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AUTOMNE 2001
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***** LES ORPHELINS DE DUPLESSIS
Après une longue bataille médiatique, les pupilles de l’État qui, dans les années 1940 à 1960, ont été internés dans les institutions psychiatriques sans raisons valables – étant faussement étiquetés déficients mentaux – ont enfin eu gain de cause. Afin de réparer les torts dont ils ont été victimes, le gouvernement du Québec a d’abord présenté des excuses officielles, le 5 mars 1999, dans le cadre d’une déclaration ministérielle lue par le Premier ministre d’alors, Lucien Bouchard. Cette déclaration annonçait la création d’un fonds de 3 millions $, précisant que le gouvernement avait opté pour une démarche d’accompagnement et de soutien plutôt que de verser des indemnités individuelles.
Mais pour les orphelins de Duplessis, comme ils se désignent eux-mêmes du nom du Premier ministre de l’époque, le geste ne répondait que partiellement à leur attente. Ils voulaient obtenir en plus une compensation monétaire individuelle de 50 000 $, des excuses de la part de l’Église catholique et des communautés religieuses qui administraient les institutions ainsi que la révision de leurs dossiers médicaux. Ils avaient, en cela, obtenu l’appui du Protecteur du citoyen et d’une large portion de l’opinion publique. Après les excuses officielles, la lutte s’est donc intensifiée.
L’Église, pour sa part, alors mandataire de l’État, n’a pas reconnu sa responsabilité et se refuse toujours à présenter des excuses et à demander pardon pour les sévices subis par ses jeunes protégés. Quant à la révision des dossiers médicaux, le Collège des médecins n’a pas donné signe d’ouverture.
Programme de réconciliation nationale
Le Premier ministre Bernard Landry s’est montré, quant à lui, plus sensible au bien-fondé des demandes des 1500 personnes représentées par le Comité des orphelins de Duplessis. Il leur a proposé un règlement global désigné sous le nom de Programme de réconciliation nationale. Il s’agit d’un règlement en trois points. D’abord chacun recevra une indemnité de base de 10 000 $, plus 1000 $ par année d’internement, ce qui représente, pour un individu, de 25 000 à 30 000 $ de compensation. En contrepartie, le Comité et les membres qu’il représente, s’engagent à renoncer à toute demande additionnelle de compensation monétaire à l’encontre du gouvernement. De plus, le Comité a dû accepter le principe de la quittance qui lui interdit toute poursuite contre les corporations religieuses.
Ce Programme de réconciliation nationale a été soumis aux personnes concernées qui l'ont adopté en assemblée générale. Pour le gouvernement, ce geste entraînera des déboursés de 25 à 37 millions $ et permettra à la population actuelle du Québec d’assumer un passé sur lequel, par ailleurs, elle n’a eu aucun contrôle.
Le porte-parole du Comité, l’écrivain Bruno Roy, a exprimé la satisfaction de ses membres, y mettant toutefois un bémol. Il souhaite que l’Église ajoute sa quote-part à l’action de l’État. "Si on parle de réconciliation, dit-il, il est à espérer que tous les acteurs importants y participent" et il désigne les médecins et les communautés religieuses. Mais il ajoute qu’il n’y a nulle envie de reprendre la bataille. Il fait ainsi appel à la bonne volonté des autorités religieuses pour qu’elles s’inscrivent dans ce mouvement de réconciliation nationale.
Des dissidents se pointent
Tous ne sont pas heureux du Programme proposé par le gouvernement car il ne s’applique qu’aux orphelins internés en institutions psychiatriques. Pour le Mouvement action justice (MAJ), il laisse dans l’ombre tous les pupilles de l’État qui ont été victimes de sévices sexuels et physiques. Il demande au gouvernement de compenser les oubliés du Programme de réconciliation nationale. Le bureau de Premier ministre a déjà fait savoir qu’il n’a pas l’intention de rouvrir l’entente acceptée le 30 juin par le Comité des orphelins de Duplessis, précisant que le regroupement avait lui-même endossé les critères d’admissibilité au programme national.
Pour les individus représentés par le Comité, le dossier est réglé et clos. Mais les dissidents n’ont pas dit leur dernier mot. Au tout début de septembre, le Mouvement action justice adressait aux tribunaux une plainte privée au nom d’une victime qui affirme avoir été agressée sexuellement à plusieurs reprises entre 1954 et 1959. Le porte-parole du MAJ affirme que, chaque semaine, celui-ci ajoutera une nouvelle plainte jusqu’à ce que le gouvernement québécois, les communautés religieuses et le gouvernement fédéral prennent en compte l’ensemble des victimes qui ont subi des mauvais traitements.
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***** UN PRIX NOBEL À LA FFQ ?
La Fédération des femmes du Québec (FFQ) a déposé sa candidature auprès du jury des prix Nobel 2001 qui sera décerné le 12 octobre. En posant ce geste, la FFQ a voulu souligner l’importance de la Marche mondiale des femmes qui a mobilisé des centaines de milliers de femmes dans 161 pays. Cette initiative s’inspirait de la marche des Québécoises qui, en 1995, sous le thème "Du pain et des roses", avaient traversé le Québec jusqu’à l’Assemblée nationale pour y présenter leurs revendications. La présidente de la Fédération, Françoise David, était l’inspiratrice et l’organisatrice de cet événement.
Peu après le succès de 1995, la FFQ a pris contact avec des organismes chargés de la promotion féminine dans plusieurs pays de tous les continents. Elle a conçu le projet de mobiliser les bonnes volontés en prévision d’une grande marche pour souligner l’an 2000. Bénéficiant de l’appui de l’UNESCO, la Marche mondiale des femmes a connu un immense succès. Les revendications des femmes du monde entier ont été présentées à l’ONU.
En remettant un prix à la Fédération des femmes du Québec, le jury créerait un précédent puisqu’il s’agirait de la première organisation du Québec et de la première organisation féminine du monde à recevoir un prix Nobel.
Une nouvelle présidente
Après plusieurs années consacrées à la présidence de la Fédération des femmes du Québec, la militante Françoise David a remis sa démission. Elle a contribué à faire avancer la cause des femmes dans tous les grands dossiers de la vie collective. Elle avait à coeur la justice sociale, ce qui a motivé son action à la Fédération.
Pour lui succéder, la FFQ a désigné une militante des droits des femmes immigrantes, Vivian Barbot, qui occupait déjà le poste de vice-présidente. Vivian Barbot est une Québécoise d’origine haïtienne qui entend poursuivre l’oeuvre constructive de sa prédécesseure.
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***** LA GRANDE PAIX : DE GRANDES FÊTES COMMÉMORATIVES
Ils sont venus en canot de tous les coins de l’Amérique du Nord, mais surtout de l’Est et du centre du continent. Ils sont là, devant Ville-Marie (aujourd'hui Montréal), rassemblés pour la traite des fourrures, mais aussi et surtout pour un événement unique dans l’histoire : négocier et signer un traité de paix. Ce sont les Indiens et les Français. Nous sommes en août 1701.
Depuis l’établissement des colons européens en terre d’Amérique sous la gouverne de Samuel de Champlain, Français et Iroquois se font la guerre. Les Montagnais, Algonquins, Etchemins et Hurons font alliance avec les Français pour mener des campagnes dévastatrices jusqu’en territoire iroquois. Les nations iroquoises répliquent en s’attaquant par petites bandes aux installations des Français et, parfois, en menant des opérations d’envergure, comme au village de Lachine en 1689, rasant tout sur leur passage. La guerre dure donc depuis un siècle et a fait d’innombrables victimes de part et d’autre. Les Français ne peuvent poursuivre leur établissement que difficilement tandis que les nations iroquoises sont décimées par la guerre et la maladie. Tous aspirent à la paix.
D’habiles négociateurs français ont tissé des liens de confiance avec des chefs indiens et noué de solides amitiés. Frontenac lui-même a su se montrer fort habile diplomate, encourageant les chefs indiens à garder leur indépendance par rapport aux Anglais dont ils étaient pourtant les alliés. À plusieurs reprises, les Cinq-Nations iroquoises ont été bien prêtes à faire la paix avec les Français mais un obstacle de taille empêchait sa réalisation : elles ne voulaient pas faire le paix avec les indiens alliés des Français. Ainsi donc, il ne pouvait y avoir de paix que si celle-ci incluait les Français et toutes les nations indiennes, ce à quoi se sont employés les négociateurs auprès des chefs iroquois. À l’été 1700, après plusieurs années de négociations, les conditions favorables sont enfin réunies. Les Anglais d’Albany tentent d’y faire obstacle, mais le grand chef Teganissorens, leur ancien allié, a opté pour la paix afin de sauvegarder, pour sa nation, un statut de puissance et la liberté de commercer.
À l’été 1701, les délégations de toutes les nations amérindiennes se dirigent vers Ville-Marie pour y rencontrer le gouverneur de la Nouvelle-France, Louis-Hector de Callière, représentant du roi Louis XIV, afin de signer en sa présence le traité qui instaure la paix entre les Iroquois et les Français ainsi qu’entre les nations indiennes. Pour s’assurer que la trêve entre les nations indiennes soit bien respectée, il est prévu dans l’entente que si un conflit surgit entre deux signataires, ceux-ci s’en référeront au gouverneur Callière qui arbitrera le litige.
Ils sont plus de 1200 Indiens appartenant à une quarantaine de nations et certains ont franchi jusqu’à 1500 kilomètres pour participer aux négociations. Les difficultés du voyage, la rumeur d’épidémie, la maladie, rien ne les a empêché de se rendre à Ville-Marie pour la ratification et la signature, le 4 août 1701, du document qui a permis à la Nouvelle-France et aux Indiens de connaître un demi-siècle de paix. La Grande-Paix a permis à la Nouvelle-France d’assurer sa domination sur presque toute l’Amérique du Nord et aux Nations indiennes de se développer. On estime que 60 ans après la signature du traité, la population amérindienne avait plus que doublé.
De grandes fêtes commémoratives ont eu lieu à Montréal, les 4 et 5 août 2001, afin de souligner le troisième centenaire de la Grande Paix. Les représentants des nations autochtones ont établi leur campement autour de l’Institut culturel et éducatif montagnais. Sur les lieux mêmes de la fondation de Ville-Marie, dans le Vieux-Montréal, autour de la Pointe-à-Callière, sur la Place Royale et la place d’Youville, des centaines d’artistes, d’artisans, d’animateurs, de marchands autochtones et de Montréalais en habits d’époque et costumes traditionnels étaient réunis pour évoquer le grand rassemblement de l’été 1701. Ce sont des enfants des communautés amérindiennes qui, pour rappeler l’arrivée de premiers ambassadeurs amérindiens, ont été accueillis en juin dans les écoles montréalaises. À cette occasion, il y a eu échange de messages de paix qui ont été transmis à l’UNESCO. Cette institution internationale a reconnu la commémoration de la Grande Paix comme événement phare. C’est pourquoi, à l’automne, au moment de la remise du prix Nobel de la Paix, on soulignera la commémoration de la Grande Paix de Montréal comme un événement marquant de l’année qui a contribué à la paix dans le monde.
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***** LE QUÉBEC : LES ESPÈCES PROTÉGÉES
Au Québec, la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables a été adoptées en 1989. Cette loi couvre les espèces floristiques ou végétales et les espèces fauniques ou animales.
Une espèce reconnue comme étant menacée ou vulnérable se voit accorder le statut légal d’espèce protégée. Le gouvernement peut aussi déterminer les habitats qui doivent faire l’objet de mesures de protection. Il sauvegarde ainsi l’ensemble de la diversité génétique du Québec.
Les espèces menacées sont celles dont la disparition est appréhendée. Les espèces vulnérables sont celles dont la survie est évaluée comme étant précaire mais dont la disparition n’est pas appréhendée.
La faune
Sur son territoire, le Gouvernement du Québec a reconnu sept espèces fauniques menacées : le chevalier cuivré, le béluga du Saint-Laurent, le carcajou, le grèbe esclavon, la pie-grièche migratrice, le pluvier siffleur, la tortue-molle à épines. Une espèce animale a été reconnue vulnérable, la rainette faux-grillon de l’ouest. La Société de la faune et des parcs du Québec est responsable des espèces fauniques. www.fapaq.gouv.qc.ca
La flore
Quatorze espèces végétales ont été reconnues menacées : l’aplectrelle d’hiver, l’arisène dragon, l’arnica de Griscom (sous-espèce), l’athyrie alpestre américaine (sous-espèce), le carex faux-lupulina, la carmantine d’Amérique, la corallorhize d’automne variété de Pringle, la minuartie de la serpentine, le podophylle pelté, la polémoine de Van Brunt, le polystic des rochers, le saule à bractées vertes, le sénéçon fausse-cymbalaire, la verge d’or simple variété à bractées vertes. Cinq espèces floristiques ont été reconnues vulnérables : l’ail des bois, le cypripède tête-de-bélier, l’hélianthe à feuilles étalées, la renouée de Douglas (sous-espèce), le sumac aromatique variété aromatique. Le ministère de l’Environnement est responsable des espèces floristiques www.menv.gouv.qc.ca
Pour information :
Centre de données sur le patrimoine naturel du Québec
Ministère de l’Environnement
675, boulevard René-Lévesque Est, 4e étage, boîte 21
Québec (Québec) / G1R 5V7
Téléphone : (418) 521-3907 poste 4788
Télec. : (418) 646-6169
Courriel : [email protected]
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***** LE MASSIF DE PETITE-RIVIÈRE-SAINT-FRANÇOIS
Sur le continent nord-américain, le Massif de Petite-Rivière-Saint-François constitue la plus haute montagne à l’est des Rocheuses, celle qui offre aux skieurs la plus haute dénivellation (770 m). Elle est située en bordure du fleuve Saint-Laurent, à 100 km à l’est de la ville de Québec. Elle fait partie de la Réserve mondiale de la Biosphère de Charlevoix (UNESCO).
La saison 2000-2001 a été excellente. Une saison de 121 journées de ski qui avait commencé le 15 décembre pour se terminer le 16 avril, accueillant plus de 100 000 visiteurs. La plus longue de ses 20 pistes fait 3800 mètres et quelques descentes se font dans la neige poudreuse.
La Phase II de son développement est en cours pour en faire, non seulement un centre encore plus imposant et accessible, mais aussi le Centre national d’entraînement de ski alpin Le Massif. Un de ses sommets, le Cap Maillard, est rehaussé de quelque dizaines de mètres, pour que cette descente puisse être homologuée par la Fédération internationale de ski alpin.
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***** LE SENTIER INTERNATIONAL DES APPALACHES
Le célèbre Sentier des Appalaches (the Appalachian Trail), aux États-Unis, se prolonge désormais jusqu’à l’extrémité orientale de la péninsule de la Gaspésie.
La portion québécoise de ce sentier pédestre, inaugurée le 23 juin dernier, s'étend sur 639 km et s'avère très spectaculaire. À l’ouest, le sentier débute à Matapédia, à la frontière du Nouveau-Brunswick, remonte la vallée de la Matapédia jusqu’à Amqui pour atteindre ensuite la rivière Matane; il traverse alors la réserve faunique Matane et longe la réserve écologique Ferland jusqu’au Mont Logan. Le sentier franchit alors le Parc de la Gaspésie sur toute sa longueur, gravissant les sommets des monts Albert et Jacques-Cartier pour ensuite redescendre vers le Mont-Saint-Pierre et poursuivre jusqu’à Rivière-au-Renard. Il prend fin à Cap-Gaspé, à l’extrémité du parc Forillon.
Le sentier des Appalaches totalise maintenant 7616 km, de Cap-Gaspé au Québec à Key West en Floride, comprenant (1) le sentier des Appalaches proprement dit, long de 3468 km, qui s’étend du mont Katahdin, dans le Maine, au mont Springer, en Géorgie, (2) sa prolongation jusqu’à Key West, en Floride, ainsi que (3) le nouveau Sentier international des Appalaches qui englobe la portion québécoise.
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***** LES JEUX MONDIAUX DES POLICIERS ET POMPIERS : QUÉBEC 2005
La ville de Québec a obtenu les Jeux mondiaux des policiers et pompiers qui se dérouleront du 26 juin au 5 juillet 2005. S’ils n’ont pas le prestige des Olympiades, ils constituent un événement touristique de première grandeur. Québec se prépare ainsi à accueillir 10 000 athlètes et quelque 15 000 accompagnateurs ! Et l’idéal olympique y est tout aussi bien servi. Les athlètes proviennent de quatre corps de métiers : douaniers, policiers, pompiers et agents correctionnels. Ils rivalisent dans quelque 2000 épreuves sportives réparties en 66 disciplines.
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***** LES SPORTS AQUATIQUES : MONTRÉAL 2005
La Fédération internationale des sports aquatiques (FINA) a choisi Montréal pour la tenue des Championnats du monde de 2005. Réunie à Fukuoka au Japon fin juillet, la Fédération a finalement préféré Montréal à Long Beach (Californie) pour ces 11e championnats du monde de sports aquatiques qui se dérouleront du 17 au 31 juillet 2005. Auparavant, en 2003, ils auront lieu à Barcelone, en Espagne,
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***** PATRICK CARPENTIER EN SÉRIE CART
Le 22 juillet dernier, aux 500 milles du Michigan, Patrick Carpentier a remporté sa première course automobile en série CART. Lors de son dernier tour de piste, il a bénéficié de l’appui stratégique d’Alexandre Tagliani, son co-équipier de l’écurie Player’s, qui roulait à ses côtés. Ces deux Québécois, Carpentier et Tagliati, sont originaires de la région de Lanaudière, à l’est de Montréal. C’est tout près de là, à Berthierville, qu’est né Gilles Villeneuve, le célèbre coureur de Formule 1 et père de Jacques Villeneuve.
Patrick Carpentier est monté sur le podium quatre fois cet été, obtenant une deuxième position au Grand Prix de Chicago le 29 juillet, une troisième position au Miller 200 le 12 août et une troisième position lors des 500 milles d'Allemagne le 15 septembre.
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***** MÉLANIE TURGEON
La skieuse de Québec a terminé la saison 2000-2001 de la Coupe du monde de ski alpin de belle façon. Lors de la dernière épreuve Super-G de la saison à Are, en Suède, le 9 mars 2001, elle a terminé deuxième. Au cours de la saison, elle est montée sur le podium à quatre reprises, en Super-G et en descente. Que lui réserve la saison 2001-2002 ?