QUÉBEC Info
HIVER 2003
Politique Éducation Société Économie Culture International |
CULTURE
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VITALITÉ DU THÉÂTRE JEUNESSE
Les coups de théâtre, le festival de théâtre pour jeune public de Montréal, a
tenu sa 7e édition du 18 novembre au 3 décembre dernier. Événement
biennal, il présentait cette année 18 productions dont la moitié venaient de
l’extérieur du Québec. L’Allemagne, la Belgique, le Danemark, la France, la
Hollande et le Mexique y étaient représentés. La danse et la musique y
avaient aussi leur place, bien intégrées au théâtre. Par exemple, un opéra
destiné aux enfants de 8 à 12 ans, Pacamambo, y a été créé par la
compagnie Chants libres de Pauline Vaillancourt, sur un livret de Wajdi
Mouawad et la musique de Zack Settel.
Au printemps de 2005, Montréal sera l’hôte du 15e Congrès et
festival mondial des Théâtres pour l’enfance et la jeunesse. Pour
l’Association internationale de théâtre pour l’enfance et la jeunesse
(ASSITEJ), il s’agira de son premier congrès en Amérique du Nord. Le site
internet de cet événement est le
www.assitejcanada.org
L’importance et la créativité du théâtre jeune public au Québec n’est sans
doute pas étranger à la venue de ce congrès-festival à Montréal. Depuis
trente ans, le théâtre jeune public y occupe une place très importante.
Théâtres unis enfance jeunesse regroupe une trentaine de troupes pour les
jeunes, un véritable milieu professionnel composé d’acteurs, de
marionnettistes, d’auteurs dramatiques et d’autres spécialistes, et qui s’est
acquis une réputation enviable au Québec comme à l’étranger.
Les adultes ne boudent pas ce théâtre qui leur fait retrouver leur enfance et
les met en contact avec une merveilleuse créativité. Ils sont heureux de
trouver l’excuse d’y amener un enfant, un petit-enfant, une nièce ou un jeune
ami. D’ailleurs, le nom du Théâtre des Deux Mondes (ex-Théâtre de la
Marmaille) réfère à ces deux mondes que sont les jeunes et les adultes.
Mentionnons quelques-unes de ces compagnies de théâtre pour enfants et pour
jeunes : Théâtre Sans Fil, Théâtre de l’Aubergine, Théâtre de la Dame de
Coeur, Théâtre du Gros Mécano, Théâtre de l’Avant-Scène, Théâtre des
Confettis, Théâtre des Gros Becs.
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NOUVEAUTÉS EN LIBRAIRIE (de septembre à décembre 2002)
Littérature
Neil Bissoondath, Un Baume sur le cœur, Boréal
Stéphane Bourguignon, Un peu de fatigue, Québec Amérique
Jean-François Chassay, L’Angle mort, Boréal
Esther Croft, De belles paroles, XYZ
Gilles Gougeon, Catalina, Libre Exression
Robert Lalonde, Un Jardin entouré de murailles, Boréal
Pierre Morency, À l’heure du loup. Boréal
Wajdi Mouawad, Visage retrouvé, Leméac
Louise Portal, Cap-au-Renard, Hurtibise HMH
Jacques Poulin, Les Yeux bleus de Mistassini, Leméac
Gaétan Soucy, Music-Hall, Boréal
Études, Essais
Pierre Cayouette, Robert Piché aux commandes du destin, Libre
Expression
Marcel Labine, Le Roman américain en question, Québec Amérique
Peter Scowen, Le Livre noir des États-Unis, Les Intouchables
Denis Vaugeois, America, L’expédition de Lewis & Clark et la naissance
d’une nouvelle puissance, Septentrion
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CINÉMA
Séraphin – Un homme et son péché
Le réalisateur bien connu, Charles Binamé, a porté à l’écran le classique
québécois Un Homme et son péché de Claude-Henri Grignon. Publiée en
1933, cette oeuvre, sans doute la plus populaire de la littérature québécoise,
a déjà connu une longue carrière, d’abord comme feuilleton radiophonique et
ensuite comme télésérie. En 1948, elle avait été portée à l’écran une
première fois.
Sortie sur les écrans à la fin de novembre 2002, le Séraphin de Charle
Binamé est en passe de devenir, au début de 2003, le plus grand succès de
l’histoire du cinéma québécois. La beauté des images, l’excellence des
artistes et la valeur historique en assurent le succès. L’histoire se déroule
dans les Laurentides, au moment de la colonisation de ces terres du nord de
Montréal, à la fin du 19e siècle. Le triangle classique est
composé de Séraphin, un avare et usurier qui personnifie l’argent et le
pouvoir, du beau bûcheron Alexis, amant de la belle Donalda. Celle-ci
sacrifie son amour afin de sauver le commerce de son père, débiteur de
Séraphin.
Autres nouveautés
Plusieurs autres nouveaux films québécois ont pris l’affiche au cours de
l’automne 2002 : Le Nèg’ de Robert Morin, une enquête policière
présentée en première au Festival du Film de Toronto; Histoire de pen
de Michel Jetté; Le Marais de Kim Nguyen; Station Nord de
Jean-Claude Lord; Les Dangereux de Louis Saïa; Comment ma mère
accoucha de moi durant sa ménopause de Sébastien Rose.
En outre, le documentaire Hubert Reeves, conteur d’étoiles, réalisé par
Iolande Cadrin-Rossignol et produit par l’Office national du film, a eu sa
première québécoise au début de novembre.
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JEAN-PIERRE PERREAULT, 1947-2002
Si la danse moderne au Québec a connu l’essor et le rayonnement que l’on sait,
cela est dû en bonne partie au danseur et chorégraphe Jean-Pierre Perreault.
Celui-ci est décédé d’un cancer généralisé, le 4 décembre dernier à Montréal,
à l’âge de 55 ans.
Depuis 1972, il a créé quelque 45 chorégraphies dont plusieurs ont été
présentées non seulement au Québec et au Canada, mais aussi aux États-Unis,
dans plusieurs pays d’Europe et en Australie. Il est surtout connu pour
Joe qui est reprise régulièrement depuis sa création en 1983.
De 1984 à 1992, il a enseigné la danse à l’Université du Québec à Montréal
(UQAM). Il était le directeur artistique de la Fondation
Jean-Pierre-Perreault, seule compagnie de danse à Montréal à posséder sa
propre salle de spectacle, l’Espace chorégraphique Jean-Pierre-Perreault, à
l’angle de Sherbrooke et De Lorimier.
Au début de l’année 2002, un ouvrage publié sous la direction de Michèle
Febvre lui a été consacré : Jean-Pierre Perreault – Regard pluriel
(Les Heures bleues).
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ÉDOUARD LOCK TRIOMPHE À PARIS
Le chorégraphe montréalais Édouard Lock a connu deux triomphes à Paris à
l’automne 2002. En novembre, avec AndréAuria créée spécialement pour
la troupe de danseurs de l’Opéra de Paris, et en décembre, avec sa propre
troupe La La La Human Steps et sa dernière création Amelia. Il
terminait à Paris une tournée européenne qui a amené Amelia dans une
dizaine de villes d’Europe dont Prague, Rome, Munich, Amsterda. Partout, la
critique a été élogieuse pour ne pas dire dithyrambique. Il en a été de même
pour AndréAuria au Théâtre Garnier que la critique parisienne a reconnu
comme étant l’un des événements majeurs de l’automne.
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LE FESTIVAL DE NAMUR : LE QUÉBEC À L'HONNEUR
À la fin de septembre 2002, le Québec était l’invité d’honneur de la 17e
édition du Festival International du Film Francophone de Namur. On soulignait
ainsi le 30e anniversaire de la Délégation générale du Québec à
Bruxelles.
Hors compétition, plusieurs classiques du cinéma québécois ont été présentés
tels que Kamouraska de Claude Jutra, Le Déclin de l’empire américain
de Denys Arcand, La Moitié gauche du frigo de Philippe Falardeau, Un
Crabe dans la tête d’André Turpin.
Huit courts métrages québécois ainsi que deux films pour enfants, Hugo et
le dragon de Philippe Baylaucq et La Mystérieuse Mademoiselle C de
Richard Ciuska ont été projetés. Un hommage a été rendu à Carole Laure,
d’abord comme actrice dans plusieurs films qui ont marqué l’histoire du cinéma
québécois, puis comme réalisatrice du film Les Fils de Marie.
En compétition, un seul film québécois a été présenté : Québec-Montréal
de Ricardo Trogi. Robert Charlebois agissait comme président du jury.
C’est au film algérien Rachida de Yamina Bachir Chouikh que le Bayard
d’or du meilleur film a été attribué. Québec-Montréal a reçu le Prix
spécial du jury ainsi que le Bayard d’Or du meilleur scénario.
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LE THÉÂTRE QUÉBÉCOIS VOYAGE
Le Québec à Limoges
Fin septembre 2002, au Festival international des théâtres francophones en
Limousin, les gens de théâtre du Québec sont débarqués en force. Une dizaine
de pays étaient représentés à Limoges et le Québec, quant à lui, y a joué deux
pièces. Le théâtre du Trident y a offert Les Trois Sœurs d’Anton
Tchekhov dans une mise en scène de Wajdi Mouawad qui avait connu un immense
succès à Québec en mars 2002. Le Goûteur de Geneviève Billette y a été
présenté dans une mise en scène de Claude Poissant. De plus, une compagnie de
théâtre française, La Baraca, y a joué une pièce de l’auteure québécoise
Carole Fréchette, Le Collier d’Hélène. Enfin, les séances de
lecture et le programme d’auteurs en résidence ont aussi fait une large place
aux dramaturges québécois. Le Trident et Les Trois Sœurs ont reçu un
accueil triomphal. À tel point qu’il est question d’une tournée européenne en
2004.
Les Deux Mondes à Moscou
En octobre, la troupe de Montréal Les Deux Mondes était invitée d’honneur du
Festival européen de danse contemporaine à Moscou. Elle a présenté, en russe,
un spectacle multimédia Leitmotiv qui exprime les horreurs de la
guerre, de toute guerre. Elle a été chaudement applaudie. La troupe Les Deux
Mondes est mondialement connue pour son Histoire d’Oie de Michel Marc
Bouchard qui a été présentée dans plusieurs pays, en français, en allemand, en
espagnol, et bientôt, semble-t-il, en portugais.
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AU QUÉBEC, LA TÉLÉVISION A 50 ANS
Notre première chaîne de télévision, Radio-Canada, a vu le jour à Montréal le
6 septembre 1952. Il s’agissait d’une télévision publique initiée par le
gouvernement du Canada afin de ne pas laisser la télévision américaine envahir
seule les foyers.
De quoi fut faite cette première soirée de télévision ? Des actualités
suivies de variétés, un documentaire sur les origines de la télévision, un
reportage en direct sur la cérémonie d’inauguration officielle de la
télévision de Radio-Canada et, pour finir, une pièce de théâtre.
Ce fut, comme dans tout le monde occidental à l’époque, un véritable phénomène
de société, mais avec ses particularités propres. Mentionnons, par exemple,
les téléthéâtres qui y ont tenu une place très importante au cours des
premières décennies. Puis les émissions pour enfant qui ont été d’une qualité
et d’une popularité exceptionnelles. Également, des écrivains d’ici nous ont
donné des téléromans très suivis par les auditeurs.
Tout cela a grandement influencé les arts de la scène (théâtre pour adultes,
enfants et jeunes, danse) qui ont ainsi connu au Québec un développement
exceptionnel. Et, contrairement au Canada anglais où les émissions de
télévision les plus écoutées étaient américaines, au Québec, elles étaient, et
sont encore, québécoises. Enfin, la soirée du hockey du samedi rejoignait
jusqu’à la moitié des auditeurs potentiels ! C’est ainsi qu’à la fin des
années 1950, Montréal produisait plus d’émissions en direct que toute autre
ville au monde et qu’elle a longtemps produit plus d’émissions en français que
Paris.
Ce cinquantième anniversaire a été marqué, tout au long de l’année 2002, par
de nombreuses émissions spéciales. L’excellent site internet développé par
Radio-Canada pour l’occasion mérite le détour :
www.radio-canada.ca/television/50/
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L’ESPACE-MUSÉE CHARLIE CHAPLIN : CONCEPTION QUÉBÉCOISE
Une société de Québec, Expérience International, spécialisée dans la
muséologie et le multimédia, s’est associée à l’architecte suisse Philippe
Meylan pour concevoir et réaliser l’Espace-Musée Charlie Chaplin. C’est le
domaine de Ban, où Chaplin a passé les 25 dernières années de sa vie, qui
deviendra le musée Chaplin, un site de 14 hectares situé à Corsier-sur-Vevey,
près de Lausanne (Suisse). Son inauguration est prévue en 2005.
À son crédit, Expérience International a quelques réalisations québécoises,
bien sûr, mais aussi en Europe, aux États-Unis et en Chine. À Lisbonne
(Portugal), on lui doit le musée des sciences Visionarium d’Europarque et le
Musée d’art et d’archéologie de Macao.
Le concept de l’Espace-Musée Charlie Chaplin est présenté de façon détaillée
sur le site internet
www.chaplinmuseum.com. On y invite les intéressés à faire
part de leurs commentaires et suggestions.
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ÉMILE OLIVIER, 1940-2002
Sociologue et écrivain québécois d’origine haïtienne, Émile Olivier est décédé
à Montréal le 10 novembre. Professeur à l’Université de Montréal, il a vécu
la plus grande partie de sa vie au Québec, mais Haïti ne l’a jamais quitté.
Il aimait dire : "Je suis Québécois le jour et Haïtien la nuit". Comme le dit
Caroline Montpetit (Le Devoir, 2002-11-12), "toute son oeuvre est ainsi
marquée d’un passage entre deux cultures". Mentionnons : Paysage de
l’aveugle, son premier livre publié en 1977, Mère-Solitude,
Passages, La Discorde aux cent voix, Mille Eaux, Repérages et Regarde,
regarde les lions, son dernier recueil de nouvelles.
Ses livres ont souvent été primés. Il était membre de l’Académie des lettres
du Québec et, depuis 1998, président de l’Institut canadien d’éducation des
adultes (ICÉA). Le dernier numéro de la revue Études littéraires (vol.
34, no 3, janvier 2003) lui est consacré.
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L’ORDRE NATIONAL DU QUÉBEC À GÉRARD DEPARDIEU
Au début de septembre 2002, le Premier ministre Bernard Landry a remis
l’insigne de chevalier de l’Ordre national du Québec à l'acteur français
Gérard Depardieu. On lui rendait ainsi hommage pour son immense talent et
pour son engagement en faveur de la diversité culturelle, tout en rendant
hommage, par la même occasion, au cinéma français. Gérard Depardieu se
trouvait déjà à Montréal où il agissait comme président d’honneur du Festival
des films du monde.
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DEUX PRIX LITTÉRAIRES À GUILLAUME VIGNEAULT
Le prix des lecteurs de l’Association France-Québec vient d'être décerné à
l’auteur québécois Guillaume Vigneault pour son roman Chercher le vent.
En novembre, il avait reçu le prix littéraire France-Québec/Jean-Hamelin
décerné par l’Association des écrivains de langue française. Les lecteurs et
les écrivains se sont donc rejoints dans leur appréciation de cette oeuvre et
les deux prix lui seront remis lors du Salon du livre de Paris en mars 2003.
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YANN MARTEL, LAURÉAT DU PRIX BOOKER
Le
prestigieux prix Booker, l’équivalent pour la Grande-Bretagne du prix Goncourt
pour la France, a été décerné cet automne à un Québécois, Yann Martel, pour
son roman Life of Pi. Fils d’un diplomate canadien originaire de
Montréal, il a été éduqué dans des institutions de langue anglaise en raison
des aléas des assignations diplomatiques.