QUÉBEC Info
AUTOMNE 1997
Les départs volontaires dans le secteur public : la moisson dépasse les attentes
Dans le cadre de sa Politique d'assainissement des finances publiques et de redressement budgétaire, le gouvernement du Québec a mis en oeuvre un ensemble de mesures visant entre autres objectifs la diminution des effectifs du secteur public. Une première réduction des effectifs du secteur public a eu lieu en 1996.
Une seconde phase de l'objectif a été lancée en mars 1996 et elle visait à réduire de 1,4 milliard $ les coûts de la main-d'oeuvre syndiquée dans le secteur public, à compter de l'année 1997. L'objectif était établi à 15 000 départs volontaires à la retraite. Au terme de l'exercice, c'est 32 000 personnes qui se sont prévalues des dispositions offertes par le gouvernement : 12 600 enseignants, 15 600 travailleurs de la santé et 3700 fonctionnaires. Une opération sans précédent dont le succès tient à la concertation entre le gouvernement et les syndicats, concertation qui d'ailleurs ne s'est pas faite sans peine.
L'opération comporte aussi des coûts : une perte d'expertise dans chacun des secteurs, des budgets pour défrayer les dispositions incitatives offertes aux employés et pour absorber les frais des réorganisations. Mais le résultat dépasse les espérances : l'assainissement des finances publiques s'en trouve accéléré et l'opération dégage des postes qu'il faut absolument combler, ce qui permet de rajeunir le personnel et de faire des économies salariales substantielles.
Ainsi, en éducation, 10 500 personnes accéderont à un emploi régulier et 4000 jeunes pourront avoir accès à un travail à temps partiel en s'inscrivant sur les listes de remplacement. En santé, on estime à 9500 le nombre de personnes dont les conditions de travail seront améliorées en obtenant, pour plus de la moitié d'entre elles, un poste permanent alors que les autres verront leur charge se rapprocher de celle d'un temps complet. Dans l'un et l'autre de ces domaines, ce sont principalement les femmes qui bénéficieront des emplois à pourvoir.
Dans la fonction publique, même si les listes de demandes d'emploi comptent actuellement 68 000 noms en attente, il est d'ores et déjà convenu que les postes libérés ne seront pas remplacés. Ils fourniront l'occasion d'une réorganisation du travail et d'un redéploiement des ressources, dans une perspective d'efficience accrue.
Session productive à l'Assemblée nationale
Le 23 juin dernier prenait fin la session du printemps des travaux de l'Assemblée nationale. L'année parlementaire est en effet divisée en deux sessions, celle d'automne qui débute le troisième mardi d'octobre et prend fin le 21 décembre et celle du printemps qui va du deuxième mardi de mars au 23 juin. Une législature, soit la période qui sépare deux élections, peut comprendre jusqu'à cinq années parlementaires.
Il était coutumier de voir les derniers jours d'une session se transformer en marathon pour épuiser les sujets inscrits au feuilleton de l'Assemblée. Cela permettait certes de vider l'agenda mais dans un contexte où la fatigue des membres pouvait altérer la clairvoyance et le jugement qui doivent présider à l'adoption d'une loi; cela permettait aussi, à l'occasion dit-on, de faire passer en douce un amendement peu populaire.
Le Président de l'Assemblée nationale et les leaders des partis sont donc convenus de réglementer, sur une base expérimentale, les heures des débats. Changement utile s'il faut en croire le bilan : la productivité s'en est trouvée accrue. Soixante-trois lois ont été adoptées au cours de la session alors que la moyenne varie entre 40 et 45. Et parmi elles, des lois majeures : la Loi sur la création des commissions scolaires linguistiques - adoptée à l'unanimité - , la Loi sur la diminution des coûts de la main-d'oeuvre dans le secteur public, la Loi sur la réduction de la semaine de travail, la Loi créant le ministère de la famille et instituant la Politique de la famille, la Loi sur le congé parental et celle sur l'obligation faite aux hauts dirigeants de compagnies de dévoiler leur rémunération. Cela sans compter les neuf lois adoptées dans la foulée du Sommet sur l'économie et l'emploi, l'automne dernier.
À la clôture des travaux, le Premier ministre Lucien Bouchard reconnaissait qu'il était temps de souffler un peu et d'adoucir les angles des réformes, de consolider ces grandes orientations. Le pari de ce gouvernement est de réaliser en trois ans ce que des analystes estimaient devoir prendre 12 ans !
Réforme de la fiscalité
L'une des grandes décisions de la Conférence sur le devenir social et économique du Québec de mars 1996 portait sur la réforme de la fiscalité. Une Commission sur la fiscalité et le financement des services publics, présidée par Alban D'Amours, a remis son rapport l'automne dernier. La Commission a constaté que l'impôt sur le revenu des particuliers est plus lourd au Québec que partout ailleurs au Canada. De plus, la complexité des formulaires utilisés pour calculer l'impôt s'est singulièrement accrue au cours des ans et le contribuable ne s'y retrouve plus. Ce qui a pour effet de miner la confiance de la population envers l'État et de favoriser l'évasion fiscale.
Rappelant au gouvernement sa responsabilité de prélever les ressources nécessaires au financement des services publics, son mandat de favoriser le développement économique et la création d'emplois, son devoir d'améliorer l'équité et la répartition de la richesse collective de même que d'accroître la transparence en matière de financement des services publics, la Commission a proposé un ensemble de mesures qui ont inspiré le budget du ministre des Finances déposé en mars 1997.
Dans la poursuite de l'assainissement des finances publiques et de l'objectif du déficit zéro, le ministre a fixé à deux milliards $ le plafond du déficit pour l'année courante, soit 1 milliard $ de moins que celui de 1996. Mais il a aussi apporté des changements substantiels au régime d'imposition des particuliers et appliqué sans délai des mesures favorisant les ménages à faible revenu.
Les principaux changements au régime portent sur la réduction du fardeau fiscal des travailleurs à faible revenu. Une hausse des seuils d'imposition et une réduction des taux marginaux diminuent les montants à payer par ces derniers et se traduisent, dans certains cas, par une exonération totale. Ainsi, les ménages gagnant moins de 50 000 $ par année verront la facture de leurs impôts diminuer de 15 %. Plus de 200 000 ménages seront exemptés de tout impôt. De plus, le processus de déclaration d'impôt est allégé; un formulaire simplifié tenant sur deux pages est mis à la disposition des couples.
Des taxes majorées sur la vente au détail, les cigarettes, les droits d'immatriculation des véhicules et sur les voitures de luxe viendront compenser les 800 millions $ engagés dans l'allègement du fardeau fiscal. L'État veut ainsi, en prélevant ses ressources, taxer davantage les dépenses des contribuables que leurs revenus.
Remaniement ministériel
Le 25 août dernier, le Premier ministre Lucien Bouchard procédait à un remaniement ministériel. Voici la liste des ministres qui ont un nouveau mandat. Les parenthèses réfèrent au ministère occupé antérieurement.
La réforme du Régime des rentes du Québec
Créé en 1966, le Régime des rentes du Québec avait besoin d'être mis à jour. À la suite d'une vaste consultation populaire visant à dissiper l'incertitude quant à son avenir et à rassurer ses clientèles vieillissantes quant à sa capacité de répondre à leurs attentes, le gouvernement adoptait en juin dernier un projet de Loi pour réformer le Régime des rentes du Québec. Il s'agissait d'assurer l'équité entre les générations de cotisants et de garantir que les générations futures pourront bénéficier hors de tout doute de leur rente de retraite.
Les contributions au Régime proviennent à parts égales des employés et des employeurs. Le maintien du Régime actuel aurait entraîné l'épuisement des réserves. Le gouvernement a choisi une hausse des taux assortie d'autres mesures qui, pour certaines, favoriseront l'accès d'un plus grand nombre aux avantages du Régime, et pour d'autres, réduiront les bénéfices des personnes financièrement mieux nanties.
Le taux de cotisation passera progressivement de 6 % à 9 % en l'an 2003. Cette mesure portera la réserve à 5,5 fois la valeur des sorties annuelles, assurant ainsi les besoins financiers anticipés pour le départ massif à la retraite de la génération des baby boomers.
Les autres mesures adoptées corrigent certaines anomalies et améliorent le rendement. Par exemple, le plancher en deçà duquel aucune contribution n'était exigée, ni aucun bénéfice accessible, était indexé à un taux plus élevé que celui de l'augmentation des revenus des salariés. Ce qui avait pour effet d'écarter un nombre grandissant de citoyens du Régime. Ce plancher est maintenant fixé à 3500 $ l'an et ne sera plus indexé.
Autre cas, les personnes qui touchaient une rente d'invalidité passaient au Régime des rentes à l'âge de 65 ans et, en raison de la formule en vigueur, voyaient leurs revenus diminuer. La formule retenue dans le nouveau Régime prévoit un ajustement actuariel qui corrigera cette anomalie.
Par ailleurs, le Régime sera moins généreux, mais plus équitable, concernant le montant versé au décès. Le montant était établi en fonction des gains de la personne. Désormais, il est fixé à 2500 $.
Aussi, les employés âgés entre 60 et 65 ans qui effectuent un retour au travail après avoir demandé de bénéficier de leur rente étaient exemptés de contribuer au Régime. Ils y sont désormais assujettis. Et les employeurs exemptés de cotisation dans le cas de ces personnes, trouvaient leur embauche plus rentable que celle des jeunes. Cette situation est changée au bénéfice des jeunes.
Enfin, les prestations de l'ensemble des futurs retraités seront améliorées par l'application d'une pleine indexation annuelle. De plus, le gouvernement procédera à l'évaluation du Régime à tous les trois ans, plutôt qu'aux cinq ans, et il mènera une consultation publique à tous les six ans.
Les chefs des Cris recoivent le Premier ministre du Québec
Pour la première fois depuis René Lévesque, il y a vingt ans, un Premier ministre du Québec s'est rendu en territoire autochtone, dans l'Ungava, pour y rencontrer les chefs cris. Les relations entre le gouvernement et la nation crie s'étaient détériorées depuis la signature de l'entente pour l'exploitation de la Baie de James dans les années soixante-dix.
Le Premier ministre Lucien Bouchard tenait à renouer avec la nation crie et à établir des relations harmonieuses avec ses représentants. Il a pris part à des agapes traditionnelles présidées par le grand chef Matthew Coon-Come, à une rencontre privée, à Chibougamau, avec différents intervenants des industries minières et forestières en présence de chefs cris et à l'inauguration officielle d'un nouveau complexe de sciage à Waswanipi, à 300 km de Val d'Or.
Lors de leur rencontre, le grand chef Coon-Come et Lucien Bouchard ont fait état de ce qui les divisait, mais surtout de leur volonté commune pour débloquer les dossiers et mettre en marche des projets de partenariat. Il a aussi été question de partage de revenus et de bénéfices dans l'exploitation commune des richesses naturelles du Grand Nord, de projets de développement économique, et de recherche de solutions dans les dossiers sociaux. "Je pense qu'à partir d'aujourd'hui tout est possible" a dit le Premier ministre. Et après avoir souligné la sincérité et la noblesse de ses hôtes cris, il a conclu : "J'ai senti que nous pouvons nous tendre la main pour réaliser des choses concrètes ensemble et qui seront profitables autant aux peuples autochtones qu'au peuple du Québec".
Pour sa part, Matthew Coon-Come a manifesté sa satisfaction des entretiens qu'il a eus avec Lucien Bouchard. Il a soutenu que "la nation crie a toujours souhaité recevoir les premiers ministres québécois. René Lévesque est venu il y a vingt ans, et aujourd'hui, il a été suivi par monsieur Bouchard. Nous n'avons pas eu peur d'échanger nos points de vue... d'exprimer le fond de notre pensée". Il considère qu'il "s'agit d'un grand privilège d'avoir pu rencontrer le Premier ministre du Québec sur le territoire cri". Et il l'a invité à revenir. Peut-être pour aller à la pêche.
Le bilan de cette visite historique en territoire cri est nettement positif et il permet d'entrevoir des jours meilleurs pour les Cris et les Québécois.
Négociations avec les Attikameks
Il y a trois ans, Jacques Parizeau, alors Premier ministre du Québec, avait surpris l'opinion publique en annonçant que son gouvernement venait de proposer aux Attikameks et aux Montagnais la pleine propriété de 4000 km carrés de territoire. Depuis lors, le dossier a cheminé lentement, trébuchant notamment sur la question de la souveraineté du Québec lors du référendum.
Le 11 septembre dernier, les gouvernements du Québec et du Canada et le Conseil des Attikameks ont signé un protocole politique dont l'objectif est de mener à un accord sur les revendications territoriales de cette nation amérindienne. Ce protocole exprime la volonté politique des parties d'établir un climat propice à un dialogue constructif. L'entente fait abstraction des questions spécifiques qui sont souvent objets de litige.
Le ministre québécois responsable des dossiers autochtones, Guy Chevrette, son homologue fédéral Jane Stewart et le leader attikamek Ernest Ottawa, ont paraphé le document au nom des gouvernements et du Conseil autochtone. Le président Ottawa a tenu à souligner qu'il s'agit d'un premier pas important. "Jamais, dit-il, nous n'avions réussi à avoir clairement un engagement politique" définissant comment insérer dans un traité la reconnaissance de la nation attikamek et de sa relation privilégiée avec le territoire. Et il a affirmé que la nation attikamek "privilégie les ententes et les négociations plutôt que de maintenir un climat d'affrontement".
Politique de la famille
Annoncée en janvier et adoptée en juin, la nouvelle politique familiale du gouvernement du Québec poursuit trois objectifs : assurer un meilleur soutien financier aux familles les plus démunies, fournir des services accrus à la petite enfance et améliorer le régime des congés parentaux.
L'allocation familiale unifiée est entrée en vigueur le 1er septembre. Pour les familles dont les revenus annuels sont inférieurs à 25 000 $, elle représente un accroissement fort appréciable de ressources. Le montant octroyé est réduit à mesure que s'élève le revenu familial; aucune allocation n'est accordée lorsque les moyens financiers de la famille dépassent les 53 000 $ par année.
Le volet portant sur le développement des services de garde et des services éducatifs a donné lieu, lui aussi, à des réalisations. Le gouvernement a entrepris de mettre en place des centres intégrés à la petite enfance, sur la base du réseau actuel des services de garde. Les parents pourront s'adresser à ces centres pour obtenir des services de garde variés. Depuis le 1er septembre, 33 000 places sont disponibles en garderie pour les enfants de 4 ans, au tarif quotidien de 5 $; ce tarif est réduit à 2 $ dans les milieux défavorisés. Le coût réel d'une journée de garde étant supérieur à 20 $, c'est l'État qui prendra la différence à sa charge. Des ententes ont été convenues à cet effet avec les garderies sans but lucratif de même qu'avec les garderies privées, à but lucratif, qui accepteront de se transformer, d'ici 5 ans, en centres intégrés à la petite enfance. Le nombre de places offertes s'accroîtra d'année en année pour permettre d'accueillir progressivement, d'ici l'an 2001, les enfants de moins de 4 ans. Un comité de suivi des opérations de mise en place des services de garde sera constitué; il regroupera des représentants du ministère, des services de garde, des syndicats, des groupes de femmes et des parents.
En matière de services éducatifs, le réseau de classes maternelles a connu d'importants développements. La maternelle était déjà fréquentée à mi-temps par la très grande majorité des enfants de 5 ans; seul un petit nombre d'enfants de zones défavorisées avaient accès à la maternelle à temps plein. Depuis la rentrée de septembre, la maternelle à mi-temps est également ouverte aux enfants de 4 ans des milieux défavorisés. Bien que la fréquentation de la maternelle ne soit pas obligatoire, 85 000 enfants y ont été inscrits par leurs parents, soit 93 % des enfants admissibles. Leur accueil a nécessité l'embauche de 2400 enseignants et l'aménagement, au coût de 100 millions $, de 1600 locaux. Le programme d'éducation préscolaire poursuit des objectifs dans cinq domaines : les habiletés motrices, la communication, les arts, les sciences de la nature et les mathématiques. Plutôt que de faire de la scolarisation précoce, on offrira aux enfants des activités axées sur le jeu.
L'amélioration des congés parentaux constitue la troisième partie de la politique familiale. Sa mise en oeuvre, initialement prévue pour le début de 1998, supposait le retour au Québec de 364 millions $ perçus par le gouvernement fédéral; ce montant correspond à la partie des cotisations d'assurance-emploi versées à Ottawa par les travailleurs québécois au titre des congés parentaux. Les négociations relatives à cette récupération ayant échoué, la réalisation de cette composante de la politique familiale risque fort de connaître un certain retard.
L'économie prend du mieux
Il n'y a pas lieu de pavoiser car le chômage, au Québec, est encore élevé - à 11,5 % en août - et le déficit budgétaire n'est pas encore entièrement résorbé. Mais plusieurs signes nous permettent d'être optimistes.
Pour ce qui est du budget du gouvernement du Québec, ses objectifs de réduction du déficit sont en voie d'être atteints. Pour l'année 1996-1997 (l'année budgétaire du gouvernement commence le 1er avril), le déficit a été ramené à 3,194 milliards $, quelque 50 millions $ de moins que prévu. L'objectif pour l'année 1997-1998 de le ramener à 2,2 milliards $ est en bonne voie d'être atteint car le gouvernement réalise les compressions annoncées. Il doit baisser à 1,2 milliard $ en 1998-1999 et être éliminé (déficit zéro) en l'an 2000.
L'indice précurseur Desjardins (IPD) prévoyait, en août, que l'économie du Québec connaîtrait une croissance de 2,7 % en 1997, contre 1,2 % en 1996. La Banque de Montréal prédit, quant à elle, un taux de croissance de 2,8 %, et la Banque canadienne impériale de commerce (CIBC), plus optimiste, 3 %.
La création d'emplois est à la hausse. Le Québec comptait 70 000 nouveaux emplois au premier semestre de 1997 tandis que le nombre d'assistés sociaux est à la baisse.
La région de Montréal, métropole et centre économique du Québec, offre des signes encourageants tels que la reprise de la construction domiciliaire, la hausse de la revente des maisons existantes et l'augmentation des ventes d'automobiles.
Indicateurs économiques
Au cours des quatre derniers mois, soit du 1er mai au 31 août, le taux d'escompte de la Banque du Canada est passé de 3,25 % à 3,5 %.
Exprimé en devises américaines, le dollar canadien a retrouvé à la fin d'août 1997 le bas niveau où il était quatre mois auparavant, soit 71,76 cents US; il titrait 71,69 cents US au 1er mai. Son niveau le plus élevé au cours de la période a été de 72,93 cents US.
Le produit intérieur brut (PIB) a cru de 1,1 % en 1996, calculé en dollars réels, comparativement au taux révisé de 1,4 % pour 1995.
La rémunération des salariés s'est accrue globalement de 1,8 % en 1996, l'inflation n'ayant pas été soustraite, alors que les bénéfices avant impôt des sociétés ont diminué de 1,3 %.
Les obligations du Québec
En avril 1996, le gouvernement du Québec a créé Placements Québec, une institution financière responsable de la mise en marché des obligations du Québec. Cette société opère sous l'autorité du ministre des Finances, mais elle est administrée par la Banque Nationale. La vente des obligations du Québec se faisait auparavant par l'intermédiaire d'un réseau d'institutions privées et était à la baisse. Il y a dix ans, les obligations comptaient pour 12 % du financement de la dette directe du gouvernement; en 1995, elles n'en finançaient plus que 3 %. C'est cette tendance qu'il s'agissait de renverser.
Après un an d'opération, Placements Québec a relevé le défi. Le montant des obligations du Québec détenues par quelque 115 000 Québécois est passé de 1,3 à 2,2 milliards $.
Les investisseurs étrangers montrent eux aussi un intérêt accru à l'égard des obligations du Québec. Au début de juillet, on apprenait que l'agence japonaise Japan Credit Rating (JCR) leur accordait la cote AA.
Le ministre des Finances, Bernard Landry, annonce une campagne pour inciter les investisseurs institutionnels à meubler leurs porte-feuilles d'obligations du Québec; il vise à atteindre 5 milliards $ en l'an 2000.
Les Fonds de placement Desjardins
L'actif global du Mouvement des caisses Desjardins a atteint 84 milliards $ au 30 juin 1997. Le secteur des fonds de placement en est un où l'augmentation est prononcée. Fiducie Desjardins offre au public un éventail de fonds de placement : marché monétaire, hypothèques, obligations, actions canadiennes, américaines, internationales, ainsi que divers fonds mixtes. Ces fonds totalisaient, au 30 juin 1997, une valeur de 1,75 milliard $, une augmentation de 30 % par rapport au 31 décembre 1996.
Le 19 juin 1997, on annonçait la création d'un nouveau fonds de placement, le Fonds Desjardins Québec. Il est composé entièrement d'obligations et d'actions québécoises, soit "de titres émis par des organismes publics et par des entreprises dont le siège social et le principal centre de décision se situent au Québec".
Le Fonds Desjardins Environnement est un autre fonds de placement original offert par Desjardins. Ses placements sont faits principalement dans des sociétés canadiennes "qui contribuent au maintien ou à l'amélioration de l'environnement". Pour les cinq dernières années, le taux de rendement annuel composé a été de 13,42 %.
Kenworth : une histoire qui finit bien
En avril 1996, à la suite d'une grève qui durait depuis huit mois, la compagnie américaine Paccar annonçait la fermeture de son usine de camions Kenworth de Sainte-Thérèse, au nord de Montréal. L'usine employait 850 personnes.
Depuis cette fermeture, un important mouvement s'est dessiné en faveur de la relance de cette usine. Le syndicat des employés de Kenworth a signé une nouvelle convention collective plus souple et de longue durée, valable jusqu'en 2004. Les gouvernements se sont engagés à fournir une aide financière à la relance de l'usine, soit 18,7 millions $ de la part de Québec et 11,5 millions $ de la part d'Ottawa.
Le marché nord-américain du camion est de nouveau à la hausse et la compagnie Paccar a réévalué la position de l'usine de Sainte-Thérèse dans sa stratégie.
Au tout début de septembre 1997, Paccar annonçait que non seulement l'usine Kenworth serait réouverte, mais qu'elle serait modernisée et agrandie pour doubler sa capacité de production qui pourra atteindre le rythme de 30 camions par jour. L'investissement total s'élèvera à 107,5 millions $. La production reprendra au début de 1999 et l'embauche variera entre 680 et 840 travailleurs.
Les Industries Lassonde
Fabricant de jus et de boissons de fruits, la compagnie Les Industries Lassonde s'est d'abord développée au coeur de la région de la culture de la pomme au Québec, la région de Mont-Saint-Hilaire et de Rougemont, au sud-est de Montréal. Aujourd'hui, en plus du jus de pommes, son produit principal, Lassonde offre une grande gamme de jus et de boissons de fruits. Il a développé une technologie qui le met à la fine pointe de cette industrie. En 1996, ses ventes ont été de 160 millions $.
Sa présence en Asie, où il s'est implanté grâce à sa technologie et à des alliances avec des partenaires thaïlandais et chinois, est en pleine croissance. En 1997, Lassonde prévoit augmenter la capacité de production de l'usine de Xuairou, près de Pékin, et construire une usine de concentré de pommes dans le centre du pays.
L'industrie aéronautique
Le Québec au Salon du Bourget
L'industrie aéronautique québécoise était présente en force au Salon du Bourget, en France, à la mi-juin. Le vice-premier ministre et ministre des Finances, Bernard Landry, s'y est rendu "pour appuyer les nombreuses entreprises québécoises participantes".
L'industrie aéronautique compte, au Québec, quelque 200 entreprises qui emploient plus de 35 000 personnes. Les plus connues, Bombardier, Pratt & Whitney, Bell Helicopter, Marconi, y étaient, ainsi que de plus petites compagnies qui sont, elles aussi, à la fine pointe de la technologie dans leur domaine telles que Air Data et Lyre Technologies.
Bombardier Aéronautique
Bombardier faisait la manchette, au Bourget, en annonçant, le 16 juin, que Boeing lui avait accordé un contrat de 290 millions $ pour la fabrication du fuselage arrière du Boeing 767. Et le 17 juin, c'est American Eagle, filiale d'American Airlines, qui passait une commande à Bombardier pour 50 Regional Jet de 70 sièges (25 en commande ferme et 25 sous option), commande évaluée à 1,9 milliard $. Et c'est aussi à l'occasion du Salon du Bourget que Bombardier procédait au lancement de son nouveau biréacté d'affaires, le Global Express. Capable d'accueillir 19 passagers, le Global Express aura une autonomie d'action de 12 000 km à la vitesse de 935 km/h.
À peine deux semaines avant le Salon, Bombardier avait reçu, de la compagnie américaine Comair, une commande de 30 Regional Jet de 50 sièges évaluée à près de 900 millions $. C'est ainsi que Bombardier Aéronautique de Montréal confirme sa position de leader mondial dans le secteur des avions d'affaires de grande taille et de celui des appareils de transport régional.
La formation de la main-d'oeuvre
L'industrie aéronautique du Québec bénéficie de quelques atouts importants. L'un d'eux tient aux conditions fiscales avantageuses pour les investissements faits en recherche et développement. La stabilité et la qualité de la main-d'oeuvre en est un autre. C'est précisément au chapitre de la formation, dans tous les secteurs de l'aéronautique, que la région de Montréal s'illustre. Mentionnons :
- l'École des métiers de l'aérospatiale de Montréal, pour la formation des ouvriers spécialisés;
- l'École nationale d'aérotechnique de Saint-Hubert, pour des études collégiales en construction aéronautique, en avionique et en entretien des aéronefs;
- l'École de technologie supérieure, une composante de l'Université du Québec, offre une nouvelle concentration en production aéronautique, au sein du baccalauréat en génie de la production automatisée;
- l'Université Concordia dispense une maîtrise en administration du transport aérien;
- l'Université McGill offre une maîtrise en droit aérien et spatial;
- l'Institut international de formation en gestion aéronautique civile, créé il y a dix ans à l'instigation de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) et de l'Association internationale du transport aérien (IATA), dispense sa formation aux dirigeants d'entreprises en français, en anglais et en espagnol;
- CAE Électronique s'est récemment dotée, à Montréal, d'un centre de formation qui pourra recevoir chaque année 2700 pilotes d'aéronefs. L'entreprise est mondialement connue pour ses simulateurs de vols et ses systèmes de visualisation. Elle exporte 90 % de sa production dans quelque 40 pays. Fondée à Saint-Hubert, près de Montréal, elle célèbre cette année son cinquantième anniversaire.
Hydro-Québec
Depuis l'arrivée d'André Caillé comme président-directeur général d'Hydro-Québec, en septembre 1997, la société d'État est devenue plus active sur les marchés étrangers.
aux États-Unis
Sur les marchés américains, la dérèglementation du marché de l'énergie ouvre des perspectives très intéressantes pour Hydro-Québec. Pour être pleinement en mesure de tirer avantage de cette dérèglementation, il s'est associé à Gaz Métropolitain, distributeur gazier, propriété de Noverco dans laquelle il a pris une participation de 38 %. Hydro-Québec a aussi obtenu du gouvernement du Québec qu'il dérèglemente le marché de gros de l'électricité au Québec, condition préalable à son admission sur les marchés américains du gros. Devant le Club de l'électricité du Québec, fin mai, André Caillé déclarait qu'Hydro-Québec "pourra profiter des occasions exceptionnelles" qu'offre le marché nord-américain, "un marché colossal de plus de 200 milliards $ US par année".
Le Québec dispose d'importants atouts, puisque le coût de production de son électricité est l'un des plus bas et qu'il peut stocker de l'énergie dans ses réservoirs en l'achetant de ses voisins lorsque le prix est bas et en le revendant lorsque le prix est élevé.
en Amérique latine
C'est sans doute leur intérêt pour l'expertise d'Hydro-Québec qui a amené à Montréal, du 25 au 29 juin, les représentants de 22 pays d'Amérique latine. Le gouvernement du Québec et l'Organisation latino-américaine de l'énergie (OLADE) y tenaient un séminaire sur l'hydroélectricité. Trois thèmes y ont été abordés : les réalisations québécoises et les projets de l'Amérique latine, l'hydroélectricité et le développement durable, le partenariat et le financement des projets en Amérique latine.
Dans la foulée de ce séminaire, quelques ententes ont été paraphées. Une entente de coopération technique et économique a été signée par le ministre d'État aux Ressources naturelles du Québec, Guy Chevrette, et par le préfet de la province de Pichincha, en Équateur, Rafaël Reyes Uribe. Elle prévoit la formation d'une entreprise conjointe qui verra à la réalisation d'un projet hydroélectrique de 190 mégawatts et à son exploitation. La seconde entente survenue entre Hydro-Québec International (HQI) et Electroimfranti prévoit la construction d'une ligne d'interconnection de 250 km entre la Colombie et l'Équateur, un projet de 50 millions $.
Enfin, deux ententes de transfert de technologie, l'une concernant le contrôle biologique de la végétation sous les lignes de transport d'électricité et l'autre relative au traitement des eaux polluées par le café, ont été signées entre des compagnies du Québec et du Costa-Rica, la première impliquant aussi HQI.
Les finances d'Hydro-Québec
La santé financière d'Hydro-Québec s'améliore. Son bénéfice net qui était de 390 millions $ en 1995 a atteint 520 millions en 1996, une augmentation de 33 %. Au premier semestre de 1997, il a atteint 522 millions $; il pourrait dépasser, pour l'année, les 700 millions prévus.
Demtec exporte des maisons
La compagnie Demtec de Princeville, située à une centaine de kilomètres de Québec, fabrique des maisons en usine et les expédie à travers le Québec et le Canada ainsi que partout dans le monde. Ces maisons peuvent répondre aux besoins les plus divers, à ceux des chantiers de construction par exemple, comme à ceux de nombreux particuliers. Elles sont d'une grande solidité, étant construites dans des conditions idéales, à l'usine, et faites pour être transportées. Elles se mettent en route vers les États-Unis, vers la Pologne, la Russie, l'Égypte et aussi vers l'Asie où le Japon recevait récemment sa première maison Demtec.
Quebecor en Amérique latine
Imprimerie Quebecor, l'une des filiales de la société Quebecor de Montréal, prend de l'expansion en Amérique latine. Déjà présente au Mexique, elle annonçait, au début de juillet, l'acquisition d'une participation majoritaire d'Editorial Antartica du Chili (50 %) ainsi que d'Editorial Antartica SACIFE d'Argentine (70 %). Cet investissement s'élèverait à 27 millions $.
La mise en place de nouvelles commissions scolaires va bon train
Pièce maîtresse de la réforme du système d'éducation entreprise par le gouvernement du Québec, la réorganisation de l'enseignement primaire et secondaire est bien engagée.
Le 19 juin, l'Assemblée nationale a adopté la Loi 109 qui remplace le critère confessionnel par le critère de la langue d'enseignement dans la constitution des commissions scolaires. Grâce à l'inclusion d'un article prévoyant que les électeurs n'ayant pas d'enfant pourront voter, s'ils le désirent, dans une commission scolaire anglophone, le gouvernement a obtenu l'adhésion de l'opposition à son projet, ce qui lui a permis de faire adopter la loi à l'unanimité. Il faut noter que le libre choix du lieu de vote est sans effet sur les règles d'admission à l'école anglaise. Pour que la loi devienne pleinement effective, il faudra que le Parlement canadien adopte un amendement à la Constitution puisque l'article 93 de la Loi constitutionnelle de 1867 confère un caractère confessionnel obligatoire aux commissions scolaires des villes de Montréal et de Québec. Le gouvernement canadien a donné l'assurance qu'il procéderait dès l'automne à cet amendement. Certaines dispositions provisoires de la Loi 109, portant sur des conseils confessionnels provisoires, deviendront alors caduques.
Le 27 juin, la ministre de l'Éducation, Pauline Marois, rendait publique la nouvelle carte des commissions scolaires, confirmée par décret le 14 août. Le nombre de commissions scolaires passera de 156 à 72, soit 60 francophones, 9 anglophones et 3 commissions scolaires autochtones. Ainsi, l'île de Montréal comptera désormais 3 commissions scolaires francophones et 2 anglophones. La réduction du nombre de commissions scolaires entraînera la disparition d'environ 1250 postes de commissaires et permettra au gouvernement d'économiser 100 millions $ annuellement.
La mise en place des nouvelles commissions scolaires se fera selon un calendrier serré. Au cours de l'année, les conseils scolaires actuels continueront de diriger leurs commissions scolaires jusqu'en juin 1998 alors les conseils provisoires créés en septembre 1997 auront pour tâche de voir à la transition et de préparer l'année 1998-1999 selon la nouvelle carte scolaire. De janvier à mars 1998, les parents inscriront leurs enfants dans les nouvelles commissions scolaires et en juin auront lieu des élections pour la constitution de nouveaux conseils scolaires.
La répartition des pouvoirs entre les commissions scolaires et les écoles fait par ailleurs l'objet d'un débat en commission parlementaire. L'avant-projet de loi déposé par la ministre prévoit notamment remplacer les comités de parents et les conseils d'orientation par des conseils d'établissement plus ouverts à la collectivité et dotés de pouvoirs élargis.
La réforme des programmes scolaires
Le Groupe de travail sur la réforme du curriculum, présidé par Paul Inschauspé, a remis son rapport, fin juin, à Pauline Marois, ministre de l'Éducation. Intitulé Réaffirmer l'école, le rapport préconise comme orientation générale le renforcement des exigences scolaires et le rehaussement du contenu culturel des programmes d'enseignement. De nombreuses questions y sont traitées : la mission de l'école, les matières d'enseignement, le temps d'enseignement, la présentation des bulletins scolaires, l'élaboration des programmes, etc.
Prenant acte de l'impossibilité pratique d'accroître le nombre d'heures de classe, le Groupe de travail opte pour une meilleure utilisation du temps passé à l'école. C'est ainsi qu'il propose d'organiser le primaire en cycles de manière à pouvoir étendre un enseignement sur deux années plutôt qu'une. Au secondaire, les élèves devraient bénéficier d'une formation générale unifiée jusqu'en troisième année, tandis que les deux dernières années seraient largement diversifiées; certaines matières disparaîtraient de la grille horaire, mais leurs objectifs pourraient être préservés et intégrés à l'enseignement d'autres matières qui disposeraient d'un temps accru. Au terme d'une analyse approfondie de chaque matière enseignée au primaire et au secondaire, le Groupe de travail présente des recommandations à propos de chacune d'elles.
Le rapport a reçu un accueil favorable des commissions scolaires ainsi que des syndicats d'enseignants. Pour sa part, la ministre de l'Éducation a fait savoir, moins d'une semaine après l'avoir reçu, qu'elle en retenait la quasi totalité des recommandations en les regroupant autour de trois grands choix. En premier lieu, l'accent sera placé sur les apprentissages fondamentaux, le français et les mathématiques. En deuxième lieu, le curriculum connaîtra un enrichissement culturel. Ainsi, outre l'accroissement du temps consacré au français, on enseignera l'anglais dès la troisième année du primaire et une troisième langue sera offerte dès le 1er cycle du secondaire. L'enseignement artistique sera obligatoire pendant toutes les années du primaire et du secondaire, les cours de sciences seront entièrement révisés et intégrés dans un grand programme de science et de technologie, l'enseignement de l'histoire sera obligatoire pendant toutes les années du secondaire et, en 5e secondaire, on y intégrera des cours d'économie et d'éducation à la citoyenneté. Enfin, on identifiera des compétences transversales pouvant être acquises dans l'ensemble des matières et relevant de divers domaines : aptitudes intellectuelles, méthodologie, communication, attitudes et comportements, etc.
La mise en oeuvre de cette réforme du curriculum, la plus ambitieuse depuis les années 1960, s'étalera sur plusieurs années. Au début de l'automne, la ministre rendra public un énoncé de politique précisant la méthode et le calendrier d'implantation de la réforme. Il est possible qu'un programme révisé puisse être offert dès septembre 1998 en première année du primaire. On peut penser aussi que l'enseignement obligatoire de l'histoire à chaque année du secondaire entrera assez rapidement dans les faits.
Universités
Vers un service d'admission centralisé ?
Les universités québécoises envisagent de créer un service central d'admission comme il en existe déjà pour les cégeps des grandes régions de Montréal et de Québec. Ce service rendrait les procédures d'admission plus efficaces et moins coûteuses. Il fait partie d'un projet plus vaste visant à intégrer toutes les communications informatiques des universités dans une Coopérative d'échange de données informatisées du Québec (CÉDIQ). Coordonné par la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ), le projet fait actuellement l'objet d'une étude de faisabilité.
Hausse du nombre d'étudiants étrangers
Au cours de l'année universitaire 1996-1997, 11 073 étudiants étrangers étaient inscrits dans les universités québécoises; il s'agit d'une augmentation de 6 % par rapport à l'année précédente. Près des deux tiers d'entre eux fréquentaient les universités francophones; la majorité, soit 6276 (57 %), faisaient des études de 1er cycle, 2866 (26 %) étaient inscrits à la maîtrise et 1931 (17 %) au doctorat.
Au nombre de 2581, les étudiants de nationalité française sont de loin les plus nombreux. L'attrait qu'exercent en France les universités québécoises se confirme d'année en année puisque le nombre d'étudiants français au Québec a presque quadruplé en 10 ans. La population étudiante en provenance des États-Unis demeure stable, avec 1105 inscrits; il en va de même des étudiants originaires des pays du Maghreb, avec 1070 inscrits.
Nouveau président à la CRÉPUQ
C'est le principal de l'Université McGill, Bernard Shapiro, qui vient d'être nommé président de la Conférence des recteurs et des principaux des universités du Québec (CRÉPUQ). Il succède au recteur de l'Université de Sherbrooke, Pierre Reid, qui exerçait cette fonction depuis septembre 1995.
Cégeps
Baisse des inscriptions
Le réseau des cégeps accueille cette année 155 000 élèves, ce qui représente une baisse de 3,5 % par rapport à l'an dernier. Cette diminution est en partie attribuable au renforcement des exigences pour l'admission aux études collégiales. Depuis cette année en effet, l'élève désireux de fréquenter un cégep doit non seulement détenir son diplôme d'études secondaires, mais avoir réussi les cours de 5e secondaire en langue maternelle, en langue seconde et en mathématiques, ainsi que le cours de science physique de 4e secondaire. Plusieurs étudiants refusés cet automne pourront sans doute s'inscrire au trimestre d'hiver s'ils suivent et réussissent d'ici là les cours de rattrapage nécessaires à leur admission.
Trois cégeps de Montréal sur la voie de l'intégration
Les cégeps de Maisonneuve, de Rosemont et du Vieux-Montréal viennent de créer un comité chargé d'étudier leur intégration éventuelle. Ce groupe de personnes, présidé par Pierre DeCelles, directeur général de l'École nationale d'administration publique (ÉNAP), examinera trois hypothèses : la mise en commun d'activités, de programmes et de services, sans création d'une entité juridique distincte; la création d'une corporation de services assurant une partie importante des activités des établissements membres, particulièrement dans le domaine administratif; la fusion des trois cégeps en une seule entité regroupant des constituantes. Le comité doit remettre ses recommandations aux cégeps concernés en janvier 1998. La direction de chacun des trois établissements, qui comptent ensemble plus de 15 000 étudiants réguliers, voit dans leur intégration éventuelle un moyen de contrer les effets des compressions budgétaires qui affectent l'enseignement collégial.
Formation professionnelle - lancement du Régime d'apprentissage
Le Régime d'apprentissage, dont la création avait été annoncée il y a près d'un an, sera mis en place cet automne par la Société québécoise de développement de la main-d'oeuvre (SQDM). Il s'agit d'un programme de formation alternée école-entreprise s'adressant aux jeunes, en priorité à ceux qui ont terminé la troisième année du secondaire. Les travailleurs sur le marché de l'emploi et les adultes en général y auront également accès.
Le Régime cherchera à créer, la première année, 1000 places d'apprentis. L'école assurera la formation de base tandis que l'entreprise se chargera de la formation spécifique au métier. Les études seront d'une durée de 3 ans à 3½ ans et les étudiants seront rémunérés durant leur séjour en entreprise. Le financement et l'évaluation des apprentissages seront conjoints, mais le diplôme sera décerné par le ministère de l'Éducation. Deux secteurs industriels se montrent particulièrement ouverts à l'accueil d'apprentis : les industries du plastique et celles du pétrole.
Le Centre Moscou-Québec vient d'être créé. Il inaugure ses activités cet automne au sein de l'Université d'État des sciences humaines de Russie. C'est l'heureux résultat d'échanges qui se poursuivent depuis cinq ans entre cette Université et le Centre d'études interdisciplinaires sur les lettres, les arts et les traditions (CÉLAT) de l'Université Laval. Une contribution financière du ministère des Relations internationales du Québec aidera le Centre Moscou-Québec à se doter d'une collection d'ouvrages sur le Québec et à organiser des activités scientifiques.
Centre Moscou-Québec a/s
Université d'État des sciences humaines de Russie 6, Miusskaya sq. /
Moscou 125267 / Russie /
Tél. (7-095) 250-6929 Fax: 251-8612
La Conférence des peuples de langue française
La XIVe Conférence des peuples de langue française s'est tenue à Jonquière, ville située à 200 km au nord de Québec, du 19 au 21 août 1997. Présidée par Monique Vézina, présidente du Mouvement national des Québécois, elle avait pour thème Francophonie d'aujourd'hui, francophonie des jeunes ? Les quelque 300 délégués, provenant principalement d'Europe et d'Amérique, y ont discuté de l'élargissement de cette conférence aux pays de la Francophonie dont le français n'est pas langue maternelle et ils ont amorcé la création d'un Forum international des jeunes pour la francophonie qui regroupera les 18-30 ans.
Le Québec a son bureau à Milan
Le redéploiement de l'activité internationale du gouvernement du Québec se poursuit, en empruntant des formules nouvelles. C'est ainsi que la représentation ouverte à Milan, le Bureau d'affaires Québec-Italie, résulte d'un partenariat particulier qui unit la Chambre de commerce italienne au Canada, la Caisse de dépôt et placement du Québec (via sa filiale Capital international CPDQ), le ministère des Relations internationales et celui de l'Industrie, du Commerce, de la Science et de la Technologie. La vocation de cette antenne est essentiellement économique et commerciale. Le ministre des Relations internationales, Sylvain Simard, était à Milan, le 12 juin dernier, pour l'inauguration du Bureau.
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Le Premier ministre en mission
En France
Du 28 septembre au 2 octobre, le Premier ministre du Québec Lucien Bouchard effectuera un mission en France où il aura des entretiens politiques, entre autres, avec le président Jacques Chirac et le premier ministre Lionel Jospin. Il sera accompagné des ministres Bernard Landry, Sylvain Simard et Louise Beaudoin ainsi que d'une trentaine de chefs d'entreprises, constituant ainsi la plus importante mission économique du gouvernement du Québec en France. Outre Paris, il se rendra à Lille et à Cannes.
En Chine
La mission économique la plus nombreuse et la plus prestigieuse jamais organisée par le Québec se rendra en Chine, du 1er au 12 novembre. Elle sera présidée par le Premier ministre Lucien Bouchard et se rendra à Pékin, à Shenyang, capitale du Liaoning, et à Shanghai. Une centaine d'hommes d'affaires en feront partie. Les secteurs de l'agroalimentaire, de la construction, de l'énergie, de l'environnement, des télécommunications et du transport y seront fortement représentés.
Au Vietnam
Hanoï accueillera, du 14 au 16 novembre, le VIIe Sommet de la Francophonie et les représentants des 49 pays ou gouvernements qui la composent. Le Premier ministre Bouchard y présidera la délégation du Québec. Il y sera question, entre autres, de réformes de l'institution (élection d'un premier secrétaire général), d'économie et de technologies de l'information.
Lucien Bouchard aux États-Unis
Le Premier ministre a participé cet été à deux réunions de chefs de gouvernements. La première s'est tenue du 2 au 6 juin à Newport, au Rhode Island. Cette XXIIe Conférence annuelle des gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre et des premiers ministres de l'est du Canada a permis d'aborder les questions relatives à l'énergie, au moment où l'ouverture du marché de l'énergie en Amérique du Nord offre un potentiel important pour les producteurs canadiens.
La seconde, la réunion annuelle du Conseil des gouverneurs des Grands Lacs, avait lieu à Érié, en Pennsylvanie, les 10 et 11 juillet. C'était la première fois qu'un Premier ministre du Québec y participait. Les gouverneurs des huit États limitrophes des Grands Lacs (Illinois, Indiana, Michigan, Minnesota, New York, Ohio, Pennsylvanie et Wisconsin) et les premiers ministres du Québec et de l'Ontario se sont montrés préoccupés par la lenteur de la réponse des gouvernements aux problèmes reliés à l'environnement. En marge de cette rencontre, Lucien Bouchard et Tom Ridge, gouverneur de la Pennsylvanie, ont signé une entente de coopération économique, scientifique, technologique et culturelle.
Sauver les églises ?
Au Québec, on le sait, la pratique religieuse a beaucoup fléchi. On estime que, dans les villes, 7 % seulement des baptisés fréquentent encore les églises. En milieu rural, la situation est sensiblement meilleure. Or le patrimoine architectural religieux est considérable : églises, chapelles, temples et autres lieux de culte ont acquis, avec le temps, une valeur inestimable. Mais les Églises de toute confession n'ont plus les moyens de les entretenir. Ce qui met en péril plusieurs bâtiments du patrimoine religieux.
On en a un exemple éloquent, à Québec, avec la fermeture de l'église Notre-Dame-du-Chemin. Ainsi en a décidé l'assemblée des paroissiens. La fabrique qui administre les biens de la paroisse n'a plus les moyens d'effectuer les réparations urgentes à la structure du temple devenu dangereux pour la sécurité publique. La paroisse a donc mis la clef dans la porte le 31 décembre 1996.
L'exemple de Cap-Santé
D'autres paroisses se tirent mieux d'affaires. C'est le cas pour l'église Sainte-Famille, à Cap-Santé, en banlieue de Québec. Ce bâtiment historique qui date de 1762 avait besoin d'être restauré. Les clochers, construits uniquement en bois, et la toiture, remarquable par sa forte inclinaison, étaient abîmés. Les citoyens de Cap-Santé ont fait appel à la Fondation du patrimoine religieux, créée par le ministère de la Culture et des Communications pour aider à la restauration des églises québécoises classées monuments historiques. La Fondation a souscrit 400 000 $ sur le demi-million requis pour les travaux. Les gens du milieu se sont cotisés pour combler la différence.
Diversifier les sources de revenus
On a recours aux moyens les plus divers pour assurer le financement des églises. À la Basilique Notre-Dame de Montréal, celle même qui, au milieu du 19e siècle, avait tant impressionné le philosophe américain David Thoreau, les dons des quelque 800 000 visiteurs par année contribuent aux frais d'entretien. À Québec, la basilique présente un spectacle multimédia. On fait parler les murs, dirait-on, afin de faire connaître l'histoire civile et religieuse de Québec et d'amasser des fonds pour sa restauration. Les initiatives locales se multiplient, mais le défi majeur, dans tous les cas, est de poursuivre la vocation religieuse de ces édifices souvent imposants tout en diversifiant leurs fonctions.
Des églises recyclées, d'autres vendues
Toutefois, plusieurs bâtiments devront changer de vocation. On se souvient qu'à Québec seulement, une synagogue est devenue le Théâtre Périscope, l'église catholique Notre-Dame de la Paix a été transformée en condominium et l'église anglicane Saint-Mathews, rue Saint-Jean, est devenue bibliothèque publique. Dans les prochaines années, on assistera sans doute à l'accélération de ce mouvement. À Montréal comme à Québec, on estime que plusieurs églises devront être vendues.
La situation est à ce point grave que les autorités ont lancé un vibrant appel pour sauver les bâtiments qui ont une réelle valeur patrimoniale et qui contribuent fortement à l'identité de la ville de Québec. L'archevêque de Québec, Maurice Couture, et le maire Jean-Paul L'Allier ont invité la population à la mobilisation générale afin de sauver ces joyaux du patrimoine religieux dont les clochers dominent toujours les quartiers centraux. Afin de trouver les solutions les plus adéquates et d'assurer l'avenir des lieux de culte à valeur patrimoniale, un colloque international a été convoqué à Québec les 5 et 6 juin dernier. Les participants venaient d'Europe et d'Amérique. Il y avait des gens du terrain, des architectes, des administrateurs, des animateurs qui on été confronté aux mêmes problèmes dans leurs milieux respectifs, et qui ont trouvé et appliqué des solutions intelligentes et originales pour sauvegarder ce qui mérite de l'être.
Dès l'ouverture du colloque, le maire Jean-Paul L'Allier a déploré la démolition prochaine de quelques églises et le fait que de telles décisions surviennent alors qu'il est trop tard pour permettre aux autorités d'intervenir. Il faut "se donner un code et des mécanismes de communication et de concertation qui permettent de voir venir les choses". La directrice générale de la Fondation du patrimoine religieux du Québec, Helen Haslam, a plaidé pour la création d'un fonds d'aide permanent afin de fournir des outils efficaces aux administrateurs locaux et de les appuyer dans leurs projets de rénovation et de restauration.
Dans une intervention fort remarquée, l'historien et ancien ministre des Affaires culturelles Denis Vaugeois a plaidé pour un assouplissement des règles qui régissent la rénovation des bâtiments anciens. Il faut permettre à des ouvriers spécialisés qui exercent des métiers traditionnels d'être actifs sur les chantiers. Il faut redonner les chantiers aux artisans qualifiés car les interventions inopportunes réalisées par des gens mal préparés coûtent très cher.
Tout au cours du colloque, cinq équipes de jeunes étudiants en architecture ont analysé des possibilités de recycler les temples désaffectés - ou en voie de l'être - en leur redonnant une nouvelle vocation. Le résultat de leurs travaux a été exposé à l'issu de ce premier colloque international sur la conservation des églises dans les villes centres.
Une situation inusitée au Québec : du rififi à la magistrature
Le ministre de la Justice a référé le cas du juge Therrien à la Cour d'appel. C'est une situation sans précédent au Québec. Dans le passé, un juge menacé de destitution choisissait de quitter son poste plutôt que de risquer un jugement de cour. C'est que l'affaire Therrien est différente et unique dans l'histoire de la magistrature québécoise. C'est le même ministre de la Justice, Paul Bégin, qui a nommé l'avocat Richard Therrien juge à la cour du Québec sur la foi des rapports qu'il a reçus de ses services, de la Sûreté du Québec, et des informations prises auprès du Barreau du Québec.
Mais le hic dans cette affaire, c'est que le nouveau juge avait un passé felquiste (du nom du FLQ, le Front de libération du Québec, responsable de la crise d'octobre 1970). Il avait été accusé et reconnu coupable de complicité après le fait. Par la suite, il a accédé au Barreau en 1984 et a obtenu, en 1987, son pardon des autorités, ce qui a eu pour effet d'effacer son dossier. Depuis lors, il a mené une brillante carrière d'avocat.
Mais lorsqu'il a été pressenti pour être nommé juge à la Cour du Québec, Richard Therrien n'a pas soulevé la question fort importante de son passé felquiste et des motifs de sa condamnation. Personne dans l'entourage du ministre n'y a fait allusion non plus. La situation devenait très embarrassante pour le gouvernement.
Lorsque l'affaire a été révélée à l'Assemblée nationale, le ministre a aussitôt réagi en déposant une plainte contre le nouveau juge au Conseil de la magistrature et au Barreau du Québec. Huit mois plus tard, le Conseil remettait son avis au ministre. La majorité des juges qui ont étudié les faits reprochés ont conclu que l'on minerait la confiance du public si la magistrature accueillait Richard Therrien en son sein. Le Conseil estime qu'un candidat à la magistrature doit faire preuve de plus de transparence.
C'est sur la foi de cet avis que le ministre a, le 12 juin dernier, conformément à la Loi sur la magistrature, déféré le cas Therrien à la Cour d'appel, une procédure qui peut ultimement mené à la destitution du juge par le gouvernement. Il faudra attendre plusieurs mois avant d'assister à la scène finale de cette affaire pour le moins inusitée.
Robert Lepage inaugure la Caserne Dalhousie
L'homme de théâtre et cinéaste de Québec, Robert Lepage, et sa compagnie Ex Machina parcouraient le monde depuis quelques années sans avoir pignon sur rue quelque part. C'est maintenant chose faite. Au tout début de juin, Robert Lepage inaugurait, à Québec, près du vieux port, la Caserne Dalhousie, siège social d'Ex Machina. Il s'agit d'abord d'un centre multimédia de création et de production qui met la technologie au service des arts de la scène, du cinéma et de la télévision.
Cette caserne d'incendie recyclée a fière allure. Elle a déjà commencé à accueillir projets et créateurs du monde entier. En effet, bien avant son inauguration, Robert Lepage a réalisé des collaborations internationales avec des producteurs de plusieurs pays. Le théâtre, le cinéma, l'opéra, la télévision : aucun genre n'est exclu, aucune technologie n'est boudée. Sa pièce de théâtre Les Sept branches de la rivière Ota vient d'y être produite pour la télévision, pour diffusion à l'automne. Autres projets en cours : une co-production théâtrale avec le Dramaten de Stockholm; une création théâtrale sur l'architecte américain Frank Lloyd Wright; une reprise d'Elseneur de Robert Lepage, avec le comédien britannique Peter Darling, production qui sera présentée à Ottawa, New York, Dublin et Madrid; une reprise de Aiguilles et Opium de Robert Lepage pour un producteur italien; une mise en scène de l'opéra de Berlioz, La Damnation de Faust, pour présentation au Japon en 1999.
Succès de librairie (mai-août 1997)
Essais, études
Robert Lapalme, le maître de la caricature au Québec, est décédé à Longueuil, en banlieue de Montréal, le 19 juin 1997, à l'âge de 89 ans. Il a pratiqué la caricature politique dans plusieurs grands quotidiens du Québec, Le Droit, Le Journal de Québec, La Presse, mais c'est surtout au Devoir, de 1950 à 1959, qu'il s'est épanoui, disant y avoir "connu la liberté totale". Il a marqué son époque tant par la qualité esthétique de ses dessins au trait caractéristique que par la virulence du commentaire politique que ses caricatures constituaient. Au milieu des années 1960, il fut nommé conseiller pour la décoration des stations du métro de Montréal, alors en construction, et en 1967, directeur artistique de l'Expo 67. Il y a créé le Pavillon de l'humour qui sera suivi, en 1968, du Salon international de la caricature.
Gérard Pelletier, journaliste, homme politique et diplomate, est décédé à Montréal, le 22 juin 1997, à l'âge de 79 ans. Préoccupé par les questions sociales dès ses années d'études, Gérard Pelletier sera d'abord secrétaire général de la Jeunesse étudiante catholique (JÉC) et secrétaire itinérant du Fonds mondial de secours aux étudiants victimes de la guerre, organisme basé à Genève.
De 1947 à 1965, il sera d'abord journaliste au Devoir, puis rédacteur en chef du journal syndical Le Travail et du quotidien La Presse. En 1965, il se lance en politique, au fédéral. Il sera ministre à Ottawa de 1968 à 1975 alors qu'il est nommé ambassadeur à Paris, puis auprès de l'ONU à New York. De retour à Montréal en 1984, il y fonde le Conseil des relations internationales (CORIM) et préside, jusqu'en 1992, le Centre d'études et de coopération internationale (CÉCI).
Grâce à ses mémoires Les Années d'impatience et Le Temps des choix, nous pouvons suivre l'itinéraire de Gérard Pelletier qui a été, dans les mots du Premier ministre Lucien Bouchard, "l'un des éveilleurs du Québec moderne". Il fait désormais "partie de la conscience sociale québécoise".
Le politicologue Léon Dion, décédé à Québec le 20 août 1997 à l'âge de 74 ans, était avant tout un universitaire. Il a enseigné quarante ans à l'Université Laval et publié plusieurs ouvrages et de très nombreux articles. Il fut très présent au débat politique qui anime la relation Québec-Ottawa. Il le fut d'abord à titre d'analyste et de conseiller auprès des commissions d'enquêtes Laurendeau-Dunton puis Pépin-Robarts, et auprès des gouvernements d'Ottawa et de Québec. Il fut aussi présent sur la place publique par les analyses qu'il publiait dans le journal Le Devoir et dans diverses revues. Son principal ouvrage théorique s'intitule Société et politique: La vie des groupes, 2 tomes (1971, 1972).
Ses longues réflexions sur le Québec et les exigences de sa survie, sur la nécessité d'un "renouvellement de fond de la Constitution canadienne", il les a poursuivies jusqu'à avouer qu'il était devenu lui-même un "fédéraliste fatigué", jusqu'à voter oui au référendum de 1980, mais d'une fois à l'autre, voulant donner encore et toujours "une dernière chance" au Canada, il votait non au référendum de 1995. Il n'est pas surprenant qu'il ait avoué : "Je me sens de plus en plus isolé dans ma double allégance".
Ces dernières années, il travaillait à un ouvrage synthèse sur le Québec intitulé Québec, 1945-2000. Le premier tome, À la recherche du Québec, est paru au Presses de l'Université Laval en 1987.