QUÉBEC InfoHIVER 2002
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***** FRANCE AU QUÉBEC / LA SAISON
L’objectif était ambitieux : présenter aux Québécois une image neuve et dynamique – un portrait dépoussiéré, a-t-on dit – de la France actuelle. Catherine Tasca, ministre de la Culture et de la Communication de la République française, a souligné l’importance et l’envergure de l’événement qui témoigne du modernisme et de la diversité de la culture française. C’est la première fois que la France organise un happening culturel aussi considérable hors de l’Hexagone et exporte sa culture dans un concept de saison.
Pour juger de l’ampleur de l’événement France au Québec / la saison, il suffit de noter que pas moins de 700 artistes français ont tenu l’affiche dans plusieurs régions du Québec. Toutes les disciplines de la culture moderne étaient présentes : théâtre, conte, danse, nouveau cirque, photo, design, musique, arts visuels, cinéma, littérature, et même les nouveaux concepts de jardins. À cela s’ajoutent les volets technologiques, scientifiques et économiques. Jamais aura-t-on vu un tel déploiement de la culture française au Québec. Une présence prestigieuse qui répondait, en quelque sorte, au Printemps du Québec en France en 1999. Pour la ministre d’État à la Culture et aux Communications du Québec, Diane Lemieux, l’événement est plus qu’un "retour d’ascenseur, il s’agit d’une forme de renouvellement des relations entre la France et le Québec".
Un aperçu du programme
L’affiche théâtrale a réservé plusieurs surprises. Par exemple, le Théâtre national de l’Odéon (Paris) a présenté L’Orestie d’Eschyle dans huit villes du Québec, le Point du Jour (Lyon) a joué une œuvre de Marguerite Duras, L’Amante anglaise, tandis que le Groupe Tsé a proposé une relecture audacieuse de Les Bonnes de Jean Genet. Pour sa part, le Théâtre du Binôme a interprété une œuvre de Jean-Luc Lagarce, Le Pays lointain. En musique populaire, plusieurs artistes ont occupé les scènes du Québec dans toutes les régions, notamment Daran, Néry, les Hurlements d’Léo, le Duo du pavé. Des compagnies de danse et de jazz, des formations de musique électronique, des interprètes de musique classique ont apporté une contribution prestigieuse à cet événement. Musées et galeries ont accueilli plusieurs expositions qui démontrent la vitalité et la modernité des arts visuels en France. Des artistes de l’Hexagone et des artistes québécois s’étaient associés pour présenter des productions originales.
À Québec même, ce sont les maîtres artificiers qui ont le plus impressionné. Sur une scène de 350 mètres de large, le Groupe F a donné, le 8 septembre au soir, une prestation pyrotechnique à grand déploiement qui a ravi les quelque 75 000 Québécois qui s’étaient donné rendez-vous sur les plaines d’Abraham. Au son d’une musique bien rythmée, aux accents parfois mystérieux, les artificiers ont embrasé la scène de rideaux de feu et impressionné les spectateurs par toute cette beauté et cette magie. Entre ces colonnes de feu qui surgissaient d’un bout à l’autre de l’immense scène, des comédiens en habits ignifuges, portant sur leur dos des gerbes d’étincelles, exécutaient une chorégraphie lumineuse.
Rapprochement France-Québec
France au Québec / la saison a connu un vif succès. Plus de 650 000 visiteurs des expositions et salons, spectateurs des grandes prestations publiques, auditeurs des événements théâtraux et musicaux, participants à tous les événements ont été conquis par le déploiement culturel de la France qui s’est déroulé au Québec du 1er septembre au 30 novembre 2001.
L’objectif de départ a été largement atteint. Le responsable de l’événement à l’Association française d’action artistique, Aldo Herlaut, a soutenu que la "ligne éditoriale était claire : offrir une image moderne et actuelle de la création en France, (…) stimuler les échanges (entre les artistes) et donner le goût de la découverte. Je crois, dit-il, que le pari a été tenu".
Les liens étroits qui unissent la France et le Québec depuis tant d’années se trouvent prolongés par cette connivence artistique, a affirmé la ministre d’État aux Relations internationales, Louise Beaudoin. "Voilà, dans une large mesure, l’objectif recherché par des manifestations culturelles … c’est de nous faire connaître et de nous reconnaître dans nos multiples visages. C’est de partager, dans une foule de secteurs de l’activité humaine, ce que nous avons à offrir l’un à l’autre et à l’ensemble du monde". Et la ministre ajoute "que nous partageons beaucoup plus qu’une langue. Que cette langue est le début, et non la fin, de ce qui nous rapproche et de ce que nous investissons en commun. Dans le monde actuel que guette l’uniformisation, dit-elle, cette mise en commun est plus précieuse que jamais. Elle est notre force".
Vraiment, la France a offert au Québec une belle saison !
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***** NOUVEAUTÉS EN LIBRARIE (de septembre à décembre 2001)
Littérature
Nelly Arcand, Putain, Seuil
Georges-Henri Germain, Le Château, Art global
Marie Laberge, Florent - Le goût du bonheur, tome 3, Boréal
Antonine Maillet, Madame Perfecta, Leméac
Denis Monette, Le Rejeton, Logiques
Guillaume Vigneault, Chercher le vent, Boréal
Études, Essais
Michel Auger, L’attentat, Trait d’Union
Pierre Godin, René Lévesque, tome 3. L’espoir et le chagrin. Boréal
Normand Lester, Le livre noir du Canada anglais, Les Intouchables
Michel Vastel, Landry. Le grand dérangeant, L’Homme
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***** QUELQUES FILMS QUÉBÉCOIS
La cuvée 2001 du cinéma québécois réserve de très bonnes surprises aux cinéphiles. Il s’agit souvent de films d’auteur, produits à petit budget (2,5 millions $ en moyenne).
Le film sobre et beau de Pierre Falardeau, 15 février 1839, est sorti en salle en janvier 2001. Il raconte fidèlement les 24 dernières heures du patriote De Lorimier qui, avant de mourir, avait écrit son testament.
La Forteresse suspendue, du réalisateur Rock Demers et du cinéaste Roger Cantin, est un film pour les jeunes qui est sorti sur les écrans en juin. Il fera revivre aux plus âgés le plaisir qu’ils avaient eu, il y a 17 ans, à découvrir le premier film de la série Les contes pour tous, La Guerre des tuques.
La femme qui boit de Bernard Émond a été présenté à la Semaine de la critique, à Cannes, en mai.
Les trois films, Une jeune fille à la fenêtre de Francis Leclerc, son premier long métrage, L’ange de goudron de Denis Chouinard et Mariages de Catherine Martin, son premier long métrage, ont été présentés en compétition pour le Grand Prix des Amériques au 25e Festival des Films du Monde de Montréal, fin août.
Un crabe dans la tête d’André Turpin a inauguré la série Perspective Canada du Festival international du film de Toronto, début septembre.
Mentionnons enfin Le Ciel sur la tête de Geneviève Lefebvre et André Melançon, filmé à l’Île d’Orléans, Crème glacée, chocolat et autres considérations de Julie Hivon, La Loi du cochon d’Érik Canuel, Danny In The Sky de Denis Langlois et Lost and Delirious de Léa Pool (sous-titré en français sous le titre de Rebelles).
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***** LE TNM A 50 ANS
Le Théâtre du Nouveau Monde (TNM) est jubilaire. Fondé à Montréal en 1951 par Jean Gascon et ses amis Jean-Louis Roux, Georges Groulx, Guy Hoffmann, Robert Gadouas et Éloi de Grandmont, - des noms qui ont marqué l’histoire du théâtre au Québec -, le TNM est vite devenu une institution. Cette compagnie de théâtre demeure la plus prestigieuse du Québec qui en compte pourtant plusieurs et dont la créativité n’est plus à démontrer. La directrice actuelle, Lorraine Pintal, a voulu célébrer l’événement en mettant à l’affiche la pièce avec laquelle le TNM avait débuté, L’Avare de Molière.