QUÉBEC Info
AUTOMNE 1998
Assemblée nationale : bilan de la dernière session parlementaire
L'Assemblée nationale a mis un terme, le 19 juin dernier, à la session qu'elle avait entreprise le 10 mars. Cette session se solde par un bilan positif au regard des grands objectifs de relance de l'économie et de l'emploi et dans le rétablissement des finances publiques. Le secteur de la santé et celui de la culture ne sont pas en reste pour autant. Au total, 48 projets de loi ont été adoptés, dont plusieurs sont présentés dans ce numéro.
S'agissant d'économie, l'adoption de la Loi sur le regroupement de certaines sociétés d'État vise à consolider les leviers de développement économique.
En matière de santé, la loi sur le tabac exprime clairement quant à elle la volonté du gouvernement d'investir dans la qualité de vie des citoyens et de lutter plus efficacement contre plusieurs problèmes de santé.
C'est dans cette même perspective que le gouvernement du Québec a créé sa propre agence d'approvisionnement en sang et en produits sanguins, Héma-Québec, en plus d'instituer un comité de surveillance des risques liés à la transfusion. Héma-Québec prendra la relève de la Croix-Rouge canadienne en matière de produits sanguins.
L'une des pièces maîtresses de la dernière législature aura sans doute été la Loi sur le soutien du revenu, favorisant l'emploi et la solidarité sociale. Cette loi vient compléter le vaste redéploiement des services d'emploi et de soutien au revenu en mettant l'accent sur des mesures actives qui favorisent l'accès à l'emploi tout en préservant la solidarité sociale pour les personnes ayant besoin de protection.
Enfin, la loi sur la Grande bibliothèque du Québec, qui sera construite à Montréal, aura pour effet de mettre en valeur le patrimoine documentaire québécois et de doter la population d'un outil majeur au plan culturel et éducatif.
Au terme de cette session, les membres de l'Assemblée nationale ont fait l'unanimité sur une motion présentée par le Chef de l'Opposition officielle, Daniel Johnson, au moment où celui-ci quittait ses fonctions. Cette motion cherchait à faire reconnaître les droits des victimes du sang contaminé, atteintes de l'hépatite C, qui ont été écartées du programme d'indemnisation. Au-delà des considérations budgétaires et légalistes, ce sont les considérations humanitaires qui ont primé dans le processus conduisant à cette décision.
Ville de Québec : affirmation en tant que capitale nationale
Depuis l'établissement de l'Habitation de Champlain au pied du Cap Diamant en 1608, la ville de Québec a exercé le rôle de capitale du monde francophone en Amérique du Nord. Pour un temps, elle a également été le siège du Parlement du Canada. C'est en 1867, lors de la signature de l'Acte de l'Amérique du Nord Britannique que la ville s'est vue attribuer le statut de capitale du seul État de langue française en Amérique du Nord, la province de Québec.
Plus récemment toutefois, l'avenir de la ville de Québec en a inquiété plusieurs, son importance comme siège du gouvernement diminuant en raison du déplacement vers Montréal d'organismes gouvernementaux. Et ces dernières années, la réduction des effectifs de la Fonction publique, principal employeur de la région, a creusé un trou dans son économie.
Dès 1994, le gouvernement a posé un geste significatif en créant la Commission de la capitale nationale. En 1996, le maire Jean-Paul L'Allier a sonné l'alarme et amené les élites de la région à former un Groupe de travail qui s'est penché sur l'avenir de la fonction publique et sur celui de Québec comme capitale nationale et comme économie régionale. C'est dans la foulée de ce Groupe de travail que le gouvernement a confié à un comité interministériel, présidé par le ministre Jean Rochon, le mandat de définir une politique à l'égard de Québec, capitale nationale.
Cette politique dévoilée le 29 juin dernier, comprend deux orientations : affirmer Québec comme capitale nationale et assurer le développement de son économie. On confirme Québec comme lieu de l'exercice des fonctions législatives, gouvernementales et diplomatiques. Le gouvernement a adopté un cadre de référence pour la localisation des bureaux centraux des ministères et des sièges sociaux des organismes gouvernementaux. Il y a même inclus une "clause capitale" qui rendra obligatoire l'identification des impacts sur la capitale de tout projet émanant des ministères et organismes au moment de leur présentation au Conseil du trésor et au Conseil des ministres. Ainsi, les organismes gouvernementaux, régies, tribunaux administratifs et offices seront dorénavant localisés à Québec. Des exceptions à cette règle seront possibles, mais démonstration devra être faite des impératifs économiques ou sociaux qui dictent leur établissement dans une autre région.
Cette politique vise également à corriger les effets pervers des compressions des effectifs de la Fonction publique et à diversifier l'économie de la région. Le secteur manufacturier n'occupe que 9,3 % de la main-d'oeuvre contre 85 % pour le secteur tertiaire. Un fonds de 25 millions $ a été créé pour contribuer au développement et à la mise en place d'entreprises de haute technologie. Il s'agira d'appuyer les initiatives privées visant à renforcer le rôle de la capitale comme pôle multisectoriel d'expertise gouvernementale, d'enseignement universitaire, de recherche et de développement, et à accentuer la croissance de l'industrie touristique. Des institutions culturelles se verront accorder un statut national et des ressources accrues afin de développer des projets qui contribueront à faire reconnaître Québec comme carrefour de la Francophonie en Amérique. L'objectif déclaré est de réduire de moitié le chômage, le faisant passé de 10 à 5 % d'ici l'an 2010.
Cette politique esquive toutefois un élément d'un ordre plus symbolique mais qui est néanmoins l'occasion de débats passionnés : l'absence de résidence de fonction pour le Premier ministre et pour le Chef de l'opposition. Depuis Jean Lesage, les premiers ministres et les chefs de l'opposition n'ont pas résidé en permanence à Québec à l'exception, brève, de Jacques Parizeau. Originaires de Montréal pour la plupart, ils se sont contentés d'occuper, à Québec, un pied-à-terre plutôt qu'une véritable résidence. Ce projet de résidence officielle sera repris le jour où il ne fera plus l'objet de débats partisans et, disons-le, souvent mesquins.
La Cour suprême du Canada se prononce sur la légitimité de l'indépendance du Québec
Le 26 septembre 1996, le gouvernement du Canada demandait l'avis de la Cour suprême sur l'éventuelle accession du Québec à l'indépendance. Ottawa posait trois questions qui se résument ainsi :
1. Le Québec peut-il, en vertu de la Constitution, procéder unilatéralement à la sécession ?
2. Le Québec peut-il, en vertu du droit international, procéder unilatéralement à la sécession ?
3. Advenant un conflit entre le droit interne (la Constitution du Canada) et le droit international, lequel aurait préséance ?
Le gouvernement fédéral souhaitait une réponse rapide à ces questions en apparence simples. Les juges ont décidé eux-mêmes de la façon de procéder et de l'échéance, de telle sorte que la réponse n'est venue que deux ans plus tard, soit le 20 août 1998.
À Québec, l'avis demandé par le gouvernement canadien fut perçu comme une façon d'aller chercher des appuis d'ordre juridique sur un sujet strictement d'ordre politique, une façon de refuser à l'avance l'expression démocratique d'un peuple, au nom, en plus, d'une constitution que le Québec n'a jamais acceptée. Aussi, lors des auditions, le gouvernement du Québec refusa d'y participer et d'y envoyer son procureur. La Cour suprême décida alors de nommer elle-même un procureur, un amicus curiae, qui présenterait le point de vue du Québec. Ce fut Me André Joli-Coeur qui plaida, entre autres, que la Cour suprême devait refuser de se saisir d'une question qui était absente de la Constitution et qui était d'ordre politique et non pas d'ordre juridique.
Dans son avis consultatif rendu en août dernier, la Cour suprême juge qu'elle est compétente et qu'elle doit donner une réponse qui est, en gros, la suivante.
À la question 1, la Cour est d'avis que "la sécession d'une province ne peut être réalisée unilatéralement (...) c'est-à-dire sans négociations". Chacune des parties à la fédération a le droit de prendre l'initiative de modifications constitutionnelles et les autres ont l'obligation d'engager des discussions. "Un vote qui aboutirait à une majorité claire, en réponse à une question claire, au Québec en faveur de la sécession, conférerait au projet de sécession une légitimité démocratique que tous les autres participants à la Confédération auraient l'obligation de reconnaître. (...) Les négociations qui suivraient un tel vote porteraient sur l'acte potentiel de sécession et sur ses conditions éventuelles si elle devait effectivement être réalisée."
À la question 2, la Cour répond que non, le Québec ne possède pas, en vertu du droit international, le droit de procéder unilatéralement à la sécession. Elle ajoute toutefois que "le succès ultime d'une telle sécession dépendrait de sa reconnaissance par la communauté internationale".
À la question 3, la Cour répond qu'il n'y a pas conflit entre le droit interne et le droit international sur cette question.
Les leaders politiques se sont d'abord tous déclarés satisfaits de l'avis de la Cour suprême, avec plus ou moins d'enthousiasme toutefois. Mais, dès le lendemain, la polémique reprenait de plus belle pour déterminer qui était le véritable bénéficiaire de cet avis consultatif de la Cour suprême. Chose certaine, le projet de souveraineté du Québec, le projet de sécession comme dit la Cour suprême, est déclaré légitime. Les éditorialistes du Canada anglais qui criaient à la traîtrise face à ce projet devront changer de discours. Quant à la négociation, elle fait partie du projet québécois depuis le premier référendum sur la souveraineté. Mais tous savent à présent que le Canada anglais, dans une telle situation, a le devoir de négocier de bonne foi.
Loi sur le tabac : pour l'amélioration de la santé publique
La lutte contre le tabagisme a franchi une nouvelle étape lorsque, à l'unanimité, les membres de l'Assemblée nationale ont adopté la Loi sur le tabac, le 17 juin dernier. Le ministre de la Santé, Jean Rochon, auteur de ce projet, visait surtout l'amélioration de la santé publique. Quelques objectifs secondaires étaient dans la mire du ministre et de ses supporteurs, regroupés sous la coalition anti-tabac qui avait présenté des mémoires lors des audiences publiques de la Commission parlementaire des Affaires sociales.
Les statistiques sont éloquentes et fournissent des arguments de taille. Chaque année au Québec plus de 11 000 décès sont attribuables directement à la consommation de tabac, alors que les coûts annuels des soins de santé engendrés par les victimes du tabagisme s'élèvent à 600 M $. Et les perspectives n'ont rien d'encourageant puisque le nombre de fumeurs semble en nette progression chez les jeunes; la proportion des fumeurs est passée de 15 à 23 % entre 1991 et 1994. Depuis la publication d'études démontrant que les non-fumeurs constituent des victimes passives de la fumée, l'anti-tabagisme s'est gagné de nouveaux supporteurs malgré le lobby des multinationales du tabac, des détaillants et des bénéficiaires de leurs commandites qui ont déployé l'artillerie de circonstance. L'unanimité de l'Assemblée nationale a été faite sur la qualité de la santé publique. Le Québec rejoint ainsi, en cette matière, les pays de la Communauté européenne, les États-Unis et quelques provinces canadiennes.
La disposition la plus médiatisée a été l'interdiction de toute commandite associée à la promotion du tabac. Les grands événements, autant sportifs que culturels, s'alimentent copieusement à cette source. La loi les invite à abandonner toute commandite de fabricants de tabac d'ici le premier octobre 2000 avec, en contrepartie, la possibilité d'avoir accès à un fonds compensatoire pendant trois ans, question de disposer du temps nécessaire pour trouver de nouveaux commanditaires. Elle leur permet de conserver les fabricants de tabac comme commanditaires jusqu'en 2003, sans droit de participation au fonds compensatoire mis en place par le gouvernement.
La loi contient également des dispositions qui touchent la vente, la promotion, la publicité et l'emballage, la composition du tabac et même les rapports publiés par les fabricants. Dans l'une des dispositions relatives à la vente, le gouvernement impose aux pharmacies de cesser toute vente de tabac le premier octobre 2000. Il a été pris de vitesse par une décision du Tribunal de l'Ordre des professions, intervenant à la demande de l'Ordre des pharmaciens, qui interdit sans délai la vente de produits du tabac dans les pharmacies. Cette interdiction a été adoptée en vertu d'un article de la loi sur l'Ordre des professions qui prévoit que "nul ne peut exercer un commerce incompatible avec son métier, avec l'éthique inhérente à son métier". De plus, la vente est désormais totalement interdite aux mineurs ainsi que dans les milieux scolaires et dans les établissements de santé et de services sociaux.
Quant à l'usage du tabac, plusieurs modalités s'appliqueront selon les lieux. L'idée générale veut que dans les édifices publics de même que dans les hôpitaux et dans les milieux de travail, il ne soit permis de fumer que dans des locaux spécialement aménagés à cette fin. Un délai d'application de la loi est prévu. Par contre, il est dorénavant interdit de fumer dans les écoles et dans les milieux scolaires ou de loisirs où se déroulent des activités destinées aux jeunes. Cette même ordonnance s'appliquera aux transports collectifs. Enfin, les restaurateurs disposent d'un délai variable, selon la taille du restaurant, pour apporter les modifications qui permettront d'isoler les fumeurs des autres clients.
La loi prévoit enfin que le ministre et les villes et municipalités peuvent nommer des inspecteurs dont l'arsenal d'arguments dissuasifs à l'égard des délinquants pourra aller jusqu'à l'imposition d'amendes dont le montant varie selon que l'infraction affecte la protection des non-fumeurs, concerne la vente au détail ou est commise par un fabricant.
Le gouvernement a également saisi l'occasion pour mettre de l'ordre dans la perception de la taxe sur le tabac. Dorénavant, la taxe de vente sur ces produits sera prélevée directement à la sortie d'usine plutôt qu'au comptoir de vente au détail. Cette modification n'affectera pas le prix des cigarettes pour le consommateur mais touchera certains commerçants autochtones qui, exemptés de payer des taxes pour leurs clients autochtones, omettaient, pour ce qui est de la vente de cigarettes à des non-autochtones, soit de percevoir cette taxe, soit de la verser à Revenu Québec.
Conseil des ministres retouché
Le Premier ministre Lucien Bouchard a procédé à un léger remaniement ministériel le 24 septembre. Tous les ministres restent en poste. Quelques-uns voient leurs tâches allégées ou modifiées et trois nouvelles figures accèdent au conseil des ministres. Nicole Léger, députée de Pointe-aux-Trembles, devient ministre déléguée à la Famille et à l'Enfance, allégeant ainsi la tâche de Pauline Marois. Joseph Facal, député de Fabre, et qui est originaire d'Uruguay, se voit confier le poste de ministre délégué aux Affaires intergouvernementales canadiennes, tâche que détenait précédemment Jacques Brassard.
François Legault devient ministre délégué à l'Industrie, au Commerce, à la Science et à la Technologie, apportant ainsi main forte au vice-premier ministre Bernard Landry. François Legault accède au conseil des ministres sans être déjà député. Il devra donc se présenter devant l'électorat à la première occasion, vraisemblablement lors d'une élection partielle à l'automne. Il a été l'un des fondateurs d'Air Transat et y a occupé le poste de président-directeur général de 1986 à 1997. Air Transat est la plus importante compagnie de vols nolisés au Canada.
Désormais, Jacques Brassard devient leader parlementaire, Roger Bertrand ministre responsable des Services gouvernementaux, Mathias Rioux ministre responsable des Aînés, et Jean-Pierre Jolivet ministre des Régions. À moins d'un an de l'échéance électorale, le Premier ministre Lucien Bouchard fait accéder trois jeunes au conseil des ministres, leur âge variant de 37 à 43 ans.
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Bombardier continue son ascension
En juin, Bombardier a dévoilé les résultats financiers pour l'exercice clos le 31 janvier dernier. Il s'agit d'une excellente année puisque le chiffre d'affaires a progressé de 8 à 8,5 MM $ et le bénéfice net de 406 à 420 M $.
Les divisions Aéronautique et Transport ont le vent dans les voiles, le chiffre d'affaires de Bombardier Aéronautique passant de 4 à 6 MM $ et celui de Bombardier Transport de 1,6 à 1,7 MM $. Mais Bombardier Produits récréatifs a régressé de 1,9 à 1,6 MM $. Les ventes de motomarines et surtout de motoneiges ont déçu et les nouveaux produits - véhicule de proximité et véhicule tout-terrain - n'étaient pas encore sur le marché.
La croissance devrait s'accélérer dans ces trois secteurs. Le carnet des commandes de la division Aéronautique atteint les 10 MM $, en hausse de 50 % sur l'année précédente, et celui de la division Transport dépasse les 7 MM $.
Bombardier Aéronautique
Les deux créneaux de prédilection de Bombardier Aéronautique sont celui des avions d'affaires et celui des appareils à réaction régionaux (jets régionaux). Du côté des avions d'affaires, Bombardier offre le Learjet, le Challenger et un Regional Jet adapté et ajoutera bientôt le Global Express. Il détenait 21 % du marché des avions d'affaires en 1997 et compte progresser à 27 % en 1998, ce qui en ferait le numéro un mondial pour ce type d'appareils.
Quant aux jets régionaux, Bombardier est le chef de file des avions de 20 à 70 sièges. Au Salon aéronautique de Farnborough (Grande-Bretagne) au début de septembre, le président du conseil et chef de la direction de Bombardier, Laurent Beaudoin, annonçait son intention de développer un nouveau jet régional de 90 places. Ce créneau n'est occupé par aucun constructeur en ce moment et le marché pour un tel appareil est évalué à 2500 unités au cours des 20 prochaines années. Le coût du développement d'un tel appareil s'élèvera à 1 MM $.
C'est également en septembre que Bombardier annonçait deux grosses ventes : 10 jets régionaux de 70 places et 10 de 50 places à Lufthansa pour un montant de plus de 700 M $; 15 jets régionaux de 50 places et 12 de 70 places à Atlantic Southeast Airlines d'Atlanta pour un montant avoisinant 900 M $. La livraison de ces appareils s'échelonnera jusqu'en 2003.
Bombardier Transport
Depuis le début de 1998, la division Transport a fait l'annonce de quelques nouvelles importantes :
- un contrat de 2 MM $ du Groupe Virgin Rail, de Grande-Bretagne, pour la fourniture et l'entretien de son nouveau matériel roulant : 43 rames automotrices, 140 voitures-passagers et 36 locomotives.
- le choix de sa technologie pour le métro léger automatisé qui doit relier l'aéroport John F. Kennedy de New York et le métro régional. Le contrat obtenu par le consortium AirRail Transit s'élève à 1,75 MM $ et la part de Bombardier serait de 700 M $.
- une lettre d'intention signée à la fin de juin pour la fourniture de 80 voitures de métro à la région de Vancouver pour environ 450 M $.
Emploi : une évolution favorable
Au cours des mois de juillet et août, plus de 80 % des emplois créés au Canada l'ont été au Québec. En août, 15 800 personnes se sont ajoutées au marché du travail et 15 000 chômeurs ont trouvé de l'emploi; il y a donc eu création de 31 000 nouveaux emplois au Québec. Le taux de chômage est passé de 10,9 à 10,5 %.
Le taux de syndicalisation au Québec est depuis très longtemps l'un des plus hauts en Amérique du Nord, en raison du secteur public (gouvernement, éducation, santé) qui est fortement syndiqué. Mais il tend à diminuer. En 1992, il atteignait presque les 50 % alors qu'en 1997, il n'est plus que de 40 %. La contraction du secteur public y est pour quelque chose, de même que l'augmentation du nombre des travailleurs autonomes.
Les emplois en haute technologie sont en forte hausse, particulièrement dans la région de Montréal, mais aussi à Québec. En Amérique du Nord, la région métropolitaine de Montréal est celle où le ratio per capita d'emplois en haute technologie est le plus élevé. Le secteur pharmaceutique, celui des technologies de l'information et du multimédia et celui de l'aéronautique et de l'aérospatiale sont à l'honneur. Ce sont 37 000 personnes qui oeuvrent dans les entreprises aérospatiales, ce qui fait de Montréal le deuxième centre mondial, après Seattle, aux États-Unis.
L'énergie éolienne
Le parc éolien d'Énergie Le Nordais qui compte deux sites, l'un près de Cap-Chat et l'autre près de Matane, en Gaspésie, sera le plus important au Canada. Le premier, celui de Cap-Chat, comptera 76 éoliennes de 750 KW chacune et entrera en service en décembre 1998. Il est en construction et l'échéancier est respecté. C'est pratiquement une éolienne par jour qui y est érigée. Le site de Matane suivra et entrera en service un an plus tard. Ces 130 éoliennes produiront 100 MW pour un investissement prévu de 160 M $.
L'an dernier, Hydro-Québec avait d'abord accordé un contrat de 5 M $ à Le Nordais pour la construction d'un banc d'essai près de Matane qui comportait 3 éoliennes. Par la suite, Hydro-Québec s'est engagé à acheter l'énergie produite jusqu'en 2024. Depuis, Énergie Le Nordais a réussi son plan de financement, obtenant 110 M $ en billets à terme garantis venant à échéance en 2021. La technologie utilisée est celle de Neg Micon, du Danemark, un des partenaires qui composent le groupe Le Nordais.
Il semble bien que ce soit le bon moment et le bon endroit pour harnacher le vent. Selon l'Association canadienne d'énergie éolienne, le Québec possèderait le plus important potentiel éolien d'Amérique du Nord soit 35 000 MW. Par ailleurs, l'énergie éolienne devrait connaître une expansion très rapide au cours des prochaines années, en raison de la nécessité de recourir à des sources d'énergie renouvelables et non polluantes, Protocole de Kyoto oblige. De plus, la nouvelle politique énergétique des États-Unis, dévoilée en mars dernier, exigera des vendeurs d'électricité que 5,5 % de leur chiffre d'affaires proviennent de sources d'énergie renouvelables, à l'exclusion de l'énergie hydroélectrique.
La Conférence internationale des Technologies des énergies renouvelables dans les climats froids qui s'est déroulée à Montréal du 4 au 6 mai, et les audiences publiques sur l'énergie éolienne organisées par la Régie de l'Énergie du Québec à la fin de mai ont toutes deux mis l'emphase sur l'énergie éolienne. Bref, cette source d'énergie renouvelable a le vent en poupe.
Indicateurs économiques
- Le dollar canadien, exprimé en devises US, est passé de 69 ¢ US au début de mai à 64,65 ¢ US à la dernière semaine d'août, subissant une perte de 4,94 ¢ US.
- Le taux d'escompte de la Banque du Canada a été haussé d'un point de pourcentage à 6 % à la fin d'août; au début de mai, il était à 5 %.
- Le produit intérieur brut (PIB) réel du Québec, tenant compte de l'inflation, aux prix du marché, s'est accru en 1997 de 2,7 %, comparativement à 1,0 % en 1996. Précisons, dans ce PIB, qu'au poste de la rémunération des salariés, on enregistre une croissance de 2,8 % en 1997 et qu'au poste des bénéfices des sociétés, on note, avant impôt, une augmentation de 16,9 %, le tout sans prise en compte de l'effet réducteur de l'inflation qui était de 0,9 %.
- Les importations internationales du Québec, au cours des six premiers mois de 1998, s'élèvent à près de 25 milliards $, en augmentation de 12,6 % sur la valeur des exportations du même semestre de l'an dernier.
Élections dans les nouvelles commissions scolaires linguistiques
Fondées il y a plus de 150 ans, les commissions scolaires québécoises ont subi récemment des transformations importantes destinées à les adapter aux réalités contemporaines. Ainsi, à la suite de l'amendement constitutionnel obtenu en décembre 1997, le Québec a remplacé les commissions scolaires catholiques ou protestantes par des commissions fondées sur le critère linguistique. À cette laïcisation du réseau s'est ajoutée une réduction marquée du nombre de commissions scolaires qui sont passées de 156 à 72.
Le 14 juin, ont eu lieu partout au Québec les premières élections des nouvelles commissions scolaires linguistiques. Les commissions scolaires sont dirigées par des conseils de commissaires élus au suffrage universel. Le conseil scolaire assure la gestion de ses écoles et tire une partie de son budget de l'impôt foncier acquitté par les résidents de son territoire.
Les élections scolaires suscitent habituellement un intérêt limité dans la population et cette fois encore la participation populaire a été restreinte. Sur les 1305 postes à combler, plus de la moitié l'ont été sans opposition. Quant à l'attitude des électeurs, elle a varié considérablement selon leur appartenance linguistique. Dans l'ensemble du Québec, les électeurs francophones ont voté dans une proportion de 11,8 % et dans les trois commissions scolaires francophones de l'île de Montréal, la participation n'a guère dépassé les 8 %. Dans la communauté anglophone, en revanche, le scrutin a mobilisé 52 % des électeurs. Les observateurs voient dans ce taux élevé de participation une affirmation identitaire de la minorité anglophone du Québec.
C'est sans doute dans l'espoir de hausser le taux de participation de la population aux élections des conseils scolaires que la ministre de l'Éducation, Pauline Marois, a accueilli avec intérêt la proposition de jumeler à l'avenir les élections scolaires avec les élections municipales, ce qui sera fait à compter de 2002.
Les Ursulines tirent le voile sur le secondaire
Les Ursulines du Vieux Monastère de Québec ont semé tout un émoi en annonçant, fin décembre, la fermeture de la section secondaire de leur école. L'oeuvre de Marie de l'Incarnation débuta à Place Royale en 1639. Mais dès 1642, sitôt le Palais de l'Intendant (aujourd'hui le Château St-Louis) construit sur le promontoire de Québec, les Ursulines s'y installèrent aussi. C'est là qu'elles poursuivent, sans relâche depuis, leur oeuvre d'éducation, tant auprès des autochtones que des filles des arrivants. C'était l'époque où il fallait emmurer les édifices pour se protéger des attaques. Le monastère est une petite forteresse à l'intérieur des murs de Québec. Les Ursulines étaient sans doute loin d'imaginer qu'un jour leur institution serait menacée de l'intérieur.
La communauté vieillit et le recrutement marque le pas. Les Ursulines ne disposent plus des effectifs suffisants pour exercer une présence significative au sein du personnel éducateur, pour témoigner des valeurs qui les ont toujours animées et pour assurer la qualité de la formation qui a fait leur réputation. Leur bassin naturel de clientèle, la population du Vieux-Québec, est composé essentiellement d'adultes. Les jeunes élèves proviennent des banlieues et leur nombre a décru régulièrement ces dernières années, souvent au profit d'autres écoles privées qui ont ouvert leurs portes à la mixité, ce que la vétusté relative des locaux de l'école des Ursulines n'autorisait pas sans investissements considérables.
Les dépenses de fonctionnement d'une telle institution et les salaires du personnel enseignant, combinés à la diminution de la clientèle et à celle des subventions gouvernementales, ont entraîné le cumul de déficits et placé la communauté devant l'inévitable décision. Mince consolation et, en même temps symbole de leur fidélité à l'oeuvre d'éducation de leur fondatrice, les Ursulines regrouperont leurs forces vives et maintiendront ouverte la section primaire de leur école. Pour le public, elles continueront d'animer leur musée, véritable témoin de l'histoire de Québec.
Le Québec et plusieurs générations de femmes doivent beaucoup à cette communauté, reconnue pour son dévouement et pour la qualité de la formation qui y est offerte.
INTERNATIONAL
Le Québec : son commerce extérieur
Le commerce extérieur du Québec comporte deux volets :
- les échanges interprovinciaux, avec les provinces et territoires du Canada;
- les échanges internationaux, avec les pays étrangers.
En 1997, les exportations de biens (services et transferts financiers exclus) s'élèvaient à 55 % du produit intérieur brut (PIB) :
- 20 % dus aux exportations interprovinciales (35 MM $) et
- 35 % aux exportations internationales (60 MM $).
Les principaux pays de destination sont :
- les États-Unis, 82 %;
- le Royaume-Uni, 2 %;
- l'Allemagne, 1,7 %;
- la France et le Japon, 1,4 % chacun.
Les principaux produits exportés sont, dans l'ordre d'importance :
- secteur forestier : pâtes et papiers, papier journal, bois d'oeuvre, contre-plaqués, etc.;
- secteur des transports : avions, moteurs, automobiles, chassis, pièces, etc.;
- secteur des mines et du métal : aluminium, fer, cuivre, nickel, produits finis, etc.;
- secteur électrique et des communications : matériel, appareils, ordinateurs, etc.;
- secteur chimique : produits organiques et inorganiques, plastique, etc.;
- secteur textile et habillement : laine, coton, fibres, tissus, vêtements, etc.;
- secteur agro-alimentaire : viande, poissons, produits laitiers, etc.
Les importations internationales du Québec (58,5 MM $) sont légèrement inférieures à ses exportations internationales (60 MM $).
Les principaux pays d'origine des importations sont :
- les États-Unis, 47 %;
- le Royaume-Uni, 6 %;
- le Japon, 5 %;
- la France, 4 %;
- l'Allemagne, 3,5 %.
Les principaux produits importés sont:
- secteur des transports : automobiles, moteurs et pièces d'avion, etc.;
- secteur des mines et du métal : bauxite, etc.;
- secteur agro-alimentaire : fruits et légumes, etc.;
- secteur de l'énergie : pétrole brut, gaz, etc.;
- secteur des communications : semi-conducteurs, matériel de télécommunication, etc.
La tournée américaine du premier ministre
Après s'être adressé notamment aux législateurs du Maine en mars dernier, au Forum des gens d'affaires du Nord-Est en avril à Montréal, aux leaders socio-économiques de Boston, Atlanta, Chicago et Philadelphie (Mission Québec) en mai, le Premier ministre Lucien Bouchard a pris part à la Conférence des gouverneurs de la région des Grands Lacs, à Chicago, en juillet. Dans ce dernier cas, il fut question en particulier du dossier de l'approvisionnement et du commerce de l'eau, dont on sait que les grandes réserves du Québec font des envieux.
En septembre, il s'adressait à quelque 300 représentants du monde des affaires réunis à l'occasion du World Trade Expo and Governor's Conference à Manchester (New Hampshire), à l'invitation du gouverneur de l'État, Jeanne Shaheen. Le Premier ministre a de nouveau rappelé l'importance des échanges entre le Québec et les États-Unis, premier partenaire économique du Québec, et la vigueur du commerce entre le Québec et le New Hampshire. Depuis dix ans, les échanges commerciaux annuels entre le Québec et cet État sont passés de 280 à 620 millions $.
Comme auparavant, Lucien Bouchard a également expliqué la réalité économique et sociale du Québec et ses avantages concurrentiels, tout en essayant d'en corriger les fausses perceptions.
Diane Wilhelmy, Déléguée générale du Québec à New York
Diane Wilhelmy est entrée en fonction le 14 septembre à la Délégation générale du Québec à New York à titre de Déléguée générale. Elle succède à David Levine qui a quitté après seulement quelques mois pour retourner à son domaine de prédilection, la gestion des hôpitaux.
La nouvelle Déléguée générale a oeuvré dans la haute fonction publique du Québec depuis 1983. Elle a acquis une réputation des plus enviables. Récemment, elle était responsable du Secrétariat et du suivi du Sommet sur l'économie et l'emploi. Elle a aussi oeuvré en milieu universitaire, en début de carrière, à l'Université du Québec, et il y a quelques années, à l'École nationale d'administration publique (ÉNAP) où elle a mis sur pied l'Observatoire de l'administration publique.
Le fleuve Saint-Laurent
Histoire et géographie
Depuis ses débuts, le Québec vit au rythme du fleuve et des saisons. Encore aujourd'hui, 80 % des Québécois vivent dans la vallée du Saint-Laurent qu'encadrent deux chaînes de montagnes, les Laurentides au nord, les Appalaches au sud.
C'est par le fleuve Saint-Laurent que s'est d'abord faite la pénétration du continent nord-américain par les Européens. En 1535, Jacques Cartier remonte le fleuve jusqu'à Stadaconé (Québec), puis jusqu'à Hochelaga (Montréal). Plus tard, les explorateurs s'aventurent jusqu'aux Grands Lacs et au début du Mississipi (Pierre-Esprit Radisson et Médard Chouart des Groseillers, 1658), descendent le Mississipi jusqu'au 33e parallèle (Louis Joliette et le père Jacques Marquette, 1672-1673) et jusqu'à son embouchure (Robert Cavalier de la Salle, 1675).
Aujourd'hui encore, le Saint-Laurent demeure la grande voie navigable qui se rend au coeur de l'Amérique du Nord. Il offre un tirant d'eau de 16 m jusqu'à Québec, 10 m jusqu'à Montréal et près de 8 m jusqu'aux Grands Lacs. Étant remarquablement rectiligne et incliné du sud-ouest au nord-est, il constitue la plus courte route navigable entre l'Europe et le centre de l'Amérique du Nord. Le port de Montréal est accessible douze mois par année; par contre, celui de Chicago ne l'est pas en hiver.
Deux particularités distinguent le fleuve Saint-Laurent des autres grands fleuves du monde : sa source et son embouchure. Sa source est constituée non pas de rivières qui descendent des montagnes mais par une véritable mer intérieure d'eau douce, les cinq Grands Lacs. L'on parlera donc du système hydrographique Saint-Laurent / Grands-Lacs d'une longueur de 3300 km. Son embouchure quant à elle ne forme pas un delta aux multiples ramifications mais un golfe immense où la navigation demeure océanique.
L'ensemble du fleuve comporte trois sections : le golfe, d'une superficie de 150 000 km², va de l'île de Terre-Neuve jusqu'à l'axe Sept-Îles / Gaspésie où la largeur du fleuve est de 110 km; l'estuaire qui se rend de Sept-Îles à l'Île d'Orléans où l'eau cesse d'être salée; le fleuve proprement dit qui va de l'Île d'Orléans jusqu'au lac Ontario et dont la largeur est généralement de un à deux kilomètres.
En raison de l'immense bassin qui constitue sa source, le débit du fleuve Saint-Laurent est très stable tout au long de l'année. Un seul de ses tributaires, l'Outaouais, connaît au printemps une importante crue qui fait monter l'eau du fleuve aux abords de Montréal. En sens inverse, la marée se fait sentir jusqu'à Trois-Rivières, à 1200 km de la mer. Parmi les autres affluents importants du Saint-Laurent, il faut mentionner la rivière Richelieu qui vient du lac Champlain, la rivière Saint-Maurice qui fut la première à être harnachée pour produire de l'électricité, la rivière Saguenay, navigable jusqu'à Chicoutimi et qui est, à sa rencontre du Saint-Laurent, un véritable fjord où vivent baleines bleues et bélugas. Trois de ses affluents ont un débit annuel moyen de plus de 1000 m³/s, et 16 autres dépassent les 100 m³/s.
Le transport maritime
Le transport maritime constitue une activité économique majeure. Outre les opérations qui assurent la bonne circulation des navires (pilotage, garde côtière, signalisation, dragage, brise-glaces), 40 ports commerciaux sont en activité au Québec.
Le port de Montréal en est à la fois le plus grand et le plus polyvalent. Pour le trafic des conteneurs, il est le principal port de la côte Est américaine, dépassant même celui de New York. En 1997, sur un total de 20,7 millions de tonnes métriques de marchandises de toutes sortes qui ont transitées par le port de Montréal, 8,2 millions furent transportées dans 870 368 conteneurs.
Le port de Québec mise plutôt sur le vrac (céréales, minerai et pétrole) avec 15,5 millions de tonnes métriques en transit en 1997. Mais il est aussi de plus en plus utilisé comme destination croisière. La saison 1998 s'avère excellente, Québec s'acheminant vers l'accueil d'environ 45 000 passagers, soit 10 000 de plus que l'an dernier. Et la saison 1999 s'annonce encore meilleure.
Certains bateaux de croisière hésitent encore à venir dans le Saint-Laurent car une disposition du code criminel canadien les oblige à fermer leurs casinos dès leur entrée dans les eaux canadiennes, les privant de deux jours de revenus. Cet obstacle devrait être levé cet automne, le gouvernement canadien ayant annoncé son intention d'amender le code criminel et de permettre aux navires de croisière d'exploiter leurs casinos jusqu'à ce qu'ils soient à 5 milles nautiques du port visité.
La pollution
Depuis les années quarante, le développement industriel, démographique et agricole de la vallée du Saint-Laurent et la pollution provenant des Grands Lacs ont affecté la qualité de l'eau du fleuve. Elle est devenue, entre autres, impropre à la baignade. Il y a dix ans, les gouvernements du Canada et du Québec ont lancé le Plan d'action Saint-Laurent, un important programme visant à combattre la pollution à la source. Les deux premières phases de cinq ans chacune se sont attaquées, avec un certain succès, à la pollution due au rejet des eaux usées des villes dans le fleuve et à la pollution industrielle. Le 9 juin dernier, la ministre fédérale de l'Environnement, Christine Stewart, et le ministre québécois de l'Environnement et de la Faune, Paul Bégin, rendaient publique la troisième phase de ce Plan d'action 1998-2003 appelé Saint-Laurent Vision 2000. Le travail se rapportant à la pollution industrielle et municipale sera continué mais le plan vise en priorité la pollution agricole due aux engrais et aux pesticides et veut aussi évaluer l'impact écologique des activités de dragage et de navigation fluviale.
Mais avant même de procéder à une telle évaluation, le gouvernement du Canada autorisait, en juin dernier, le dragage du chenal, entre Montréal et Québec, afin de porter le tirant d'eau de 11 à 11,3 mètres. Selon lui, ce dragage aura un impact écologique négligeable. Citoyens et écologistes ont demandé en vain des audiences publiques sur ce projet. Ils y voient une menace sérieuse pour l'avenir du fleuve, surtout à la hauteur des îles de Sorel, à l'entrée du lac Saint-Pierre.
Milieu de vie et patrimoine
La santé du fleuve Saint-Laurent, la préservation de ses berges, de ses îles et des témoins de son histoire sont importantes pour les Québécois. Le fleuve, c'est leur milieu de vie et leur patrimoine. Depuis dix ans, la qualité de l'eau s'améliore. Les bélugas ne seraient plus désormais une espèce menacée et la baignade sera bientôt possible à nouveau.
Classée espèce menacée en 1983, la population de bélugas du fleuve Saint-Laurent s'est accrue depuis, passant de 350 à 1000 unités, selon les évaluations faites par les scientifiques. Le biologiste Michael Kingsley de l'Institut Maurice Lamontagne, situé à Mont-Joli sur la rive sud du Saint-Laurent, est allé annoncer cette bonne nouvelle à Monaco où se tenait, en janvier 1998, une conférence sur les mammifères marins. L'interdiction de la chasse, la diminution des matières toxiques dans l'eau du fleuve, les programmes de recherche et de sauvetage portent fruit. "Les résultats sont aujourd'hui encourageants et le déclin est enrayé" affirmait prudemment Michael Kingsley.
La baignade est déjà revenue à certains endroits. Mais plusieurs plages d'autrefois n'existent plus et l'accès au fleuve, pour les citoyens des villes en particulier, a besoin d'être réinventé. À Québec, la Société des Gens de Baignade, fondée en 1996, fait la promotion de l'accès du public aux plans d'eau et propose même l'aménagement du bassin Louise pour la baignade. Ce bassin sert actuellement de marina. Il faut dire que les amateurs de voile sont mieux servis que les baigneurs. Près d'une centaine de marinas émaillent les rives du Saint-Laurent. Il faudrait encore parler de la pêche sportive, de la chasse d'automne à la sauvagine, des nombreuses croisières intérieures qui sillonnent le fleuve, autant de façons pour les Québécois de prendre possession de leur fleuve. Il faudrait mentionner la pêche commerciale, principalement dans le golfe, qui connaît depuis quelques années d'immenses difficultés, menaçant ainsi le mode de vie voire même la survie de plusieurs communautés de la Gaspésie et de la Côte-Nord.
Les Québécois sont de plus en plus conscients de la valeur patrimoniale du fleuve Saint-Laurent et les gestes pour le protéger et le mettre en valeur se multiplient. Le 12 juin dernier, le Parc marin Saguenay / Saint-Laurent a été officiellement inauguré à Tadoussac par la ministre du Patrimoine canadien, Sheila Copps et le ministre de l'Environnement et de la Faune du Québec, Paul Bégin. Cet immense espace de 1100 km² s'étend de Cap-à-l'Aigle aux Escoumins et remonte le Saguenay jusqu'à Sainte-Rose-du-Nord. Ce territoire inclut, dans le Saint-Laurent, la fosse laurentienne, l'habitat des grandes baleines bleues et des bélugas.
À Montréal, sur l'île Sainte-Hélène, la Biosphère, un centre d'interprétation du système Saint-Laurent / Grands-Lacs, retrace les différentes étapes de cet écosystème. En cette année internationale des océans et en écho à l'exposition internationale de Lisbonne, la Biosphère présente cette année une programmation spéciale, Plaisirs d'eau, qui explore à sa façon le monde océanique.
Quelques références
- Jean-Claude Lasserre, Le Saint-Laurent, grande porte de l'Amérique, Hurtubise HMH, 1980, 753 pp.
(Ouvrage fondamental sur le Saint-Laurent)
- Jean Provencher, Les Quatre Saisons dans la vallée du Saint-Laurent, Boréal, 1988, 607 pp.
- Gatien Lapointe, Ode au Saint-Laurent, Les Éditions du Jour, 1963, 94 pp.
- Frédérick Back, Le Fleuve aux grandes eaux, Vidéo-cassette, Radio-Canada, 1993.
Secrétariat à la mise en valeur du Saint-Laurent
600, boul. René-Lévesque Est / Québec (Québec) / Canada G1R 5A8
Téléphone: (418) 643-7788 / Télécopieur: (418) 646-9959
Réforme de l'aide sociale : mieux contrôler pour mieux aider
Malgré une baisse significative du nombre des bénéficiaires de l'aide sociale, le gouvernement du Québec a voulu peaufiner ses dispositions législatives de façon à aider davantage chaque catégorie de prestataires. Sur proposition de la ministre d'État de l'Emploi et de la Solidarité, Louise Harel, l'Assemblée nationale adoptait, le 19 juin 1998, la Loi 186 qui apporte quelque 107 amendements à la Loi sur le soutien au revenu et favorisant l'emploi et la solidarité sociale. Ces amendements veulent diminuer la dépendance à l'aide sociale pour les personnes aptes au travail et assurer un soutien financier adéquat aux personnes qui en ont véritablement besoin.
Moins de prestataires
La clientèle de l'aide sociale diminue au Québec. Elle était de 800 000 au cours des années 1995 et 1996 et inférieure à 700 000 en 1997.
La diminution du nombre des prestataires s'explique par l'amélioration de l'emploi dans plusieurs secteurs de l'économie. Elle trouve également son explication dans le resserrement des contrôles et l'élimination des fraudeurs du système.
Parmi ces contrôles, trois mesures ont eu un impact significatif : le croisement des fichiers d'information de l'aide sociale avec ceux de plusieurs ministères et organismes, dont celui du Revenu; la vérification accrue de l'admissibilité des jeunes; la remise de main à main des chèques mensuels pour certaines catégories de prestataires aptes au travail, ainsi invités à se présenter en personne à un moment déterminé pour recevoir leur chèque d'allocation. La combinaison de ces trois mesures aura fait économiser plus de 100 M $ au ministère de l'Emploi et de la Solidarité au cours de la seule année 1997-1998.
Ces économies permettront sans doute au gouvernement, sitôt atteint l'objectif du déficit zéro prévu pour l'an prochain, d'indexer les prestations des bénéficiaires. En effet, le montant des prestations est demeuré le même depuis 1993, faisant perdre 8 % du pouvoir d'achat à une clientèle déjà acculée au seuil de la pauvreté.
Les amendements
Entre-temps, les amendements apportés à la loi apportent nombre d'améliorations tant pour les jeunes et que pour tous ceux qui sont à la recherche d'emploi.
Les jeunes constituent une clientèle importante parmi les 700 000 bénéficiaires qui ont recours à l'aide sociale. Alors que les 15-29 ans comptent pour 30 % de la population âgée de 15 ans et plus, ils forment plus de 40 % du contingent des chômeurs. La réforme vise au tout premier chef les jeunes de 18 à 24 ans, aptes au travail et sans enfants à charge, en leur faisant obligation de participer au programme Parcours vers l'insertion, la formation et l'emploi. Ceux qui refusent cette démarche voient leur allocation sérieusement réduite, sans pour autant être annulée. Quelque 36 000 jeunes sont donc interpellés par cette mesure qui entrera en vigueur le 1er septembre 2000.
Selon la même orientation, des personnes qui réalisent des activités bénévoles auprès d'organismes à but non lucratif pourront bénéficier d'une aide financière additionnelle. Cette action bénévole pourra en effet être incluse dans un parcours individualisé vers l'insertion, la formation et l'emploi dans la mesure où elle permet le développement d'habiletés susceptibles de favoriser l'estime de soi, la valorisation personnelle et l'accès au marché de l'emploi.
Une autre disposition importante de cette réforme réside dans l'allocation de 500 $ que peuvent toucher les prestataires de la sécurité du revenu ou de l'assurance-emploi au moment de commencer un nouvel emploi d'au moins 25 heures/semaine payées au taux du salaire minimum. Cette allocation servira à couvrir certains frais comme le transport, l'achat de vêtements et la garderie, dépenses qui s'avéraient souvent un frein à l'acceptation d'un emploi rémunéré au salaire minimum. Au cours du seul mois de juin, premier mois de sa mise en application, plus de 3200 jeunes ont eu recours à cette allocation.
Parmi la brochette de changements introduits par la Loi 186, il y a lieu de souligner la modification apportée à la notion de refus ou d'abandon d'un emploi et qui se traduisait par un délai à l'admissibilité à l'aide ou par la réduction des prestations. Dorénavant, toute personne qui doit abandonner un emploi pour motif sérieux pourra faire valoir sa cause et, si l'emploi n'est pas jugé convenable, elle aura droit à une pleine et entière prestation.
Enfin, cette réforme aura le mérite d'harmoniser plusieurs programmes gérés par différents ministères et organismes et dont le chevauchement des clientèles et le dédoublement des responsabilités entraînaient des coûts élevés, généraient des lourdeurs administratives importantes et multipliaient les incongruités sinon les contradictions.
Le Conseil du statut de la femme a 25 ans
Créé en 1973 par le gouvernement du Québec, le Conseil du statut de la femme (CSF) a donc 25 ans. À l'époque, le gouvernement répondait aux demandes pressantes des groupes affiliés à la Fédération des femmes du Québec. Malgré cela, il s'est trouvé nombre de féministes militantes pour accueillir cette initiative avec scepticisme. Certaines l'ont même vertement dénoncée.
Aujourd'hui, tous s'accordent à reconnaître le bilan positif de l'action du Conseil. Ainsi, grâce à cette institution publique, les femmes ont pu participer à l'élaboration des politiques et des lois qui ont eu un impact important sur leur vie. Elles ont su influencer l'évolution de leur situation sociale, économique et politique en conseillant le gouvernement sur tous les sujets touchant l'égalité des sexes et les droits des femmes.
En contrepartie, le CSF a aussi eu le mandat d'informer le public, et singulièrement les femmes, sur toutes les questions relatives à la condition féminine. C'est ainsi qu'il s'est intéressé aux effets du Code civil sur les droits des femmes, qu'il a fait des représentations sur la publicité sexiste, les services de garde, les congés de maternité, les pensions alimentaires et les problèmes inhérents à la violence faite aux femmes et à la pauvreté. Des progrès remarquables ont été réalisés dans divers domaines, consacrant l'égalité formelle, légale et juridique des femmes.
Mais il reste beaucoup à faire pour que cette reconnaissance officielle s'incarne dans la vie quotidienne. Vingt-cinq ans après la création du Conseil, sa présidente, Diane Lemieux, constate que "l'exercice de ces droits est plus périlleux en raison de l'évolution du marché du travail, de la mondialisation de l'économie et des profondes mutations de la société québécoise".
Dans son message à l'occasion du 25e anniversaire du CSF, la ministre responsable de la condition féminine, Louise Harel, a souligné la contribution exceptionnelle du Conseil du statut de la femme "à l'amélioration des conditions de vie des Québécoises et, ainsi, au mieux-être de l'ensemble de la société (...) Par ses activités de toutes sortes, le Conseil a fait reculer les barrières qui font obstacle à l'égalité entre les hommes et les femmes".
Avec beaucoup d'autres analystes et observateurs du monde contemporain, elle conclut : "À l'échelle de la planète, nous pouvons aujourd'hui affirmer que le Québec se situe dans le peloton de tête en matière d'égalité des droits pour les femmes".
Approfondissant son mandat, le Conseil entend maintenant se pencher sur les facteurs qui influencent l'évolution de la société et qui ont une incidence sur la condition féminine. Il compte mener des études sur les changements démographiques, sur l'intégration des immigrants dans une société de plus en plus pluraliste et cosmopolite ainsi que sur la gestion de la diversité culturelle et religieuse. Il s'intéressera aussi à la progression des femmes sur le marché du travail, à la précarité de l'emploi et la persistance du sexisme et des stéréotypes. Le CSF reste convaincu de la nécessité de poursuivre les efforts si l'on veut assurer l'égalité entre les hommes et les femmes.
La Grande bibliothèque du Québec verra le jour ...
Au mois de juin, l'Assemblée nationale a adopté à l'unanimité le projet de loi portant création de la Grande bibliothèque du Québec. Cette décision s'inspire des recommandations d'un comité de travail présidé par le président de la Place des Arts de Montréal, Clément Richard. Ainsi prend fin un long débat né des problèmes de budget et d'espace que connaissent depuis longtemps la Bibliothèque nationale du Québec et la Bibliothèque centrale de Montréal. Une nouvelle entité autonome, la Grande bibliothèque du Québec, gérera les deux collections aujourd'hui dispersées dans plusieurs édifices.
L'emplacement retenu pour la construction du nouvel édifice est celui de l'actuel Palais du commerce, rue Saint-Denis, au carrefour des lignes du métro de Montréal et voisin du terminus des autobus interurbains. Outre cette grande accessibilité, la Grande bibliothèque, située au cœur du quartier latin, offrira au public un environnement propice où l'on retrouve plusieurs institutions vouées à l'enseignement supérieur (dont l'Université du Québec à Montréal), au cinéma et à la création audiovisuelle. Elle comportera des aires réservées au jeune public, des aménagements pour les personnes handicapées ainsi que des espaces destinés à l'animation où les techniques modernes d'accès aux textes seront largement utilisées.
Un budget de 80 millions $ sera consacré à l'achat du site et à la construction des locaux. Le budget annuel de fonctionnement est évalué quant à lui à 25 millions $. Les travaux commenceront après l'adoption des plans qui font présentement l'objet d'un concours. L'ouverture officielle est prévue pour l'an 2001.
...sous l'égide de Lise Bissonnette
La première présidente-directrice générale de la Grande bibliothèque du Québec est entrée en fonction le 10 août. Il s'agit de Lise Bissonnette qui était jusqu'à tout récemment directrice du quotidien Le Devoir.
Journaliste et romancière, Lise Bissonnette a oeuvré au Devoir de 1974 à 1986 à titre de journaliste puis d'éditorialiste et de rédactrice en chef. En juin 1990, elle y revient comme directrice. En huit ans, elle aura réussi à remettre Le Devoir sur des bases administratives et financières solides, à renouveler la maquette du journal, ce qui lui a valu d'être reconnu comme l'un des plus beaux journaux au monde, et à nourrir la page éditoriale de textes percutants. Passionnée des livres et de l'éducation, Lise Bissonnette est la personne toute désignée pour mener à bien cet emballant projet que constitue le Grande bibliothèque du Québec.
Actualités - Cinéma
François Girard
Il s'est fait connaître pour son film Trente-deux films brefs sur Glenn Gould, présenté à Venise en 1993. Il était de retour à La Mostra cette année avec son tout récent Violon rouge. C'est l'histoire d'un violon qui chemine à travers quatre siècles et cinq pays (trois continents). Tourné en cinq langues (allemand, anglais, chinois, français et italien), il a bénéficié d'une distribution internationale. François Girard et son Violon rouge étaient invités à inaugurer la série Nuits et étoiles le soir de l'ouverture du Festival, le 3 septembre 1998, en première mondiale. Le 10 septembre, le Violon rouge inaugurait le 23e Festival international du film de Toronto. Il sortira sur les écrans à la mi-novembre.
Roger Frappier
En mai dernier, le Festival de Cannes honorait onze producteurs de films du monde entier. Parmi eux le Québécois Roger Frappier connu pour avoir produit, entre autres, Le Déclin de l'empire américain de Denys Arcand, Anne Trister de Léa Pool et Un Zoo la nuit de Jean-Claude Lauzon.
Robert Lepage
Le dernier film de Robert Lepage, Nô, inaugurait le 22e Festival des films du monde de Montréal, le 27 août dernier. Il est en demande, depuis, dans nombre de festivals du film à travers le monde. L'histoire a été adaptée de l'une des branches de sa pièce fleuve Les Sept branches de la rivière Ota, qui a connu une carrière mondiale. Il s'agit d'une comédie burlesque qui se réfère à la fois à la présence canadienne à l'exposition universelle d'Osaka au Japon et aux événements d'Octobre 1970 au Québec, qui étaient concomitants.
Exposition Rodin à Québec : un record d'affluence
Grâce à la collaboration du Musée Rodin de Paris qui lui a prêté de nombreuses pièces, l'exposition Rodin à Québec présentée par le Musée du Québec du 4 juin au 14 septembre a battu tous les records canadiens d'affluence : 525 000 entrées. Le précédent record était détenu par le Musée des Beaux-Arts de Montréal qui avait accueilli 517 000 visiteurs lors de son exposition Picasso en 1985.
Le directeur du Musée Rodin de Paris, Jacques Vilain, déclarait au quotidien Le Soleil que c'est "de loin la plus importante et la plus complète des présentations que nous avons faites à l'extérieur. La mise en scène réalisée par les gens de Québec est admirable de clarté et de simplicité."
Le Musée du Québec n'avait rien ménagé pour accueillir Rodin et inviter Québécois, Canadiens et Américains à se déplacer à Québec pour venir admirer l'Âge d'airin, le Baiser, les Bourgeois de Calais et découvrir de surprenants dessins et gravures. Au total 155 oeuvres, dont 103 sculptures, provenaient du Musée Rodin auxquelles s'ajoutaient 36 oeuvres prêtées par des collections canadiennes. En complément, une salle présentait les oeuvres d'Alfred Laliberté, un grand sculpteur québécois fortement influencé par Rodin.
Ce succès de foule est d'abord dû à Rodin lui-même, mais aussi à l'imagination et à l'audace des responsables du Musée du Québec. Les jeunes de moins de 16 ans étaient admis gratuitement, les aveugles étaient reçus à des moments précis, en très petits groupes, et pouvaient toucher certaines pièces. L'achalandage n'a pas connu de baisse tout au long de l'exposition qui s'est terminée sur un point d'orgue : le Musée est resté ouvert nuit et jour, 42 heures d'affilée.
Politique de la lecture et du livre
En mars dernier, madame Louise Beaudoin, ministre de la Culture et des Communications, a soumis à la consultation un projet de politique de la lecture et du livre intitulé Le temps de lire, un art de vivre. La consultation a pris notamment la forme d'un sommet regroupant, en avril, tous les acteurs de la chaîne de production et de distribution du livre. Le 18 juin, le Gouvernement du Québec a rendu publiques les orientations retenues.
La version définitive reprend le projet antérieur en y apportant toutefois quelques changements substantiels, notamment au plan des moyens. Le budget annuel consacré au secteur du livre passera de 43,7 à 57 millions $ au cours des trois prochaines années. Quelque 60 % de ce montant sera consacré à l'achat de livres. Le rythme des acquisitions va s'accroître ainsi d'environ 50 % et on évalue à 1,6 million le nombre de volumes que pourront acquérir chaque année les bibliothèques scolaires et publiques.
Mais la politique annoncée donnera également un coup de pouce à l'édition d'œuvres littéraires québécoises, accordant désormais une place prépondérante à la littérature québécoise dans les cours de français et dans les bibliothèques scolaires. Les bibliothèques publiques bénéficieront quant à elles d'un programme de soutien au développement des collections et les auteurs québécois devront compter pour au moins 30 % des achats.
La politique de la lecture et du livre est mise progressivement en œuvre à partir de septembre. Certains volets complémentaires pourront s'y ajouter, à la lumière d'études actuellement en cours. Le Groupe de travail sur la consolidation et la rentabilité des librairies déposera prochainement ses recommandations qui traiteront notamment de la question controversée du prix de vente unique. La Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) procédera à l'évaluation des programmes d'aide à l'édition et examinera la possibilité d'instaurer un crédit d'impôt à l'édition. Enfin, un programme de recherche sur la lecture sera créé conjointement par le ministère de la Culture et des Communications, celui de l'Éducation et le Fonds pour la formation de chercheurs et l'aide à la recherche (FCAR).
Succès de librairie (de mai à août 1998)
Littérature
Bruno Hébert, C'est pas moi, je le jure, Boréal
Micheline Lachance, Julie Papineau, tome 2 : l'exil, Québec-Amérique
Paul-Chanel Malenfant, Quoi, déjà la nuit ? Hexagone
Jacques Poulin, Le Chat sauvage, Leméac/Actes Sud
Essais, études
Louise Bourbonnais, Marie-Soleil, Alain Stanké
Michel Lessard, L'île d'Orléans, De l'Homme
Claude Morin, La Dérive d'Ottawa, Boréal
Isabelle Nagare-Aga, Les manipulateurs sont parmi nous, De l'Homme
Le cirque suscite intérêt et vocations
Le Cirque du Soleil a, dit-on, réinventé le cirque et il a connu à travers le monde un succès retentissant. Sous son inspiration, le phénomène du cirque continue de susciter intérêt et vocations.
Circus Magicus
Le Musée de la Civilisation présente, de juin 1998 à septembre 1999, Circus Magicus, une exposition qui raconte l'histoire du cirque et en présente les différents aspects sous trois chefs : la passion (les artistes), l'imagination (les concepteurs) et les sensations (les spectateurs). Les articles mis en montre proviennent de plusieurs musées (Paris, New York, etc.) et surtout de l'imposante collection du Dr Alain Frère, maire de Tourette-Levens en France.
À l'occasion de cette exposition, le Musée de la Civilisation s'anime des arts du cirque et présente démonstrations et spectacles. En juillet, il offrait au public un festival du film du cirque comprenant, entre autres, Freaks de Tod Browning (1932), At the Circus d'Edward Buzzell (1939), Lola Montès de Max Ophuls (1955), Trapèze de Carol Reed (1956) et La Comtesse de Bâton-Rouge du Québécois Marc-André Forcier (1997).
À compter de septembre 1999, et pour trois ans, Circus Magicus sera présenté dans plusieurs villes d'Europe et des États-Unis.
Circo-Cité
C'est au Festival d'été de Québec, il y a 15 ans, que naissait le Cirque du Soleil. Cet été, le Festival faisait à nouveau une large place au cirque en présentant Circo-Cité. Circo-Cité, c'était un Quartier forain, une enfilade de tentes présentant des petits spectacles de cirques itinérants, et la Place des Acrobates où les spectateurs jeunes et moins jeunes étaient invités à devenir acrobates, à s'initier au fil de fer, au trapèze, à la trampoline et à manipuler balles et pédales.
Le Cirque Éos
L'École du cirque de Québec, fondée en 1989, a franchi une étape importante de sa jeune histoire en créant pour ses finissants le Cirque Éos. En juin 1998, il présentait à Québec son premier spectacle, Imaginaire. Mais déjà au printemps, en Belgique, son quatuor d'acrobates remportait la médaille d'or et la médaille d'argent au Festival international La piste aux espoirs. Et fin juillet, aux États-Unis, le Cirque Éos remportait avec Imaginaire la médaille d'or du Festival international des jongleurs d'Amérique, à Primm Valley au Névada. Il y a lieu de noter que la médaille d'or de ce festival n'est remise qu'exceptionnellement; c'est la première depuis 1993. Le Cirque Éos peut maintenant songer sérieusement à entreprendre, lui aussi, une carrière internationale.
Le Cirque Éloize
Déjà bien lancé, le Cirque Éloize a été fondé en 1993 à Havre-aux-Maisons, aux Îles-de-la-Madeleine (une éloize est une éclaire de chaleur dans le langage des Madelinots). Il a maintenant son siège social à Montréal et s'est déjà produit sur trois continents. Le 30 juillet dernier, il était de retour à Havre-aux-Maisons pour célébrer son 5e anniversaire et présenter son nouveau spectacle, Excentricus. Comme le Cirque du Soleil, bien qu'à une échelle plus modeste et avec son style propre, à la fois poétique et théâtral, il sait intégrer les arts au cirque. Cet été, il est parti pour Hong Kong avec Excentricus et se rendra par la suite au Brésil, aux États-Unis et en Europe. La musique originale d'Excentricus, de Denis Hébert, paraîtra sur cédérom à l'automne.