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AUTOMNE 2000

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ÉCONOMIE

***** L'INDUSTRIE AÉROSPATIALE : DYNAMISME ET CROISSANCE

Le Salon aéronautique de Farnsborough (Grande-Bretagne), qui a eu lieu en juin, a permis de confirmer le dynamisme de l'industrie aéronautique québécoise. En effet, plusieurs bonnes nouvelles y ont été annoncées. De plus, selon le ministre de l'Économie et des Finances, Bernard Landry, la réputation du Québec comme centre d'attraction des industries de pointe ne fait que commencer à percer. Le meilleur est encore à venir. Ces propos du représentant du gouvernement du Québec faisaient suite à l'annonce de quatre projets d'investissement par des sociétés reliées à l'industrie aérospatiale. Toutefois, les nouvelles les plus spectaculaires sont encore une fois venues de la multinationale Bombardier.

La direction de Bombardier a profité du Salon pour annoncer la mise en production de son nouveau jet régional de 90 passagers, le CRJ-900 dès que les nouvelles installations seront prêtes. Mise en chantier à Mirabel, au nord de Montréal, dès la mi-août, la nouvelle usine doit être complétée au printemps 2001. Le CRJ-900 bénéficie déjà de 38 commandes fermes et des options sur 28 autres appareils. Ces commandes viennent en grande partie de transporteurs européens.

L'usine de Mirabel facilitera aussi la réalisation d'un carnet de commandes qui continue de se gonfler pour les autres modèles d'avions régionaux et d'affaires. Bombardier a dévoilé à Farnsborough l'addition de 38 nouvelles commandes fermes de CRJ-500 et de CRJ-700. Dix des nouveaux appareils ont été commandés par deux filiales de Delta Airlines. Celles-ci avaient déjà passé, en mars dernier, une commande ferme pour 94 appareils et des options sur 406 autres. Dix options viennent donc d'être converties en ventes fermes, portant le montant de la transaction à trois milliards de dollars. Ces développements entraîneront l'addition de 4000 emplois aux effectifs québécois de l'entreprise au cours des trois prochaines années. Le quart de ces nouveaux emplois seront générés par l'usine de Mirabel.

Quatre autres investissements ont été annoncés au Salon de Farnsborough. Thompson-CSF Optronique et Thompson-CSF Laser, deux filiales du groupe français Thompson établies au Québec depuis quelques années, investiront 41,6 millions $ dans trois projets reliés à l'aérospatiale; l'un de ces projets concernant le développement de technologies au laser sera réalisé par une coentreprise formée avec l'Institut national d'optique (INO) de Québec. Également, deux fournisseurs de pièces et de composantes pour l'industrie aéronautique, National Metal Finishing Canada (Mirabel) et Mesotec (une PME de Sherbrooke), annoncent des agrandissements de leurs installations. Enfin, Amphitech International, une microentreprise, créera 10 emplois afin de développer un système de détection radar pour hélicoptère et recevra à cette fin une aide financière du gouvernement du Québec. Au total, ces développements coûteront 60 millions $ et devraient créer 190 emplois.

Ces nouveaux développements sont de bon augure pour une industrie aéronautique déjà très dynamique. On y dénombre environ 40 000 emplois, un nombre qui s'accroît en moyenne de 1000 à 1500 à chaque année, un rythme qui semble s'accélérer. Ce dynamisme pose un défi pour les institutions collégiales et universitaires qui forment cette main-d'œuvre spécialisée. Les besoins en main-d'œuvre ont pu être satisfaits jusqu'à maintenant, grâce entre autres à l'action du Centre d'adaptation de la main-d'œuvre aérospatiale du Québec (CAMAQ), un organisme de concertation impliquant les syndicats, les employeurs et les gouvernements. Des inquiétudes subsistent toutefois sur la capacité de l'industrie québécoise à maintenir les standards de productivité et de qualité requis par une production dont le niveau technologique ne cesse de progresser. Ces inquiétudes sont alimentées par le développement, à Plattsburg (État de New York) de filiales d'entreprises québécoises attirées par Bombardier et Pratt & Whitney qui y possèdent des installations. Le libre-échange aidant, Plattsburg aurait déjà les allures d'une banlieue industrielle de Montréal.

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***** ADF, UN DRAGON FRINGANT

Au dragon forgé (ADF), c'est l'histoire édifiante de cet immigrant italien qui, à défaut de trouver un emploi satisfaisant dans son métier, lance sa propre entreprise en 1956, dans la banlieue de Montréal. Il la nomme Au dragon forgé en souvenir de la première pièce qu'il avait produite durant ses années d'apprentissage en Italie. Passée sous la direction des enfants du fondateur en 1980, ADF est devenue un important groupe industriel qui chapeaute 14 filiales et dont les activités s'étendent à toute l'Amérique du Nord.

ADF acquiert une belle réputation et connaît une croissance remarquable. En 1980, l'entreprise compte 55 employés et génère un chiffre d'affaires d'un million de dollars, produisant alors une gamme illimitée d'objets de métal forgé : objets de piété et de décoration intérieure et extérieure, meubles, rampes d'escalier et décoration de salons funéraires. Jacques Paschini, âgé de 55 ans, décide alors de confier l'entreprise à ses enfants pour se consacrer à des travaux d'artisanat.

Sous la gouverne des deux fils, Jean, dessinateur industriel, et Pierre, ingénieur, devenus respectivement président et vice-président, ADF se lance dans la production de superstructures métalliques. Sans abandonner le métal forgé, l'entreprise se lance dans des produits de plus en plus complexes.

En 1992, le chiffre d'affaires atteint les 8 millions $. L'entreprise se tourne alors vers les marchés extérieurs, une initiative que facilite l'Accord de libre échange canado-américain fraîchement signé. Elle ouvre un bureau en Floride et tire profit des possibilités d'affaires créées par l'ouragan Andrew. Deux ans plus tard, ADF construit une usine à Coral Spring (Floride) puis, en 1997, une autre est construite au Québec, à Terrebonne. C'est cette usine qui, cette année, sera agrandie au coût de 24 millions $.

ADF connaît une croissance rapide. En 1998, elle participe au sauvetage de l'usine de la Dominion Bridge à Lachine, en banlieue de Montréal. Pour ce faire, elle s'associe au Fonds de solidarité de la FTQ, un fonds de capital de risque contrôlé par une centrale syndicale qui a fait sa marque dans la relance d'entreprises en difficulté.

En 1999, ADF est inscrite en bourse devenant ainsi une entreprise publique. La famille Paschini conserve toutefois 67 % de la propriété. Le Fonds de solidarité FTQ détient une participation de 10 %. Des associations d'affaires ont aussi été développées avec d'autres entreprises québécoises spécialisées dans les produits d'acier. ADF s'est associé tout récemment avec Canam Manac dans Boulons Amcan, établie à Saint-Bruno (Québec) et à Coral Spring (Floride). Canam Manac est elle-même associée à Acier Leroux, qui vient de construire une usine à Terrebonne, voisine de la nouvelle usine d'ADF.

Le groupe ADF se présente comme un chef de file dans les superstructures métalliques à haute teneur technologique. Il emploie près de 1000 personnes, dont 120 ingénieurs et dessinateurs. Son chiffre d'affaires dépassera les 300 millions $ dès cette année. Le groupe a décroché, en juillet dernier, le plus important contrat de son histoire, d'une valeur de 109 millions $, pour le projet de Columbus Center à New York, développement immobilier qui comprend deux tours de 55 étages, un hôtel de 8 étages et la salle de spectacles de jazz du Lincoln Center. Celui-ci s'ajoute à une demi-douzaine d'autres contrats obtenus plus tôt cette année dans cette même ville et totalisant 107 millions $. En ce moment, 85 % du chiffre d'affaires de l'entreprise est réalisé aux États-Unis, 13 % au Canada et seulement 2 % dans d'autres pays. D'ici cinq ans, la direction compte porter cette part à 20 %.

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***** BOMBARDIER ACQUIERT ADTRANZ

Le dynamisme de Bombardier se manifeste non seulement en aéronautique mais aussi dans le domaine du transport ferroviaire. Avec l'acquisition d'Adtranz, la division ferroviaire de Daimler Chrysler AG, Bombardier devient le premier producteur mondial de wagons et de locomotives.

La transaction de 1,1 milliard $, un coût jugé avantageux pour Bombardier, a été bien accueillie par les analystes en raison de la complémentarité des deux entreprises. Elle apportera à Bombardier une expertise de premier plan dans la contruction des locomotives électriques. Bombardier apporte à Adtranz, déficitaire depuis 1996, sa compétence en matière de redressement d'entreprises en difficulté. La croissance de Bombardier s'est édifiée partiellement grâce à l'acquisition à bon compte d'entreprises en difficulté et à leur intégration réussie dans ses programmes de production. Cette dernière acquisition ajoutera 22 000 employés aux effectifs globaux de l'entreprise qui s'établiront à 78 000. Comparativement, il y a six ans, Bombardier ne comptait que 30 000 personnes à son emploi.

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***** LES PÂTES ET PAPIERS : LA RATIONALISATION SE POURSUIT

La restructuration de l’industrie des pâtes et papiers amorcée depuis quelques années se poursuit sous deux formes : la concentration et la réduction des coûts. L’industrie québécoise n’échappe pas à ce mouvement.

Déjà en octobre dernier, la compagnie Abitibi-Consol annonçait la fermeture de son usine située à Chandler en Gaspésie. Cettte annonce avait semé la consternation dans la région. La Gaspésie souffre d’un retard économique chronique par rapport au reste du Québec et l’usine de Chandler était le plus important employeur industriel de la région. Les installations ont été mises en vente, mais l’acheteur doit s'engager à ne pas produire de papier journal. Les démarches pour la relance de l’usine se sont poursuivies dans un climat de fébrilité depuis le début de l’année et elles ont finalement connu un dénouement favorable. À l'été, Abitibi-Consol a fait savoir qu’elle acceptait l’offre de 35 millions $ présentée conjointement par le Fonds de solidarité FTQ et SNC-Lavalin. Le consortium envisage des investissements de 420 millions $ pour moderniser l’usine en vue de fabriquer du papier pour le marché des magazines. L’usine emploiera 250 travailleurs. Les acheteurs comptent solliciter une aide gouvernementale pour le financement des travaux. Le budget du Québec comporte un fonds spécial, doté de 250 millions $ pour le présent exercice, visant à supporter des usines de pâtes et papier moins productives.

Abitibi-Consol a aussi annoncé au cours de l’été la fermeture d’une des cinq machines de l’usine Wayagamak de Trois-Rivières. Elle a même fait part de son intention de se départir de l’usine. Cette décision s’inscrit dans le cadre des mesures de rationalisation consécutives à l’acquisition de Donohue en début d’année. Un acheteur s’est montré intéressé. Il s’agit de Kruger qui possède déjà une usine à Trois-Rivières et voit des possibilités de synergie avec l’usine Wayagamak. Les pourparlers seraient très avancés.

Le sort de l’usine Tripap, située aussi à Trois-Rivières, est plus inquiétant. Cette usine a été relancée en 1993 à la suite d’une fermeture décrétée par ses anciens propriétaires. Le groupe Uniforêt, qui en était propriétaire depuis sa relance, avec la participation du Fonds de solidarité FTQ, vient d’annoncer la fermeture de l’usine. Des appels ont été lancés au ministre de l’Économie et des Finances qui a cette fois laissé peu d’espoir aux intéressés, compte tenu du délabrement des installations.

Pendant ce temps, Domtar, le second producteur en importance au Québec, annonçait l’acquisition de Riis Paper, un important distributeur américain de papier d’impression et de papier d’affaires. Cette acquisition fournira à la papetière québécoise de nouveaux débouchés pour ses produits et la possibilité de nouvelles associations stratégiques sur les marchés américains.

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***** LA CAISSE DE DÉPÔT EN ÉGYPTE ET EN ISRAËL

La Caisse de dépôt et placement du Québec, créée en 1965 par le gouvernement du Québec pour gérer les fonds de retraite des employés du secteur public, dispose d'un actif qui dépasse les 100 milliards $. Surtout présente en Amérique du Nord, elle travaille à développer ses activités sur les autres continents où ses investissements atteignent 1,5 milliard $.

Déjà présente en Asie, notamment en Corée et en Asie du Sud-Est, elle annonçait, au début de septembre, son arrivée en Égypte et en Israël.

En Égypte, elle s'est jointe à l'important gestionnaire de fonds Concord International Investment Group pour créer un nouveau fonds, le CDP-Concord Egyptian Direct Investment Fund. En Israël, la Caisse s'est associée avec Spring Pension Fund Management. Dans les deux cas, il s'agit de faire bénéficier le partenaire de son expertise de gestionnaire de fonds et, en retour, de bénéficier de l'expertise de son partenaire sur son territoire pour y faire des investissements qui leur seront mutuellement profitables.

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***** PRODUCTION DE MAGNÉSIUM À L'USINE DE MAGNOLA

La dernière étape du processus de production du magnésium a été mise en marche au cours du mois de juillet à l'usine de Métallurgie Magnola, à Danville, dans les Cantons de l'Est. L'usine construite par le groupe Noranda, avec une participation de 20 % de la Société générale de financement, a une capacité de production de 63 000 tonnes et sera le plus important producteur de magnésium au monde lorsqu'elle fonctionnera à pleine capacité, fournissant alors 17 % de la demande mondiale. La cadence de production sera augmentée progressivement et n'atteindra le plein régime qu'à la fin de 2001. Le Québec, qui héberge déjà l'usine de magnésium de Norsk Hydro, à Bécancour, deviendra ainsi le premier fournisseur mondial de ce métal dont la demande est en forte croissance.

Quatre seulement des 24 cellules d'électrolyse ont été mises en opération de façon à faciliter le rodage des équipements. Le démarrage pose plus de problèmes que prévu. Une explosion dans une cellule d'électrolyse a même provoqué un incendie à la mi-août. Cet incident ainsi qu'un débordement accidentel d'acide chlorhydrique survenu quelques jours auparavant sont de nature à alimenter les craintes des militants environnementaux. Ceux-ci avaient déjà attiré l'attention du public sur les risques que présente le procédé au chlore pour l'industrie agroalimentaire de la région. Le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a refusé d'autoriser le projet. La compagnie a quand même reçu le feu vert du ministère de l'Environnement, assorti de conditions jugées sévères. La direction de la compagnie se fait rassurante à cet égard, affirmant que les dispositifs de contrôle sophistiqués dont l'usine est pourvue représentent 10 % des coûts de construction.

La compagnie a signé récemment un protocole d'entente avec l'Union des producteurs agricoles (UPA) pour bien contrôler les effets sur les principales productions animales. Le protocole prévoit des prélèvements systématiques sur les produits laitiers et les animaux de boucherie. Ils seront effectués par le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, selon un procédé d'échantillonnage établi par un groupe d'experts indépendants.

Le magnésium est utilisé comme alliage par les alumineries et de plus en plus par l'industrie automobile. C'est ce marché que Métallurgie Magnola cible particulièrement. La part du magnésium dans la construction d'une automobile devrait passer de 8 % qu'elle est aujourd'hui à 26 % d'ici dix ans. Une petite entreprise du parc technologique de Québec entend bien profiter de ce nouveau marché. Intermag technologie a déjà une large gamme de produits à base de magnésium et envisage de développer des pièces d'automobiles. Elle fabrique déjà des tableaux de bord pour GM, Chrysler, Fiat et Jaguar. Elle a aussi produit des jantes de roue pour un coureur de Formule 1 et envisage une spécialisation dans les pièces de véhicules de haute performance.

Le magnésium est produit à partir de la serpentine, ce résidu des mines d'amiante qui s'est accumulé en quantités énormes autour des sites miniers de la région. Le procédé de production comporte deux étapes. La première étape permet d'obtenir un sel de magnésium par traitement de la serpentine à l'acide chlorhydrique. Le sel est ensuite traité par électrolyse pour obtenir le magnésium. C'est le démarrage de la seconde étape qui s'est effectué en juillet.

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***** MONTRÉAL, UNE VILLE EN PLEIN ESSOR

Le développement fulgurant que connaît actuellement Montréal est en voie d'être reconnu à l'étranger. Déjà en 1998, la revue française La Recherche déclarait Montréal comme étant "la première ville nord-américaine en densité d'emplois technologiques". Au cours des derniers mois, la presse américaine a parlé de Montréal avec enthousiasme. En décembre 1999, Montréal faisait la une de la section Affaires de la revue USA Today. Le 25 avril 2000, le Washington Post expliquait comment Montréal, après un long déclin, a rebondi ("Montreal Springs Back") grâce à sa main-d'oeuvre de grande qualité, stable et loyale, grâce à la qualité de la vie et à son coût peu élevé. Le 6 mai, le New York Times faisait de même ("City Booms Back Into Its Own") soulignant l'augmentation du tourisme et de la construction, la multiplication des centres de recherche, l'attrait de ses institutions d'enseignement supérieur, son industrie de haute technologie florissante. Enfin, l'édition de juin de la revue Wired, qui fait autorité pour tout ce qui touche les technologies de pointe, fait l'éloge de Montréal qui se classe parmi les grandes technopoles du monde.

Que s'est-il donc passé ? Pour bien le comprendre, il faudrait, encore une fois, remonter aux débuts du Québec moderne, à la Révolution tranquille des années 1960. Il faudrait décrire comment Montréal a été éprouvé, comme tout l'Est de l'Amérique du Nord, par le déplacement vers l'Ouest du continent de centres économiques et industriels, par le déclin des industries traditionnelles et par les crises économiques du début des années 1980 et du début des années 1990. Il faudrait ensuite dire comment le Québec a pris le contrôle de ses ressources naturelles, a développé des industries de transformation, est devenu un leader mondial en ingénierie, et comment il s'est préparé à prendre le virage de la mondialisation et de l'économie du savoir. Car c'est dans ce contexte que l'on peut comprendre le développement actuel de Montréal.

Des secteurs qui ne sont pas nouveaux pour Montréal connaissent une progression importante, comme le tourisme, ou un renouveau, comme l'industrie du textile et de la mode. Montréal attire un nombre toujours grandissant de touristes : tourisme culturel, tourisme de loisir, tourisme d'affaires et congrès internationaux. Dans ce cas, Montréal se classe parmi les cinq villes les plus populaires en Amérique du Nord. C'est pourquoi son Centre des congrès procède à un agrandissement majeur qui doublera sa capacité d'accueil : un projet de 250 M $. Tout près de ce Centre des congrès, le Quartier international prend forme; l'OACI (Organisation de l'aviation civile internationale) y occupe déjà son nouvel immeuble.

L'aéronautique et l'aérospatiale

La haute technologie s'illustre d'abord dans le secteur de l'aéronautique et de l'aérospatiale. Bombardier Aérospatiale, avec ses avions de transport régional, est devenu le troisième plus important constructeur d'aéronefs au monde. Bell helicopter Textron et ses hélicoptères, CAE Électronique et ses simulateurs de vol, Pratt & Whitney et Rolls-Royce et leurs moteurs d'avion sont aussi des chefs de file à Montréal et dans le monde. Il faut aussi souligner la présence des grands fabriquants d'équipements que sont Allied Signal, EMS, Héroux, Lockheed Martin, Marconi et Messier-Dowty ainsi que les quelque 250 entreprises de sous-traitance. Ces entreprises, disséminées dans la grande région de Montréal, font travailler près de 40 000 personnes.

Le secteur pharmaceutique et des biotechnologies

Le secteur pharmaceutique et des biotechnologies constitue une autre force de l'économie de Montréal. Il compte au-delà de 15 000 emplois. Les grandes multinationales pharmaceutiques y font de la recherche fondamentale et de la recherche clinique : Abbott, Astra Zeneca, Biochem Pharma, Bristol-Myers Squibb, Novartis Pharma, Merck Frost, Wyeth-Ayerst et plus de 200 autres. S'y ajoutent une centaine d'entreprises du secteur des biotechnologies, spécialisées en santé humaine et animale, en produits agricoles et en environnement. En janvier dernier, une étude de l'économiste Pierre-Paul Proulx recommandait au gouvernement du Québec d'accorder la priorité au développement de ce secteur d'avenir.

Les technologies de l'information

Le secteur des technologies de l'information constitue le nouveau pôle de l'économie montréalaise. Son développement est tel que les emplois se créent par milliers. Ils totaliseraient déjà 70 000. Il s'agit de 2500 entreprises qui oeuvrent dans les télécommunications (Nortel Networks, Ericsson), en informatique (Alis Technologies, Groupe CGI), qui créent des composants électroniques (IBM, Visasystems) ou des produits multimédia (Softimage, Discreet Logic) et offrent des services Internet. Plus de 80 % des logiciels d'animation et d'effets spéciaux produits dans le monde le sont à Montréal. Ce secteur s'est développé rapidement grâce à plusieurs facteurs. Mentionnons entre autres une main-d'oeuvre bien formée et créative, des mesures fiscales attrayantes pour la R-D de la part du gouvernement du Québec, du capital de risque disponible et bien avisé.

Des mesures spécifiques ont aussi été adoptées. En septembre 1998, le gouvernement du Québec créait, au coeur du Vieux-Montréal, la Cité du multimédia. Il s'agissait de concentrer dans un même périmètre les entreprises oeuvrant dans le multimédia afin de créer une synergie. On prévoyait la création de 10 000 emplois en 10 ans. L'objectif est pratiquement atteint après deux ans seulement. Et les dix phases prévues de la Cité du multimédia ne seront complétées qu'à la fin de 2001.

Aussi le gouvernement a-t-il récidivé dans un autre domaine des technologies de l'information en créant une Cité du commerce électronique. Le vice-premier ministre et ministre des Finances du Québec, Bernard Landry, en a fait l'annonce le 11 mai 2000. Cette Cité du commerce électronique sera également située dans le Vieux-Montréal, à proximité de la Cité du multimédia. Sa construction doit débuter au début de l'an 2001. L'objectif visé est de créer, en dix ans, 20 000 nouveaux emplois. Deux importants joueurs de ce secteur ont déjà annoncé leur intention de s'y installer : Nasdaq et CGI.

Montréal est donc devenu un immense chantier de construction et le restera pour plusieurs années à venir. Cette croissance de Montréal n'est pas sans causer de problèmes à son réseau routier et à son réseau de transport en commun. Aussi le gouvernement du Québec a-t-il annoncé, à la mi-avril, un plan de gestion des déplacements dont la réalisation s'échelonnera sur les dix prochaines années et amènera des déboursés de quelque 6 milliards $ : réfection de routes, de ponts et d'échangeurs, prolongement des lignes de métro (douze nouvelles stations), prolongement d'autoroutes, création d'un train de banlieue.

Réorganisation municipale

La grande région de Montréal (l'île de Montréal, la ville de Laval, la couronne Nord et la rive Sud) constitue bien une grande conurbation, mais elle est actuellement administrée par 105 municipalités distinctes. L'île de Montréal à elle seule en compte 28. Depuis longtemps, plusieurs leaders sont conscients de la nécessité d'organiser cet ensemble de façon plus cohérente et plus efficace et de s'assurer d'une répartition équitable des services et des coûts. Mais l'esprit de clocher résiste. Dans les années 1960, le maire Jean Drapeau avait émis l'idée que l'île de Montréal devrait être administrée par une seule structure municipale, constituer une seul ville : "Une île, une ville !" était son slogan. Pour faire avancer les choses, il y eut le comité Hanigan en 1974, le groupe Pichette en 1993, mais rien n'a bougé.

Toutefois, depuis deux ans, le gouvernement du Québec a décidé de prendre les choses en main. Par ailleurs, le maire Pierre Bourque a repris l'idée de son prédécesseur, "Une île, une ville !", et cette fois pourrait bien être la bonne. En 1999, la Commission Bédard a formulé des recommandations pour la réorganisation de toute la grande région de Montréal. À la suite de nombreuses consultations, la ministre de la Métropole et des Affaires municipales, Louise Harel, a rendu public, le 25 avril dernier, un Livre blanc sur la réorganisation municipale au Québec où elle précise ses orientations. Pour concrétiser ce projet, elle a nommé Louis Bernard. Celui-ci rencontre les maires de toutes les municipalités concernées et doit déposer son rapport à la fin de septembre. Il est pratiquement certain que, malgré les oppositions, il y aura des fusions. Mais combien de villes comptera la grande région de Montréal lorsque la réforme sera complétée ? Il est trop tôt pour le dire. Entre-temps, le projet de loi créant la nouvelle Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a été déposé à l'Assemblée nationale le 2 juin. La CMM pourrait voir le jour dès le premier janvier 2001.

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***** NOUVELLES ÉCONOMIQUES

Le taux de chômage demeure stable

Après avoir atteint, en décembre 1999, son taux le plus bas des 25 dernières années, à 8,1 %, le taux de chômage à connu de légères variations au cours du printemps et de l'été, pour s'établir à 8,4 % au mois d'août. Il avait atteint 8,8 % en juillet, faisant craindre un mouvement à la hausse influencé par la conjoncture américaine. Le chômage avait enregistré une hausse aux États-Unis, passant de 3,9 % en avril à 4,1 % en mai.

Les prévisions de croissance

La révision de mi-année des prévisions de la croissance économique pour l'année 2000 semble confirmer les pronostics formulés en début d'année. C'est du moins ce que révèlent la Caisse de dépôt et placement et la Banque Toronto-Dominion (TD), les deux premières institutions à faire connaître leurs plus récentes lectures des indicateurs conjoncturels. Le Québec connaîtra cette année une croissance de son PIB de 4,0 % (4,1 % selon la Caisse), soit sa meilleure performance des dix dernières années. En 1999, le PIB a cru de 3,8 %. Pour la Banque TD, c'est le dynamisme de l'économie montréalaise qui est en grande partie responsable de cette performance. L'emploi a cru de 5,6 % à Montréal au cours des cinq premiers mois de l'année 2000, abaissant le taux de chômage à 7,7 %, soit la moitié de son taux record de 14,3 % atteint en 1993.

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***** INDICATEURS ÉCONOMIQUES

Le taux d'escompte

La Banque du Canada a haussé son taux d'escompte d'un demi point de pourcentage, le faisant passer de 5,5 % à 6 % au cours des quatre derniers mois, soit du premier mai au 31 août.

Le dollar canadien

La valeur du dollar canadien exprimé en devises américaines (US) a légèrement fléchi à 67,38 ¢ US à la fin d'août 2000 depuis son niveau de 67,87 ¢ US quatre mois plus tôt. Il a oscillé entre 66,58 ¢ et 68,10 ¢ au cours de la période.