QUÉBEC Info

HIVER 2002

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ÉCONOMIE

***** HYDRO-QUÉBEC - PLAN STRATÉGIQUE 2002-2006
F
in du gel des tarifs et place au secteur privé

Le nouveau plan stratégique dévoilé à la fin d’octobre par la direction d’Hydro-Québec prévoit des hausses de tarifs de 1,5 % à 2,0 % pour 2004, 2005 et 2006, mettant ainsi fin à six années de gel des tarifs pour la clientèle québécoise résidentielle.  Le plan prévoit aussi faire une place aux producteurs privés dans le cadre d’une nouvelle approche d’approvisionnement par soumissions publiques qui doit être mise en marche incessamment.

Les hausses de tarifs, qui n’excéderont pas les taux prévus d’inflation, visent à rentabiliser les opérations de la division distribution au Québec, traditionnellement déficitaire, et dont les pertes sont comblées par les divisions production et transport.  La Coalition des associations de consommateurs n’a pas tardé à dénoncer cette décision arguant que cette entreprise publique génère déjà des profits de plus d’un milliard $.  Pour le président d’Hydro, André Caillé, les profits actuels de l’entreprise ne représentent que 7,1 % des capitaux investis et l’objectif pour 2006 est de réaliser un rendement de 9,1 %, encore inférieur au rendement moyen des entreprises de service public comparables.  Malgré ces hausses, les tarifs québécois seront encore parmi les plus bas en Amérique du Nord.

Le plan stratégique introduit une nouvelle approche pour l’approvisionnement.  La division distribution pourra d’abord compter sur un bloc de 165 TWh fourni par la division production d’Hydro-Québec, désigné "électricité patrimoniale", à un coût déterminé de 2,79 cents le kWh.  Ce bloc correspond à la capacité de production actuelle de la société, incluant certains projets hydroélectriques déjà planifiés sur les rivières Toulnustouc et Péribonka.  Pour la satisfaction des besoins supplémentaires, que le plan établit à environ 11 TWh d’ici la fin de la décennie, Hydro-distribution doit soumettre un plan d’approvisionnement à la Régie de l’énergie.

Les besoins anticipés dans le plan seront comblés par soumissions publiques auprès des producteurs privés.  Hydro-production pourra également participer aux soumissions.  Un premier appel d'offres pour une capacité de 1000 MW doit être lancé bientôt.  On s’attend à ce que le coût de l’énergie ainsi acquise se situe entre 5 et 6 cents du kWh.  Cette nouvelle orientation marque la fin du monopole d’Hydro-Québec sur la production d’électricité, qui durait depuis au-delà de 60 ans.

Place à l’éolien et au thermique

Parmi les achats effectués auprès des producteurs privés, Hydro-Québec compte réserver 50 MW par année à l’énergie éolienne.  Cette nouvelle a été bien accueillie par la direction d’Axor, le seul producteur québécois d’énergie éolienne, qui dispose d’une capacité d’environ 100 MW dans la péninsule gaspésienne.  L’offre pourrait intéresser d’autres producteurs, comme Boralex, qui vient d’annoncer un projet de construction de centrale éolienne en France (voir autre texte dans ce numéro).

Mais l’ouverture à l’éolienne semble encore trop timide pour permettre un véritable essor de cette filière au cours de la prochaine décennie.  Hydro-Québec ne cache pas ses réserves sur cette source d’énergie, plus coûteuse et d’un débit irrégulier.  La société d'État mise surtout sur la filière thermique pour satisfaire le gros de ses besoins futurs et elle compte le faire à l’interne, avec les ressources d’Hydro-production.  Un premier projet a déjà été rendu public et a reçu l’aval des autorités gouvernementales, celui d’une centrale de 800 MW alimentée au gaz naturel qui sera construite près de Châteauguay.  Le plan stratégique laisse entrevoir la construction d’autres projets.

L’annonce de ces nouvelles lignes de production ne signifie pas la mise au rancart de l’hydroélectricité.  La filière hydroélectrique reste ouverte aux producteurs privés, pour lesquels le ministère des Ressources naturelles a identifié une trentaine de sites propices à la construction de petites centrales de moins de 50 MW.  De grands projets sont encore envisagés dans le Nouveau- Québec, dont celui de la rivière Eastmain qui fournira 1200 MW.  Mais l’énergie fournie par un tel projet ne pourra être disponible avant dix ans, en raison des délais requis par les études d’impact, les négociations avec les populations autochtones et la complexité des travaux de construction.  La centrale thermique de Châteauguay sera terminée dans moins de cinq ans et sa production pourra répondre aux besoins du marché des années 2005-2010.

Le plan stratégique fait aussi état de la volonté d’Hydro-Québec de conserver une capacité excédentaire suffisante pour assurer la sécurité des approvisionnements.  Les excédents non utilisés seront disponibles pour l’exportation qui demeure un volet important de la stratégie.  Ces excédents soulèvent plusieurs interrogations, notamment sur la capacité de production réelle d’Hydro-production et sur les prévisions de la demande d'énergie.

On s'interroge aussi sur l'impact de la faible pluviosité enregistrée au cours de la dernière décennie sur la productivité des centrales hydroélectriques.  Hydro reste muette là-dessus, mais un porte-parole des producteurs privés confirmait récemment les inquiétudes entretenues à cet égard :  la baisse des débits d’eau au cours de l’année 2001 aurait entraîné une réduction de 10 % de la productivité des quelque 50 petites centrales au fil de l’eau détenues par ces derniers.  Certains observateurs voient un lien entre cette question, l’ouverture de la filière thermique et la sécurité des approvisionnements.

Le plan stratégique 2002-2006 doit encore recevoir l’aval du gouvernement et le plan d’approvisionnement devra être entériné par la Régie de l’énergie.  Les pouvoirs de cette dernière ont été modifiés depuis le dernier plan stratégique, et sa juridiction est confinée au plan d’approvisionnement, un nouveau concept dont on ne comprend pas encore très bien la portée.  Les débats devant la Régie de l’énergie sont donc attendus avec intérêt.

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***** CONFLIT CANADO-AMÉRICAIN DU BOIS-D'OEUVRE

Le département américain du commerce confirmait à la fin d’octobre sa décision d’imposer des pénalités antidumping de 13 % en moyenne sur les importations canadiennes de bois d’oeuvre. Cette mesure s’ajoute aux droits compensatoires de 19 % qui frappent déjà le bois canadien depuis le 3 août, sous prétexte que l’industrie canadienne est indirectement subventionnée du fait des faibles droits de coupe exigés pour le bois prélevé sur les terres publiques.  Cette dernière mesure ne pouvant s’appliquer que durant quatre mois a été levée le 3 décembre.  Mais elle peut être rétablie trois mois plus tard.  Le Canada a contesté cette décision devant l’OMC qui en a confié l’examen à un groupe spécial.  Le jugement n’est pas attendu avant neuf mois.  L’industrie québécoise du bois d’oeuvre a été fortement ébranlée par ces restrictions américaines.  Ainsi, de 25 % à 30 % des 15 000 travailleurs de l’industrie ont été mis à pied à la fin de novembre pour une durée indéterminée.

Cet épisode n’est que le dernier d’une guerre commerciale qui dure depuis 20 ans dans le commerce du bois d’oeuvre avec les États-Unis.  L’entrée en vigueur du traité de libre échange n’a rien changé à la volonté du lobby américain du bois d’oeuvre de fermer le marché américain au bois canadien.  Déjà, à deux reprises, les plaintes contre les producteurs canadiens et québécois se sont avérées sans fondement.  Le gouvernement américain avait même dû rembourser près d’un milliard de dollars aux producteurs au début des années 1990.  Mais les mesures avaient quand même nui à l’industrie canadienne pendant la période d'application.

 L’histoire des différents canado-américains sur le bois d’oeuvre est encore plus ancienne.  Elle a duré une quarantaine d’années de la fin du 19e siècle aux années 1930.  Le gouvernement américain frappait alors de droits de douanes le bois ouvré et le papier importés du Canada, tout en laissant entrer en franchise les billes de bois pour alimenter les scieries et les papeteries américaines.  Les provinces canadiennes ont répliqué par un embargo sur l’exportation du bois brut afin de forcer sa transformation chez elles.  Le conflit s’est atténué dans le cas du bois de pulpe avec l'installation des producteurs de papier américains au Canada.  Mais la situation est restée moins claire dans le cas du bois d’oeuvre où la production a été dominée par des intérêts locaux.

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***** RELANCE DE L'USINE GASPÉSIA

Après deux ans de difficiles négociations, une entente pour la relance de cette usine a finalement été confirmée à la mi-décembre.  Les négociations ont été dirigées par le Fonds de solidarité de la FTQ qui s’était porté acquéreur des installations après leur fermeture en 1999.  La relance sera assurée par un consortium formé du Fonds, de Rexfor, filiale forestière de la SGF, et de Tembec, un producteur de papier.  Les partenaires investiront 140 millions $ dans la modernisation de l’usine et sa transformation en vue d’une nouvelle ligne de production.  Les gouvernements du Québec et du Canada contribueront 235 millions $ sous forme de prêts et de subventions en vertu de programmes divers.  Une part des difficultés rencontrées durant les négociations venait des divergences de vues entre le Fonds et la SGF quant à la gérance de l’usine.  L’arrivée de Tembec au sein du consortium a finalement permis une entente.  L’existence de Tembec remonte à la fin des années 1970.  Il s’agit d’une entreprise coopérative formée par les cadres et employés syndiqués, ceux-ci ayant relancé l’usine qui les employait suite à sa fermeture.  L’entreprise a fait quelques acquisitions depuis et, lorsque Gaspésia sera en opération, Tembec deviendra le sixième producteur de papier en Amérique du Nord.

Lors de sa fermeture par Abitibi Consol en décembre 1999, l’usine Gaspésia produisait du papier journal et employait 550 personnes.  La vente au Fonds de solidarité était conditionnelle à ce que la ligne de production soit changée.  Le consortium a opté pour une catégorie spéciale de papier couché qui n’est présentement pas produite en Amérique du Nord.  Le papier couché est employé dans l’impression des magasines, catalogues et publications de prestige comme les rapports annuels de compagnies et les documents publicitaires.  L’usine Gaspésia fabriquera une catégorie intermédiaire qui n’est produite présentement qu’en Europe.  Elle en produira environ 200 000 tonnes, pour un marché évalué à 700 000 tonnes.  La production doit débuter en 2004.  Seulement 260 travailleurs retrouveront un emploi dans la production, mais les travaux de modernisation fourniront de l’emploi à 600 personnes au cours des deux années de transformations.  Ces arrangements ont reçu l’aval des employés syndiqués de l’entreprise et ceux-ci ont signé une convention collective d’une durée de dix ans.

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***** BOMBARDIER OBTIENT UN IMPORTANT CONTRAT DE LA SNCF

La direction de Bombardier et celle de la Société nationale des chemins de fer français (SNCF) ont annoncé à la mi-décembre l’attribution d’un contrat à Bombardier pour la construction de 500 trains régionaux.  La valeur du contrat pourrait atteindre 1 milliard $.  C’est le dernier et le plus important d’une série de contrats dont l’annonce s’est échelonnée au cours des mois de novembre et décembre pour la construction de matériel de transport public en Australie (339 millions $), en Chine (140 millions $) et en Italie (280 millions $).  Bombardier partagera aussi un contrat avec Alstrom pour fournir 18 rames de TGV à la SNCF.  Les travaux découlant de ces contrats seront effectués dans les usines européennes, sauf pour le contrat avec l’Australie qui sera exécuté dans les usines australiennes.

La situation est moins claire du côté de l’aéronautique.  Les activités de Bombardier ont été quelque peu déstabilisées à la suite des événements du 11 septembre.  La compagnie a annoncé la mise à pied de 3800 employés à la fin de septembre, et prévoyait devoir en faire 2700 autres au cours de l’automne.  Mais les plans ont changé depuis.  Les conséquences des attentats ne semblent pas affecter de façon aussi importante la clientèle des transporteurs régionaux, ceux que dessert Bombardier.  Une partie des employés mis à pied en septembre ont été rappelés, réduisant de 1500 à 1000 le nombre d’employés touchés dans les usines québécoises.  Les décisions sur les mises à pied supplémentaires ont été reportées à la fin de décembre et se limitent pour le moment à 800, au Kansas et en Arizona, dans les usines d’avions d’affaires dont le marché est plus sensible à la conjoncture économique.  Par ailleurs, la compagnie a confirmé n’avoir reçu aucune annulation de commandes.

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***** FERMETURE DÉFINITIVE DE L'USINE GM DE BOISBRIAND

La décision attendue depuis un an de la part de la direction de General Motors sur l’avenir de l’usine de Boisbriand est finalement tombée.  L’usine cessera ses opérations en septembre 2002.  La décision a été communiquée aux médias par la présidente de GM Canada, Maureen Kempston Darkes, qui a aussi affirmé la volonté de GM de coopérer en vue de remplacer les 1400 emplois qui seront perdus dans l’assemblage d’automobiles par un nombre équivalent d’emplois dans la production de pièces.

Elle a fait état du contrat à long terme que GM a signé en janvier dernier avec Raufoss, un fabriquant norvégien de pièces en aluminium qui a entrepris la construction d’une usine à Sainte-Thérèse.  Plus récemment, à la fin de novembre, GM accordait un contrat d’approvisionnement à SaarGummi, une entreprise allemande qui construira une usine à Magog et emploiera 800 travailleurs.  Au début de décembre, c’était au tour de la Société de développement du magnésium (SDM), une société en commandite fondée en 1998 par la Société générale de financement (SGF), le Fonds de solidarité et la Caisse de dépôt, de faire l’annonce de la construction d’une usine de fabrication de pièces de magnésium à Boisbriand.  L’usine sera la propriété de Trimag, une filiale dont SDM a fait l’acquisition récemment, qui est déjà sous contrat avec GM pour la fabrication de pièces de magnésium.  Sa production est présentement réalisée en Ontario et sera transférée progressivement à la nouvelle usine de Boisbriand.

Ces nouvelles témoignent du sérieux de GM dans sa volonté de combler les pertes que la fermeture de Boisbriand occasionnera.  Mais le porte-parole du syndicat des travailleurs de Boisbriand n’est qu’à demi rassuré par ces nouvelles puisqu'une usine de pièces d’automobile n’a pas les mêmes effets structurants qu’une usine d’assemblage et que les salaires peuvent y être bien inférieurs.

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***** SAISON DE SKI EXCEPTIONNELLE EN 2001

Les 84 stations de ski du Québec ont enregistré une croissance de la fréquentation en 2001 de l’ordre de 21 %.  Ce résultat surpasse de beaucoup les résultats de l’ensemble des stations nord-américaines, dont la fréquentation n’a cru que de 7 %.  L’enneigement abondant et un printemps tardif expliquent ce succès.  C’est durant la période des fêtes de Noël et du Nouvel an ainsi qu'à la période du ski de printemps que les augmentations de l’achalandage ont été les plus importantes, avec des accroissements de 41 % et de 91 % respectivement.  La fréquentation par les touristes américains a été supérieure de 116 % à celle de l’année précédente.  Les investissements effectués dans plusieurs stations ont permis d’accommoder ce surplus de visiteurs, notamment au Massif de Petite-Rivière, à Bromont et au centre de la Réserve de Saint-Donat dans les Laurentides.  En tout, ces aménagements représentent l'ajout d'une quarantaine de pistes.

Sans être devins, on peut déjà prévoir que ces résultats ne seront pas surpassés en 2002.  En effet, la plupart des stations ont dû retarder leur ouverture, faute de neige, et celles qui ont pu ouvrir durant la période des fêtes, grâce à la fabrication de neige artificielle, n’ont pu mettre que quelques pistes en service.  Mais … l’hiver est parfois long au pays du Québec.

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***** LA COOPÉRATIVE FÉDÉRÉE INVESTIT

La Coopérative fédérée de Québec est une fédération d’une centaine de coopératives agricoles.  Elle se classe au septième rang des entreprises pour le nombre d’emplois créés au Québec et au quatrième rang pour les revenus générés.  Au cours des dix dernières années, elle a investi 685 M $ dans toutes les régions du Québec, contribuant ainsi à créer quelque 7300 nouveaux emplois.  Il s’agit d’une entreprise imposante qui vend divers produits aux producteurs par l’intermédiaire des coopératives locales et qui transforme le produit agricole dans ses couvoirs, ses abattoirs et ses usines de surtransformation.  Ses ventes annuelles se chiffrent à plus de deux milliards de dollars.

La Fédérée projette d’investir un milliard de dollars au cours des dix prochaines années.  Pour cela, il lui faut obtenir des gouvernements un report fiscal sur les dividendes et ristournes versés aux coopératives affiliées et à leurs membres.  Ainsi, plus d’argent restera dans les coffres de la Fédération.  Les membres ne paieraient pas d’impôt sur cette portion de leurs revenus aussi longtemps qu’ils n’encaisseraient pas leur argent.  Pour soutenir sa proposition, l’organisme s’inspire des politiques européennes, notamment celles de la France, où les coopératives agricoles bénéficient d’une exemption de la loi de l’impôt sur les sociétés et de l’impôt foncier.  Au Danemark, en Espagne et dans six autres pays, les coopératives jouissent également d’avantages fiscaux.

La mondialisation des marchés inquiète les dirigeants de la Fédérée.  Ailleurs au Canada, plusieurs puissantes coopératives se sont transformées en société à capital-actions et sont rapidement passées aux mains d’entreprises américaines.  La Fédérée veut sauvegarder sa structure coopérative qui, toutefois, la prive d’avoir accès au capital-actions.  Pour augmenter sa capitalisation, elle demande donc aux gouvernements d’autoriser ce report d’impôt.

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***** BORALEX :  UN PETIT PRODUCTEUR D'ÉNERGIE QUI VOIT GRAND

Depuis son acquisition en 1995 par le Groupe Cascades, Boralex a connu une progression qui retient l’attention des investisseurs, sa valeur boursière ayant plus que doublé depuis un an, et ce malgré la déprime générale des marchés boursiers.  L’implication de Cascades dans le domaine de l’énergie a commencé en 1989 avec la construction de la première centrale canadienne de cogénération afin d'approvisionner ses usines de papier de Kingsey Falls en électricité et en vapeur industrielle.  Cette centrale est devenue propriété de Boralex en 1995, avec quelques petites centrales hydroélectriques dont Cascades avait fait l’acquisition à la faveur d’une ouverture faite par Hydro-Québec en 1993 envers les petits producteurs privés.  Cette ouverture s’est par ailleurs vite refermée par suite du moratoire imposé en 1995 sur la construction de petites centrales sous la pression des environnementalistes.

Le développement de Boralex devait donc être envisagé autrement.  C’est aux États-Unis que la première opportunité s’est présentée avec l’acquisition d’une petite usine de Nouvelle-Angleterre, lui fournissant ainsi l’occasion de se familiariser avec l’utilisation des résidus forestiers pour la production d’électricité.  Cette formule constitue maintenant une marque de commerce de l’entreprise.

Boralex est une division autonome du Groupe Cascades, une entreprise papetière qui possède une quarantaine d’usines en Amérique du Nord et en Europe.  La capacité de production d’électricité de Boralex, qui était inférieure à 50 MW en 1995, excède maintenant 350 MW.  Cette entreprise opère 18 unités de production localisées au Québec, en Nouvelle-Angleterre et en France dont huit sont des centrales hydroélectriques, huit autres sont alimentées par des résidus forestiers et les deux dernières par le gaz naturel.  Des projets de développement porteront sa capacité à 500 MW dans moins d’un an.

D'autres développements sont anticipés par suite d’une association récente avec Gaz métropolitain.  Les acquisitions ont constitué le principal levier de croissance de Boralex, jusqu’à maintenant concentrées dans l’hydroélectricité et la cogénération thermique.  Or, l’annonce récente d’un projet avec Électricité de France laisse entrevoir un nouvel axe de développement dans la filière éolienne.

Boralex a annoncé quatre projets de construction au cours des derniers mois.  Le plus important, mené en association avec Toronto Hydro, porte sur la construction d’une centrale de cogénération d’une capacité de 150 MW alimentée au gaz naturel.  Le projet doit être mis en marche au début de 2002 et générer des revenus dès cette année.  D’autres projets sont envisagés en Ontario.  Au Québec, deux centrales thermiques seront mises en chantier à Cabano et dans un site encore à déterminer en Abitibi.  Celles-ci seront alimentées de résidus forestiers et généreront de l’électricité et de la vapeur industrielle.

Mais l’annonce la plus spectaculaire a été celle d’un projet de construction de 13 éoliennes en France, dans la région de Toulouse.  Boralex est associé dans ce projet avec une entreprise française, Seris SA, dont l’expertise est reconnue dans ce domaine.  La centrale, d’une puissance de 10,4 MW, entrera en opération à l’été 2002.  Ce premier pas dans l’éolien témoigne d’un intérêt de Boralex pour cette filière énergétique.  Lors de l’annonce du projet à la fin de novembre, le président de Boralex, Jacques Gauthier, faisait état de pourparlers avec d’autres groupes européens pour la réalisation de projets semblables en France et ailleurs en Europe.  En France, Boralex opère déjà une petite centrale hydroélectrique à la Rochette en Savoie et une centrale de cogénération au gaz dans le Pas-de-Calais.

L'entreprise n’entrevoit toutefois pas développer l’énergie éolienne au Québec dans un proche avenir.  Les développements seront aussi ralentis du côté des petites centrales hydroélectriques en raison de contraintes environnementales et des protestations que la politique gouvernementale a suscitées dans les régions les plus touchées par ces projets.  Par contre, la filière gazière offre des possibilités intéressantes que Boralex compte exploiter au maximum.  Par son association récente avec Gaz Métropolitain, une filiale d’Hydro-Québec, Boralex veut précisément s’assurer une part raisonnable des 1000 MW qu’Hydro-Québec doit mettre en soumission prochainement selon son plan d’approvisionnement.  Cinq projets seraient déjà sur les planches à dessin du partenariat, et il s’agirait de projets d’envergure pouvant aller jusqu’à 200 MW.

Les acquisitions dans les domaines de son expertise ne sont pas pour autant écartées des plans d’expansion de l’entreprise.  Elle a d’ailleurs complété l’acquisition de deux usines de cogénération au Vermont en 2001 et reste à l’affût d'autres occasions d'affaires.  Le temps approche où Boralex cessera d’être un petit producteur d’énergie pour aspirer au titre de petite multinationale énergétique.  Elle compte y arriver en misant sur le développement d’une expertise de pointe dans certains créneaux de production et en tirant parti de la déréglementation des marchés de l’électricité en Amérique et en Europe.

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***** INDICATEURS ÉCONOMIQUES

Le taux de change

Du 31 août au 31 décembre 2001, le taux de change du dollar canadien ($ CAN) en devises américaines ($ US) est passé de 64,68 ¢ US à 62,70 ¢ US, pour une dépréciation de 1,98 ¢ US.

Le taux d’escompte
Le taux d’escompte de la Banque du Canada est passé de 4,25 % à 2,50 %, de la fin août à la fin décembre 2001, pour une diminution globale de 1,75 %.

La création d’emplois
Selon les moyennes annuelles, il s’est créé 37 800 emplois au Québec en 2001 comparativement à 80 300 l'année précédente.