QUÉBEC Info
AUTOMNE 2000
SOCIÉTÉ
***** LA JUSTICE : CRIMES ET ... CHÂTIMENTS OU RÉHABILITATION ?
À l'été, deux rencontres internationales, le Colloque international de criminologie et le Symposium international de victimologie, la publication par Statistique Canada d'une étude sur l'évolution de la criminalité et le dépôt au Parlement d'Ottawa du projet de loi C-3 sur Le système de justice pénale pour les adolescents ont alimenté un large débat sur l'orientation à donner à l'administration de la justice.
Quelques données
Selon les données recueillies par Statistique Canada, le taux de criminalité au Québec a chuté de 7,5 % en 1999, la meilleure performance de toutes les provinces. Pour l'ensemble du Canada, la baisse enregistrée est de 5 % et le taux de criminalité est à son plus bas niveau depuis 20 ans.
À la mi-août, le colloque de l'Association internationale des criminologues de langue française avait lieu au Québec pour la première fois de son histoire. Quelque 180 spécialistes du monde francophone étaient réunis à Montréal. Le professeur Pierre Landreville, de l'École de criminologie de l'Université de Montréal, a eu l'occasion d'y discuter de la question du vieillissement de la population carcérale.
Il s'agit d'un phénomène particulièrement remarquable au Québec où on dénote, depuis 25 ans, un net renversement de la tendance. En 1975, 60 % des admissions dans les pénitenciers étaient le fait de jeunes de moins de 25 ans tandis que les admis de plus de 35 ans ne comptaient que pour 13 %. Aujourd'hui, la situation est tout autre. Les jeunes ne font plus que 18 % des nouveaux admis comparativement à 47 % pour les plus âgés. En l'an 2000, les jeunes ne représentent que 10 % de la population carcérale.
Quelques hypothèses expliqueraient ce phénomène : la baisse relative du nombre de jeunes dans la population en général, le vieillissement de la société, l'imposition de peines de plus longue durée sauf dans le cas de jeunes délinquants qui bénéficient de mesures de réhabilitation et le recours à des solutions de rechange à l'incarcération.
L'approche du Québec
À ce sujet, le Québec se démarque de l'administration de la justice dans le reste du Canada. En effet, les peines avec sursis, celles que les délinquants purgent dans la collectivité, les peines de travaux communautaires sont plus fréquentes qu'ailleurs au Canada. Ainsi un rapport du ministère canadien de la Justice dénote que, pour une période de trois ans, sur les 42 941 peines avec sursis imposées au Canada, 12 690 ordonnances ont été prononcées au Québec. Au Québec, on a donc une conception différente de l'administration de la justice, privilégiant la réhabilitation et la réinsertion sociale plutôt que l'emprisonnement.
C'est particulièrement le cas envers les jeunes délinquants qui bénéficient de programmes positifs de justice préventive dont l'objectif est de les inclure de façon responsable dans la société. C'est l'expression d'une confiance lucide envers la jeunesse québécoise. "Cette façon de faire, dit le ministre délégué à la Protection de la jeunesse du Québec, Gilles Baril, reflète un parti pris humaniste où la personne est placée au coeur du développement de la communauté". Avec son approche "individualisée", le Québec a non seulement le taux d'emprisonnement mais aussi le taux de criminalité le plus bas au Canada.
Toutefois, l'approche québécoise est remise en question par la ministre fédérale de la Justice, Ann McLellan, qui a déposé au Parlement d'Ottawa le projet de loi C-3 intitulé Loi sur le système de justice pénale pour les adolescents. (Note: il importe de savoir que le Code pénal relève du gouvernement du Canada alors que le Code civil relève du gouvernement du Québec. Les deux sont appliqués par tous les corps policiers qu'ils soient fédéraux, provinciaux ou municipaux. Les prisons pour des peines de moins de deux ans sont provinciales alors que les pénitenciers pour des peines de deux ans et plus sont fédéraux). Ce projet de loi, inspiré d'un courant de pensée qui a cours au Canada anglais, particulièrement dans l'Ouest du pays, privilégie une approche répressive à l'égard des jeunes contrevenants plutôt que l'approche rééducative. Aussi, le gouvernement du Québec et toutes les instances concernées par l'administration de la justice mettant en cause la jeunesse québécoise s'opposent-ils à ce projet de réforme de la Loi sur les jeunes contrevenants. Comme l'explique le ministre québécois Gilles Baril, "deux visions de la société s'affrontent, deux conceptions du rôle de l'État également". Il faut choisir "entre la bureaucratisation de la justice pénale et la réadaptation sociale, entre la coercition et l'accompagnement, entre la punition et la guérison".
Et les victimes ?
Cette approche québécoise a aussi été remarquée par les participants au Symposium international de victimologie, tenu à Montréal à la mi-juillet. Organisé par l'Association québécoise Plaidoyer-Victimes, il réunissait plus de 1200 personnes venues de tous les coins du globe, qu'ils soient intervenants, chercheurs, législateurs ou victimes. L'idée de reconnaître la responsabilité de l'État et de toute la société à l'égard des victimes d'actes criminels est relativement récente. Elle remonte au début des années 1960. À l'époque, il n'existait aucune instance administrative ou caritative capable de prendre en charge les victimes, de les écouter, de les aider financièrement et psychologiquement, de les assister dans leurs démarches auprès de la justice. À la suite de la Nouvelle-Zélande puis de la Grande-Bretagne, la plupart des gouvernements des pays occidentaux se sont dotés de politiques en matière de droits et de services aux victimes d'actes criminels.
Le Québec a lui aussi sa législation prévoyant l'indemnisation des victimes et plusieurs associations se sont formées pour venir en aide aux victimes d'actes criminels, leur donner des services spécialisés et les assister dans leur cheminement.
Dans sa communication, le professeur André Normandeau de l'Institut de criminologie de l'Université de Montréal a souligné l'apport du mouvement féministe à la reconnaissance par l'État et par la société de leur responsabilité à l'égard des victimes d'actes criminels. Pour aller plus avant, selon lui, il y a lieu de proposer "une nouvelle philosophie et de nouvelles pratiques que l'on appelle depuis peu la justice réparatrice. Cette philosophie (...) est axée sur la médiation, la réconciliation, la guérison de la victime et du délinquant plutôt que sur le châtiment".
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***** LE QUÉBEC : SA MÉTROPOLE, MONTRÉAL
La ville de Montréal
C'est le Sieur Paul de Chomedey de Maisonneuve qui fonda Montréal le 18 mai 1642 et lui donna le nom de Ville-Marie. Les Iroquois auraient nommé ce site Hochelaga, selon Jacques-Cartier, qui donna lui-même le nom de Mont-Royal à la montagne qui domine l'île. Au début du XVIIe siècle, le nom de Montréal supplanta celui de Ville-Marie.
La ville de Montréal constitue la principale municipalité de l'île de Montréal. Elle compte un million d'habitants. Son territoire couvre 177 km².
Deux événements internationaux ont marqué l'histoire récente de Montréal : l'Exposition universelle de 1967 et les Jeux Olympiques de 1976. Montréal est le siège de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
L'île de Montréal
Située à la confluence du fleuve Saint-Laurent et de la rivière des Outaouais, l'île de Montréal constitue le coeur de l'archipel d'Hochelaga qui compte plus de 300 îles. Elle est longue de 48 km et mesure 16 km dans sa plus grande largeur. Son territoire s'étend sur 494 km². Elle compte 1 800 000 habitants.
L'île de Montréal est divisée en 28 municipalités regroupées au sein de la Communauté urbaine de Montréal qui administre, entre autres, les services de transport en commun et les services de la police.
La Région métropolitaine de Montréal
En raison de l'important développement du territoire qui borde le fleuve Saint-Laurent, au sud de Montréal, et du territoire qui s'étend au nord de l'île de Montréal, l'on désigne cette conurbation du nom de Région métropolitaine de Montréal. Cette région administrative compte 3 328 000 habitants.
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***** UN QUÉBÉCOIS À LA DIRECTION DE L'OBSERVATOIRE GEMINI D'HAWAÏ
Jean-René Roy, professeur à l'Université Laval, a été choisi pour diriger le télescope nord de l'observatoire Gemini situé au sommet du mont Mauna Kea, à Hawaï. Il y dirigera une équipe internationale de 17 astronomes. L'observatoire Gemini comprend aussi un télescope sud situé sur le mont Cerro Pachon, au Chili. Il s'agit des plus puissants télescopes au monde et les premiers à fonctionner avec la lumière infrarouge. L'observatoire Gemini a fait l'objet d'un projet international auquel ont participé l'Argentine, l'Australie, le Canada, le Chili, la Grande-Bretagne et les États-Unis.
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***** HENRI BERGERON NOUS A QUITTÉS
Le 10 août dernier, Henri Bergeron, un des pionniers de l'association QUÉBEC DANS LE MONDE, s'éteignait, à Montréal, à l'âge de 75 ans. Il a été l'un des grands de la radio et de la télévision canadiennes et il a fait siennes la défense et l'illustration de la langue française. Né au Manitoba, il a fréquenté l'école de son village où l'enseignement n'était dispensé qu'en anglais malgré le fait que c'était un milieu francophone. Seul le petit catéchisme, enseigné en français, faisait exception à la règle de l'anglicisation alors en vigueur dans les provinces anglaises du Canada.
Henri Bergeron a connu une carrière exceptionnelle dans le monde de la communication. Il a été le premier annonceur de la radio française de l'Ouest canadien, en 1946, à la station CKSB de Saint-Boniface. Après un séjour à l'Office national du film, il est entré au service de Radio-Canada et est devenu ainsi, en 1952, le premier animateur de la télévision naissante. Il y est resté jusqu'à sa retraite en 1985.
Sa passion du mot juste, une diction parfaite et une belle voix grave l'ont consacré "la référence" pour les annonceurs et animateurs de la radio et de la télévision publiques. Il a exercé une influence considérable dans la population pour l'amélioration de la qualité de la langue. C'est ce que le Conseil de la langue française du Québec a reconnu, en 1989, en lui décernant les insignes de l'Ordre des francophones d'Amérique. En 1992, il a publié son autobiographie, Un bavard se tait ... pour écrire.
Lorsque des personnes passionnées par la langue française et le Québec ont projeté de fonder une association, c'est vers Henri Bergeron qu'elles se sont tournées. Le communicateur modèle et respecté est ainsi devenu le premier président de l'association QUÉBEC DANS LE MONDE. Tous les membres et sympatisants en garderont un souvenir reconnaissant et ému.
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***** SÉBASTIEN LAREAU
Le joueur de tennis québécois, Sébastien Lareau, âgé de 28 ans, connaît une excellente saison. Aux Internationaux de tennis de Toronto, le 2 août dernier, il a battu, en simple, le champion en titre de Roland-Garros, le Brésilien Gustavo Kuerten. Puis, quatre jours plus tard, avec le Torontois Daniel Nestor, il a remporté le championnat du double contre le duo australien Joshua Eagle et Andrew Florent, 6-3 et 7-6 (7-3).
Peu de tenps auparavant, le 23 juillet, à Montréal, dans une compétition de la coupe Davis, Lareau assurait la victoire du Canada contre l'Argentine en gagnant 6-3, 6-4, 4-6, 2-6 et 6-4 contre Juan Ignacio Chela. Un match de 2 heures et 20 minutes. Avant ce match décisif, l'Argentine et le Canada étaient à égalité.
Mais c'est en double qu'il a connu les plus beaux succès depuis le début de sa carrière. Déjà en 1990, jouant chez les juniors, il a remporté, avec Sébastien LeBlanc, deux tournois du Grand Chelem (Roland-Garros Jr et Wimbledon Jr), une première pour des athlètes canadiens. En 1999, avec l'Américain Alex O'Brien, il remporte le championnat du US Open, devenant le premier Canadien à remporter un titre du Grand Chelem. Enfin, aux Jeux olympiques de Sydney, il remporte la médaille d'or en double avec Daniel Nestor.
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***** TOURNOI DE TENNIS FÉMININ
Du 11 au 20 août avait lieu à Montréal, comme à tous les deux ans, le tournoi de tennis féminin le plus prisé du public et des joueuses. Cela exclut, bien sûr, les quatre tournois du Grand Chelem qui durent deux semaines et mettent en compétition tant les femmes que les hommes. Autrement, c'est Montréal qui remporte la palme, battant d'une fois à l'autre les records d'assistance de tous les temps : 144 062 spectateurs en 1998 et 157 236 en l'an 2000, soit 10 500 personnes par jour, dix journées d'affilée !
Pour ce qui est des joueuses, ce semble être aussi leur tournoi préféré, non seulement si on se fie à leurs éloges du tournoi, mais aussi du fait que, cet été, 16 des 20 meilleures joueuses au monde y étaient présentes. Les joueuses apprécient le grand nombre d'amateurs qui s'y rendent et leur enthousiasme, l'atmosphère à la fois sécuritaire, convivial et sophistiqué de Montréal et l'attention que porte à chaque joueuse l'organisation du tournoi, son président Richard Legendre et ses quelque 900 bénévoles.
Le parc Jarry où se déroulent ces tournois avait d'abord été conçu comme stade de baseball. Converti en stade de tennis il y a plus de vingt ans, il a été entièrement rénové en 1996. Depuis lors, il remporte succès après succès.
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***** MAURICE RICHARD
Maurice Richard (1921-2000) est décédé à Montréal le 27 mai. Plus que tout autre, Maurice Rocket Richard a personnifié le hockey. Sa carrière de joueur professionnel s'est entièrement déroulée à Montréal, au sein du club Canadien avec lequel il a remporté huit championnats annuels (la coupe Stanley), dont cinq de façon consécutive, de 1956 à 1960. Parmi les nombreux records qu'il a établi, mentionnons celui de la saison 1944-1945 alors qu'il marquait 50 buts en 50 matchs.
En plus de ses exploits, sa personnalité simple et attachante, la fougue et le panache avec lesquels il jouait chaque minute du temps de glace qu'on lui offrait en ont fait très tôt un héros, sa carrière devenant légendaire. Aussi a-t-il eu droit, le 31 mai dernier, à des funérailles d'État en la basilique Notre-Dame de Montréal. Des milliers d'admirateurs sont venus lui rendre hommage.