QU�BEC InfoHIVER 2002
Politique �ducation Soci�t� �conomie Culture International SOCI�T�
***** LE MONDE RURAL EN MUTATION
La mondialisation du commerce - et singuli�rement des march�s agricoles - a des incidences profondes sur le Qu�bec rural. La bataille de titans que se livre l�Europe et l�Am�rique pour la conqu�te des march�s a des r�percussions sur le monde agricole qu�b�cois. Selon Jacques Proulx, autrefois pr�sident de l�Union des producteurs agricoles (UPA) et aujourd�hui animateur du mouvement Solidarit� rurale, les grands �tablissements industriels se sont multipli�s au Qu�bec. Soutenus par de puissantes soci�t�s, souvent multinationales, ces �tablissements ont fait le choix de l�agriculture standardis�e, industrielle, pour produire poulets, porcs et b�ufs en s�rie, comme des voitures ou autres marchandises. La rentabilit� leur tient lieu de normes de production. On a recours aux technologies les plus avanc�es : pesticides, antibiotiques, monocultures, OGM. Facteur non n�gligeable, ces m�gaproductions entra�nent des pollutions qui d�naturent la campagne qu�b�coise.
Au banc des accus�s : le cochon
On a assist�, ces derni�res ann�es, dans plusieurs r�gions du Qu�bec, � la mise en place de nombreuses m�gaporcheries. On y compte environ 3000 producteurs. L�ensemble des activit�s li�es � la production porcine g�n�re une activit� �conomique de 3,7 milliards $ et cr�e pr�s de 30 000 emplois directs et indirects. La viande de porc produite au Qu�bec est reconnue pour sa haute qualit� et 50 % de la production est export�e aux �tats-Unis et au Japon.
Mais la prolif�ration des porcheries de type industriel, maternit�s de porcelets et porcs d�engraissement de plusieurs centaines, voire de milliers de t�tes, entra�ne son lot de probl�mes �cologiques. Les �normes surplus de fumier d�origine agricole, principalement les surplus de d�jections de porcs, contaminent l�eau et les sols d�au moins 165 municipalit�s. Le minist�re de l�Environnement a d�cr�t� un moratoire sur le d�veloppement de nouvelles porcheries dans les zones en surplus de lisiers. Toutefois, cette initiative ne r�gle pas le probl�me des �tablissements d�j� autoris�s qui ne disposent pas de suffisamment d�hectares en culture pour l��pandage �cologique de ces surplus. Un document minist�riel sur la refonte du R�glement sur la r�duction de la pollution d�origine animale reconna�t que "nous avons atteint la capacit� de support des terres au Qu�bec".
Pour le ministre de l�Environnement, Andr� Boisclair, ce qui compte d�un point de vue global et environnemental, c�est de r�duire partout les surplus � l�origine de l�intense pollution diffuse qui frappe actuellement sols et cours d�eau. Son minist�re a pr�par� un r�glement sur le traitement des fumiers et l��pandage sur les terres en culture dans le but d�assainir la situation � 50 % d�ici 2005 et d�atteindre l�objectif de 100 % en 2010. La nouvelle r�glementation a re�u d�embl�e l�appui de l�Union qu�b�coise pour la conservation de la nature.
Bacon, le film
L�industrie porcine a �t� fortement secou�e par la d�nonciation virulente du jeune cin�aste Hugo Latulippe qui pr�sente une image troublante de la production du porc au Qu�bec. "J�ai fait ce film parce que je suis inquiet", a-t-il d�clar� lors de la sortie de Bacon, le film l�automne dernier. Plus qu�un documentaire, il s�agit d�un pamphlet � la mani�re de l�Erreur bor�ale. (Voir Les for�ts du Qu�bec, Qu�becInfo, Automne 1999.) C�est un br�lot que le jeune cin�aste lance dans les m�gaporcheries en d�non�ant les promoteurs financiers et industriels - qu�il appelle des int�grateurs - qui contr�lent l�expansion de l�industrie porcine. En pr�sentant son film, il avoue lui-m�me qu�il ne s�agit pas d�un "strict travail de cin�aste, mais (d�)un outil" qui incite les citoyens � prendre conscience des choix sociaux, �conomiques et politiques impos�s par une minorit� de gros industriels agricoles. Il y fait aussi mention du r�le, selon lui complaisant, de certains politiciens et mandarins de la haute fonction publique.
Si le film correspond aux pr�occupations du ministre Boisclair quant � la mondialisation "qui ne doit pas se faire, dit-il, au prix de la disparition du milieu culturel, au prix de l�environnement", celui-ci aurait toutefois souhait� qu�il tienne compte des r�centes politiques gouvernementales, dont le moratoire sur la production porcine, la politique de l�eau et le r�glement sur le traitement du lisier et du fumier.
L�accueil fut tout autre chez les producteurs de porcs qui affirment ne pas se reconna�tre dans ce film qu�ils d�noncent comme tendancieux. "La prise de conscience a eu lieu et beaucoup de progr�s a �t� accompli" dit le pr�sident de la F�d�ration des producteurs de porcs du Qu�bec, Cl�ment Pouliot. "Certains des enjeux �cologiques �voqu�s dans le film sont, dans une large mesure, l�h�ritage du pass� ou ils sont li�s � des fa�ons de faire en voie de dispara�tre". Preuve � l�appui, il mentionne que plus de la moiti� des fermes ont maintenant un plan agroenvironnemental de fertilisation.
Le film a suscit� de vives r�actions dans plusieurs milieux, surtout dans le monde rural. Il est vrai que Bacon, le film soumet l�industrie porcine � un questionnement serr� et qu�il rapporte, aux dires de Denis Boutin, porte-parole de l�Union qu�b�coise pour la conservation de la nature (UQCN), "des faits v�ridiques � qui sont � l�oeuvre pour faire du milieu agricole un monde industriel".
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***** UNE OFFENSIVE MAJEURE POUR LE LOGEMENT SOCIAL
Cela fait maintenant 50 ans que le Qu�bec a adopt� des politiques de contr�le des loyers. Une enqu�te r�cente intitul�e �tude comparative de la l�gislation sur le contr�le des loyers au Canada entre 1950 et 2000 a d�montr� que les politiques qu�b�coises ont permis de stabiliser le march� de l�habitation et d�offrir des logements locatifs de bonne qualit� � prix raisonnable.
L�arbitrage par la R�gie du logement
La ministre des Affaires municipales et de la M�tropole, Louise Harel, se dit pr�occup�e par la crise du logement locatif au Qu�bec et, plus particuli�rement, par le d�ficit du logement social. Aussi entend-elle mener une offensive majeure sur deux fronts. En premier lieu, elle a d�pos� un projet de loi � l�Assembl�e nationale qui modifie plusieurs dispositions de la loi sur la R�gie du logement, l�un des principaux organismes d��tat qui administrent les politiques de contr�le des loyers. Cette initiative ne pla�t gu�re aux propri�taires d�immeubles locatifs ni aux promoteurs immobiliers qui ont toujours �t� oppos�s aux interventions de la R�gie du logement dont le mandat principal est d'assurer des relations harmonieuses entre locataires et propri�taires et d'�viter une flamb�e des co�ts des loyers. Le syst�me qu�b�cois favorise pourtant un meilleur �quilibre entre l�offre et la demande depuis de nombreuses ann�es, ce qui fait que le march� est rentable sans �tre sp�culatif.
Construire des logements sociaux
Le deuxi�me front auquel la ministre attache une importance toute particuli�re est celui du logement social. Par logement social, il faut entendre tout ce qui est habitation subventionn�e � l�usage exclusif des m�nages � faible revenu. Dans ce secteur, les besoins sont criants. Dans la seule nouvelle ville de Qu�bec, plus de 7000 m�nages attendent d�avoir acc�s � un logement subventionn�. � Montr�al, en juillet dernier, de nombreuses familles n�ont pas trouv� de logement � prix abordable et ont d� avoir recours aux services publics pour les d�panner, le plus souvent de fa�on temporaire. La m�tropole compte toujours un nombre consid�rable de sans-abri, ph�nom�ne social qui interpelle la nouvelle administration municipale.
Malgr� le besoin croissant de logements pour les individus et les petites familles � faibles revenus, les co�ts �lev�s de construction n�incitent pas les promoteurs � investir dans des appartements � loyer modique. L�intervention de l��tat et des pouvoirs municipaux est essentielle pour r�pondre � cette demande. Aussi la ministre Harel entend-elle mener une offensive tous azimuts pour combler ce besoin. Elle propose de mettre en chantier 9000 unit�s de logements en 2002 et 2003.
En un premier temps, le budget 2002-2003 du Qu�bec pr�sent� le 1er novembre a pr�vu que le programme Acc�sLogis b�n�ficiera de cr�dits pour la construction de 2850 logements issus de projets communautaires, coop�ratifs ou sociaux. En second lieu, la ministre Harel a n�goci� une entente avec le gouvernement f�d�ral qui investira 160 millions $ dans un programme � frais partag�s pour la construction d�un premier lot de 1600 logements en 2002 et d�un deuxi�me lot de 5000 unit�s en 2003. Cette entente a �t� sign�e le 21 d�cembre. La participation du Qu�bec est d�une valeur �gale � celle d�Ottawa et comprend des fonds publics, des services municipaux, des terrains ou autres contributions.
Le Qu�bec peut donc aller de l�avant. Les municipalit�s seront invit�es � apporter leur appui dans la r�alisation de cet ambitieux programme social. Soulignons que la nouvelle ville de Qu�bec a adopt� un budget qui pr�voit des investissements importants au chapitre du logement social. D�j�, l�Office municipal d�habitation g�re les HLM (habitations � loyer modique), la Soci�t� municipale d�habitation Champlain (SOMHAC) administre une banque de logements priv�s destin�s � des familles pauvres, plusieurs coop�ratives d�habitation sont install�es sur le territoire de la ville de Qu�bec et de nombreux organismes sans but lucratif apportent aussi leur aide aux m�nages � faible revenu.
Le programme de soutien au logement social propos� par la ministre Harel, qui est �galement responsable de la R�gie du logement et de la Soci�t� d�habitation du Qu�bec, a re�u un accueil favorable de tous les milieux qui se pr�occupent d�am�liorer les conditions sociales des personnes et des familles les moins bien nanties de la soci�t�.
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***** POUR UNE AGRICULTURE PAYSANNE
Un groupe de citoyens a lanc� r�cemment un appel � la solidarit� du monde rural afin de promouvoir une agriculture paysanne. Son leader, Rom�o Bouchard, a convoqu� ses militants au congr�s de fondation de l�Union paysanne � la fin de novembre dernier afin de pr�senter une alternative � l�agriculture industrielle et � la malbouffe. Ce nouvel organisme souhaite devenir un acteur social et politique, et transformer le mode de repr�sentation des ruraux aupr�s des autorit�s.
Au Qu�bec, l�Union des producteurs agricoles (UPA) d�tient un monopole exclusif de repr�sentation syndicale depuis 1972, b�n�ficiant de la cotisation obligatoire de tous les agriculteurs. Depuis quelques ann�es toutefois, de plus en plus de ruraux se montrent critiques des orientations de l�UPA, la jugeant trop favorable aux fermes-usines. Le nouveau mouvement veut mettre fin au monopole de l�UPA au profit d�une v�ritable libert� d�association.
L�Union paysanne, qui compte pr�s de 1000 membres, entend faire la "d�monstration qu�il est possible de vivre et de nourrir le Qu�bec avec des fermes � dimension humaine et respectueuses de la nature, sans pour autant revenir en arri�re", a soutenu Rom�o Bouchard. Pour cela, il demande au gouvernement "de r�orienter l�essentiel de l�aide gouvernementale vers l�agriculture � �chelle humaine, celle qui ne pollue pas".
L�Union paysanne s�inscrit dans un mouvement international qui prend de plus en plus d�importance dans le monde de l�agriculture. Elle a re�u, � la tribune de ce congr�s, Andr� Pochon (R�seau d�agriculture durable de France), Markus L�thi (Suisse), Antonio Nonrati (Via Campesina d�Italie), ainsi que Helen Farsey, directrice g�n�rale de la National Farmers Union, mouvement paysan du Canada anglais.
L'UPA riposte
Profitant des assises du 77e congr�s de l�UPA tenues � Varennes au d�but de d�cembre, le pr�sident Laurent Pellerin a vertement critiqu� les pr�tentions de la nouvelle organisation, lui niant le droit de parler au nom des agriculteurs. L�adh�sion � l�UPA est volontaire, mais le paiement de la cotisation est obligatoire. "L�UPA, dit-il, est une association libre qui repr�sente 92 % des producteurs agricoles. Ceux-ci sont des professionnels pr�voyants, ce ne sont pas des gens qui improvisent".
Au cours de l�ann�e 2001, l�UPA a fait des repr�sentations aupr�s des instances gouvernementales afin d'obtenir des modifications � la loi sur le droit de produire. On veut harmoniser ce droit avec celui des autres ruraux de d�velopper le territoire. Les agriculteurs ont inject� 600 millions $ dans l��conomie au cours de l'ann�e. Au Qu�bec, quelque 33 000 entreprises agricoles procurent de l�emploi � plus de 65 000 personnes, et la valeur de leurs ventes d�passe les cinq milliards de dollars.
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***** LE YMCA DE MONTR�AL A 150 ANS
Fond� en Angleterre dans la premi�re moiti� du XIXe si�cle, le Young Men Christian Association (YMCA) a essaim� partout dans le monde. Aujourd�hui, on en compte environ 2500 �tablis dans 135 pays.
En Am�rique du Nord, c�est � Montr�al que le premier a vu le jour le 25 novembre 1851. On le nomme le "Y", pronon�ant cette lettre � l�anglaise. Le Y de Montr�al c�l�bre donc son 150e anniversaire. Il a longtemps �t� un organisme social � l�intention des jeunes chr�tiens de langue anglaise. Ce n�est qu�en 1975 qu�il a adopt� une politique de bilinguisme et la langue fran�aise y est aujourd�hui la plus utilis�e. Il a contribu� notamment � mettre sur pied une organisation semblable pour les filles, le YWCA (Young Women Christian Association) et pour les Juifs, le YMHA (Young Men Hebrew Association).
En 1854, le YMCA a cr�� la premi�re biblioth�que publique � Montr�al. Au d�but du XXe si�cle, il a offert des cours du soir aux adultes et ceux-ci ont pris une telle ampleur qu�ils ont men� � la cr�ation de l�Universit� Sir George Williams, du nom du fondateur britannique des premiers YMCA. Cette universit� a ensuite d�velopp� des programmes de jour, � temps plein, et, en 1974, a fusionn� avec le Coll�ge Loyola pour devenir l�actuelle Universit� Concordia.
Au fil des ans, le YMCA a d�velopp� de nombreux services qui s�adressent aux jeunes, bien s�r, mais aussi � plusieurs groupes sociaux dont les immigrants, les r�fugi�s, les adolescents et les personnes �g�es. Il est notamment renomm� pour ses programmes de conditionnement physique. Son budget atteint aujourd�hui les 25 millions $.
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***** DONN�ES D�MOGRAPHIQUES
En 2001, le nombre des naissances a encore baiss� au Qu�bec et se situe en de�� des 72 000. L�indice de f�condit� est d'� peine 1,4. Le rapport de l�Institut de la statistique du Qu�bec, intitul� La situation d�mographique au Qu�bec, a �t� rendu public le 18 d�cembre 2001. Il peut �tre consult� sur Internet � l�adresse suivante : https://www.stat.gouv.qc.ca
L�esp�rance de vie s�est encore accrue au Qu�bec, atteignant 75,3 ans chez les hommes et 81,3 ans chez les femmes. Le rapport de l�Institut national de sant� publique du Qu�bec, intitul� Le portrait de sant�. Le Qu�bec et ses r�gions, a �t� d�voil� le 8 novembre 2001. Il peut �tre consult� sur Internet � l�adresse suivante : https://www.inspq.qc.ca
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***** LES PRIX DU QU�BEC 2001
� chaque ann�e, quelques vedettes bien connues du public ains que des chercheurs ou r�alisateurs dont la r�putation est plus circonscrite � leur secteur d�activit� sont honor�s par l��tat qui leur attribue l�un des Prix du Qu�bec. Les laur�ats des Prix du Qu�bec 2001 ont �t� honor�s � l�Assembl�e nationale le 20 novembre dernier :
Ren� Jodoin, cr�ateur de films d�animation (prix Albert-Tessier)
Roland Poulin, sculpteur (prix Paul-�mile-Borduas)
Paul Buissonneau, com�dien et metteur en sc�ne (prix Denise-Pelletier)
Pavel Hamet, chercheur en sant� (prix Wilder-Penfield)
Marcel Trudel, historien (prix L�on-G�rin)
Emil Skamene, chercheur en g�n�tique (prix Armand-Frappier)
Michel Bergeron, sp�cialiste de la n�phrologie (prix Georges-�mile-Lapalme)
Morrel Bachynski, chercheur en physique et administrateur (prix Lionel-Boulet)
Caron Couture, archiviste (prix G�rard-Morisset)
Robert Emery Prud�homme, chercheur en chimie (prix Marie-Victorin)
Victor-L�vy Beaulieu, �crivain (prix Athanase-David)