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AUTOMNE 2004

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CULTURE

**** MIEUX VIVRE DE L'ART

Le 22 juin 2004, Line Beauchamp, ministre de la Culture et des Communications, rendait public son plan d’action visant à améliorer les conditions de vie des artistes.  Ce plan faisait suite aux engagements pris par le Parti libéral du Québec avant les élections du printemps 2003 et au bilan publié en février 2004 sous le même titre, Pour mieux vivre de l’art.

Portrait socio-économique des artistes

Les données publiées dans ce bilan datent de 2001 et portent sur les revenus déclarés des 14 000 artistes membres de 13 associations professionnelles.  Pour l’ensemble des artistes, le revenu annuel moyen est de 37 700 $, mais on constate une grande disparité d’un art à l’autre. Il n’y a rien de commun entre telle star internationale qui engrange des millions et tel artisan qui produit de très beaux objets mais doit parfois recourir au " bien-être social " pour joindre les deux bouts.  Au bas de l’échelle, on trouve trois groupes dont le revenu annuel moyen est inférieur à celui des contribuables québécois, soit 28 708 $ : les métiers d’art avec 18 751 $, la danse avec 20 200 $, et les arts visuels avec 27 741 $.  Dans l’ensemble, 44 % des artistes gagnent moins de 20 000 $ par année ; on notera par ailleurs que les humoristes ont un revenu annuel moyen de 91 791 $.

Plan d’action

Le plan d’action rendu public fin juin propose plusieurs mesures qui devraient aider les artistes à mieux vivre de leur art.  Des mesures fiscales déjà adoptées dans le dernier budget permettent l’étalement des revenus d’un artiste sur plus d’une année et la déduction fiscale des droits d’auteur qu’un interprète doit payer.  D’autres mesures doivent améliorer le filet de sécurité sociale en rendant les artistes admissibles à divers programmes touchant la santé  et la sécurité au travail, les régimes de retraite, les prestations d’assurance-emploi.  Enfin, le plan d’action annonce la création d’un Secrétariat permanent à la condition socio-économique des artistes afin de poursuivre le travail amorcé.

Une institution originale


Les artistes n’ont pas attendu le Plan d’action du gouvernement pour s’intéresser à l’économie et à la finance.  Une institution originale où l’art et l’économie font bon ménage fête ses dix ans en 2004 ; il s’agit de la Caisse d’économie Desjardins de la culture qui sait que bon nombre d’artistes sont des pigistes obligés de vivre avec des revenus qui fluctuent et que beaucoup d’artistes sont des petits entrepreneurs ayant besoin d’aide et conseils de adaptés.

Aux origines, en 1994, il y avait le Mouvement Desjardins ainsi que la caisse d’économie de l’Office national du film qui disposait d’un million de dollars ; puis il y eut le fonds de retraite de l’Union des artistes.  Dix ans plus tard la Caisse d’économie Desjardins de la culture affiche un actif de 77 millions et un chiffre d’affaires de 200 millions ; elle compte 2 445 membres.  Son bilan, en 2003, montre un excédent de 797 000 $, excédent qui porterait le nom de profit s’il s’agissait d’une société à but lucratif et non d’une coopérative.


**** NOUVEAUTÉS EN LIBRAIRIE
(de mai à août 2004)

LITTÉRATURE

Nelly Arcand, Folle, Seuil
Denise Bombardier, Et quoi encore!. Albin Michel
Pierre Caron, La naissance d'une nation: Thérèse (T. 1), vlb
Georges-Hébert Germain, Monica la mitraille, Libre Expression
Micheline Lachance, Lady Cartier, Québec Amérique
Louise Portal, L'Actrice, Hurtibise HMH
Mathieu Simard, Échecs amoureux et autres niaiseries, Stanké
Louise Tremblay-D'Essiambre, Les Soeurs Deblois, Charlotte (t. 1), Émilie (t. 2), Guy St-Jean

ÉTUDES, ESSAIS

M. Bisaillon, Le Perdant, Les Intouchables
Françoise David, Bien commun recherché, Écosociété
Raymonde Litalien et Denis Vaugeois (dir.), Champlain, Septentrion
Jean-Jacques Pelletier, Écrire pour inquiéter et pour construire, Trois-Pistoles


**** LE CINÉMA QUÉBÉCOIS

Statistiques

Au début du mois d’août 2004, l’Institut de la statistique du Québec publiait d’intéressantes données sur la production cinématographique québécoise et sa popularité auprès du public.  De tous les films présentés dans les salles québécoises en 2003, 10,6 % avaient été produits au Québec ; en 2002, ils ne comptaient que pour 7,8 %.  En ce qui concerne la faveur populaire, 13 % de l’assistance totale allaient aux films québécois en 2003 contre 8,8 % en 2002 et 6,1 % en 2001.

Festivals

Des festivals du film sont présentés dans plusieurs villes du Québec ; ceux de Rouyn-Noranda et de Rimouski sont particulièrement appréciés.  Mais le Festival des films du monde de Montréal (FFMM) demeure, et de loin, le plus important.  Le 26e FFMM s’est ouvert le 26 août 2004 ; le film de Ghyslaine Côté Elles étaient cinq y était présenté en première mondiale ; 439 films provenant de 72 pays ont été projetés au cours du festival.

On peut se demander toutefois si le FFMM sera au rendez-vous en 2005.  Son président-directeur général, Serge Losique, a bien annoncé qu’il y aurait une 27e édition du FFMM, mais ses principaux bailleurs de fonds ne se sont pas encore engagés.  Ils ont plutôt lancé un appel d’offres et entendent choisir la proposition qui répondra le mieux aux exigences du cahier des charges.  Il y aura probablement un festival du film à Montréal, mais ce ne sera peut-être pas le FFMM que l’on connaît.

Nouveautés de l’automne

Outre le film de Ghyslaine Côté qui a ouvert le FFMM, on pourra voir cet automne : Comment conquérir l’Amérique en une nuit de Dany Laferrière, Éternelle de Wihelm Liebebberg et Federico Sanchez, Les Aimants d’Yves P. Pelletier, L’Été avec les fantômes de Bernd Neuberger, La Lune viendra d’elle-même de Marie-Jan Seille, Comment devenir un trou de cul et enfin plaire aux femmes de Roger Boire, Mémoires affectives de Francis Leclerc, Littoral de Wajdi Mouawad, Nouvelle-France de Jean Beaudin et Ma vie en cinémascope de Denise Filiatrault.  Quelques longs métrages documentaires sortiront également en salle  : Cœur à bout de Marcel Simard, Mon fils sera Arménien de Hgop Goudsouzian, De mémoire de chats – les ruelles de Manon Barbeau et Saraida – une femme de Palestine de Tahani Rached.


**** IN MEMORIAM

Sylvia Daoust (1902-2004)
Décédée à Montréal à la fin de juillet 2004 à l'âge de 102 ans, Sylvia Daoust a été la première femme sculpteure professionnelle au Québec.  Elle a enseigné à l'École des beaux-arts de Québec, de 1930 à 1943, puis à celle de Montréal, de 1943 à 1968.

On peut admirer nombre de ses œuvres dans des églises (à Montréal : Basilique Notre-Dame et Oratoire Saint-Joseph), dans des institutions religieuses (Abbaye de Saint-Benoît-du-Lac) et civiles (Assemblée Nationale, Université de Montréal, Jardin botanique de Montréal), ainsi que dans les musées (Musée national des beaux-arts à Québec, Musée des beaux-arts à Montréal, Musée des maîtres et artisans du Québec de l'arrondissement Saint-Laurent à Montréal).


Jean-Louis Gagnon (1913-2004)
Jean-Louis Gagnon est décédé à Québec le 26 mai 2004, à l'âge de 91 ans.  Homme d'une grande culture, libéral au sens classique du terme, il fut journaliste, fondateur, directeur ou rédacteur en chef de nombreux journaux et fonda la revue Les Écrits du Canada français.  Il fut également ambassadeur du Canada auprès de l'UNESCO.  Auteur de deux romans et de quelques nouvelles (La fin des haricots), il avait publié ses mémoires, en trois tomes, sous le titre Apostasies.


Serge Turgeon (1946-2004)
Décédé à Montréal le 18 mai 2004, à l'âge de 58 ans, Serge Turgeon a été acteur à la scène et à la télévision, directeur de théâtre et communicateur à la radio et à la télévision.  Mais c'est surtout comme leader dans le milieu des artistes qu'il a fait sa marque.  Président de l'Union des artistes de 1985 à 1997, il fut largement responsable de l'adoption de la "Loi sur le statut de l'artiste", en 1987.  Ses luttes pour améliorer les conditions de vie des artistes l'ont conduit à s’associer à la création de la Caisse d'économie Desjardins de la culture (1994) et à diriger le Fonds d'investissement de la culture et des communications créé en 1997.