actionnaires qu’il cédait les commandes de l’entreprise à son fils Lino Saputo jr. Ce dernier, âgé de 37 ans, a été associé à l’entreprise depuis son tout jeune âge.
Giuseppe Saputo, un maître fromager venu d’Italie, a fondé Saputo Inc. en 1954 pour fournir du fromage à la communauté italienne de Montréal. L’entreprise a prospéré, amélioré ses moyens de production et élargi sa clientèle. Lino Saputo a pris la direction de l’entreprise en 1969; elle compte aujourd’hui plus de quarante établissements repartis au Canada et aux États-Unis. Outre le fromage et d’autres produits dérivés du lait, Saputo offre divers produits de boulangerie depuis l’acquisition de Culinar en 1999.
Jusqu’à la fin des années 1970, l’expansion de l’entreprise s’est faite surtout au Québec, dans la production de fromages traditionnels tels que le mozarella, dont la consommation fut stimulée par la montée en popularité de la pizza. Par la suite, l’expansion aux États-Unis s’est effectuée par acquisitions; Saputo y possède aujourd’hui un réseau de 14 usines. En 2000, Saputo a amorcé sa diversification dans les fromages fins en faisant l’acquisition du Groupe Cayer-J.C.B. de Saint-Raymond dans la région de Portneuf. Cayer avait été une des premières fromageries québécoises à se lancer dans la fabrication de fromages fins au cours des années 60. L’expansion ne semble pas terminée pour Saputo puisque le nouveau président faisait part récemment de l’intérêt de son entreprise pour l’acquisition d’une importante laiterie en Argentine.
Acquisition de Culinar
Saputo a acquis Culinar en 1999 dans une transaction qui a pris des allures de saga. Culinar était une entreprise vedette du monde québécois des affaires, fondée en 1923 par la famille Vachon et elle avait failli passer sous contrôle d’une multinationale américaine dès 1970. En 1999, quand Saputo a présenté son offre, Culinar était encore convoitée par un géant américain de la boulangerie. Depuis son rachat. l’entreprise n’a pas connu de développements spectaculaires, sinon une prise de participation de 21%, en 2001, dans Dare Foods, une entreprise canadienne de biscuits et biscottes. L’avenir de Culinar au sein du groupe Saputo ne paraît pas assuré puisque le président sortant a informé la presse qu’une réflexion était en cours sur l’avenir de la division boulangerie.
*****LA SGF EN MARCHE ARRIÈRE
Le nouveau gouvernement libéral n’a pas tardé à passer à l’action dans le dossier de la Société générale de financement. Cette société d’État fait figure de symbole de l’interventionnisme économique des gouvernements québécois depuis le début des années 1960 ; il était tout naturel qu’elle soit la première cible choisie par le nouveau gouvernement pour la mise en application de sa philosophie de non-intervention. À peine un mois après son entrée en fonction, le gouvernement a procédé au congédiement du président Claude Blanchet et à celui de son principal lieutenant, Claude H. Roy. Il a nommé Henri A. Roy, à titre de président intérimaire. Deux mois plus tard, ce dernier annonçait qu’il mettait un terme aux activités de la SGF dans cinq secteurs : le récréo-touristique, la haute technologie, la logistique industrielle, le transport et la machinerie. Les postes des responsables des secteurs éliminés ont été abolis. Pour le moment, la SGF demeure active dans cinq secteurs : les mines et minéraux, la forêt, l’agro-alimentaire, la santé et la chimie.
Le budget présenté en juin par le ministre de Finances annonçait une réduction, dès 2003, des fonds versés à la SGF; de 636 millions qu’ils étaient dans le budget présenté par le gouvernement sortant à la veille des élections, ils passent à 300 millions et ce montant pourrait encore être réduit. Tous les projets pour lesquels il n’y avait pas encore d’engagement définitif sont suspendus et les projets retenus pour lesquels aucun déboursé n’avait encore été fait seront révisés; encore ne s’agit-il là, au dire du ministre du Développement économique et régional, Michel Audet, que de mesures préliminaires. Un comité doit procéder à un examen en profondeur des activités de la société d’État et faire au gouvernement des recommandations en vue d’une révision du mandat de la SGF. Deux raisons sont invoquées pour justifier ces décisions : le souci d’économiser des fonds publics et la volonté de réduire le rôle de l’État québécois dans l’économie pour laisser plus de place à l’initiative privée.
*****DÉCÈS DE SYLVAIN VAUGEOIS
Le lobbyiste et promoteur Sylvain Vaugeois est décédé des suites d’une attaque cardiaque le 25 août; il n’était âgé que de 46 ans. Vaugeois s’était acquis une réputation de promoteur innovateur par son rôle dans le développement de la Cité du multimédia, à Montréal, et dans l’implantation au Québec de la multinationale Ubi Soft. Sylvain Vaugeois était devenu un proche du chef de l’opposition Bernard Landry, qui a salué en lui un entrepreneur visionnaire ayant grandement contribué à la percée du Québec dans le domaine de la haute technologie.
*****FRANÇOIS-ALBERT ANGERS (1909-2003)
L’économiste québécois François-Albert Angers est décédé le 12 juillet à l’âge de 94 ans. Il a été une figure dominante de la vie intellectuelle québécoise depuis les années 40 jusqu’à tout récemment, tant par son enseignement à l’École des hautes études commerciales (HÉC) et ses écrits scientifiques que par son engagement dans plusieurs causes reliées à l’évolution du Québec.
La carrière de François-Albert Angers s’est déroulée entièrement à l’École des HÉC, où il a enseigné l’économie durant quarante ans et assumé la direction de L’Actualité économique de 1959 à 1969. Cette revue avait été fondée à l’École des HÉC en 1925 à l’initiative d’Édouard Montpetit et d’Esdras Minville, considérés tous deux comme les pionniers de la science économique au Canada français. L’Actualité économique fut longtemps, au Québec, la seule publication scientifique consacrée à l’économie. Considéré comme l’hériter spirituel de Minville et de Montpetit, Angers a lui-même contribué à la formation de la génération d’économistes qui ont joué un rôle de premier plan dans la construction du Québec moderne; parmi ceux-ci figurent notamment Roland Parenteau et Jacques Parizeau.
François-Albert Angers s’est également signalé par ses engagements politiques. Durant les années 50, il fut l’un des principaux collaborateurs de la Commission Tremblay dont le rapport, publié en 1956, a posé les bases de la politique constitutionnelle du Québec face aux visées centralisatrices du gouvernement fédéral canadien. François-Albert Angers s’était par ailleurs engagé dans le mouvement nationaliste québécois, en collaborant en particulier à la revue L’Action nationale qu’il a dirigée durant plusieurs années.