QUÉBEC Info

HIVER 2003

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INTERNATIONAL

***** LE QUÉBEC AU SOMMET DE BEYROUTH

Le neuvième Sommet de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’est tenu à Beyrouth (Liban) du 18 au 20 octobre 2002, sous la présidence du président libanais Émile Lahoud.  Les quelque 55 membres étaient présents dont 37 représentés par leur chef d’État ou de gouvernement.

Les sommets de la Francophonie ont lieu, en principe, aux deux ans.  Celui de Beyrouth, d’abord prévu pour octobre 2001, avait été reporté d’un an à la suite du célèbre 11 septembre.  Le prochain sommet doit avoir lieu à Ouagadougou (Burkina Faso) et le suivant à Bucarest (Roumanie).

Le Sommet de Beyrouth a été l’occasion du choix d’un nouveau secrétaire général de l’OIF.  Abdou Diouf, ancien président du Sénégal, a été élu à l’unanimité.  Il succède à Boutros Boutros-Ghali qui était en poste depuis 1997.  Pour le nouveau secrétaire général, l’OIF est "une communauté linguistique, mais en même temps une communauté politique qui veut avoir une dimension économique".  Il souhaite donner à l’OIF un nouvel élan "surtout sur le plan économique" (L’Orient-Le Jour, le 20 octobre 2002).  Ces propos rejoignaient ceux du Premier ministre du Québec, Bernard Landry, qui déclarait au même journal que "sans minimiser le politique, la base de la solidarité francophone doit se transmettre dans l’action, dans l’entraide.  Et par les gestes.  Le politique doit soutenir la coopération. (…)  Il faut que la coopération soit dominante".

La diversité culturelle

La diversité culturelle constituait le thème officiel de ce Sommet.  Le dialogue des cultures, prôné par Léopold Sédar Senghor dès les débuts de la francophonie, qui s’appelait alors l’Agence de coopération culturelle et technique, constitue l’une des idées force de l’OIF.  La Déclaration de Beyrouth affirme en tout premier lieu "le rôle majeur du dialogue des cultures dans la promotion de la paix et de la démocratisation des relations internationales".

C’est sur la proposition du Québec et du Maroc que les membres de l’OIF ont adopté une position commune relative à la défense de la diversité culturelle.  La Déclaration de Beyrouth demande que soit élaboré, sous l’égide de l’UNESCO, une convention internationale qui reconnaîtra aux pays le droit de protéger leur culture et leur langue.  "Nous estimons, dit la déclaration, que la préservation de la diversité culturelle implique de s’abstenir de tout engagement de libéralisation à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) en matière de biens et services culturels".  La ministre d’État aux Relations internationales du Québec, Louise Beaudoin, pouvait se réjouir de ce résultat puisque c’est elle qui a mené un combat de tous les instants pour sensibiliser les membres de la Francophonie aux dangers que comporte une libéralisation des échanges qui ne considérerait la culture que sous l’angle du commerce.

Démocratie et droits de l’homme

L’OIF a donné une dimension politique officielle à la Francophonie en adoptant la déclaration de Bamako (novembre 2002) qui condamne la prise du pouvoir par la force et la violation des droits de l’homme.  Elle se donne ainsi les moyens de réagir à toute interruption du processus démocratique ou violation grave des droits de l’homme dans les pays membres.  Les sanctions peuvent entraîner l’arrêt de l’aide et aller jusqu’à l’exclusion.  Selon le ministre de la Culture du Liban, Ghassan Salamé, responsable de l’organisation du Sommet, l’OIF "a reçu un mandat clair pour être plus active dans le rétablissement de la paix dans et entre les pays membres" (Le Monde, le 21 octobre 2002).  C’est Lucien Bouchard, alors Premier ministre du Québec, qui avait le premier soulevé cette question lors du Sommet francophone d’Hanoï, en 1997.

Critères d’adhésion

L’OIF compte maintenant 55 membres.  Certains d’entre eux ont peu d’intérêt pour la langue française.  La ministre Louise Beaudoin avait remarqué que, parmi les membres de l’OIF, seulement 36 exigent des documents en français lors des séances des Nations unies.  Les critères d’admission à l’OIF ont donc été précisés et resserrés.  Les candidats à l’Organisation internationale de la Francophonie devront désormais démontrer que l’usage du français sur leur territoire connaît une situation satisfaisante :  son statut officiel, la scolarisation en français des étudiants et la situation du français dans les communications.  La ministre Beaudoin a joué un rôle déterminant dans ce dossier.

Les relations Québec-Liban

Le Sommet de Beyrouth a été l’occasion de resserrer les relations bilatérales entre le Québec et le Liban.  Le Premier ministre du Québec a eu un entretien avec le président du conseil des ministres du Liban, Rafic Hariri, où il a été abondamment question de la coopération économique et d’autres questions d’intérêt commun.  Le Premier ministre Bernard Landry a aussi rencontré le cardinal Nasrallah Butros Sfeir, leader spirituel de la communauté maronite.  Plusieurs parmi les 150 000 Québécois d’origine libanaise sont des maronites.

Le Premier ministre s’est aussi intéressé aux activités libanaises au sein desquelles la coopération du Québec est déjà présente.  Par exemple, dès son arrivée au Liban, il s’est rendu visiter Arc-en-ciel, un organisme qui contribue à la réinsertion des jeunes de la rue en les initiant aux arts du cirque.  Cet organisme a été créé grâce à l’initiative et à l’appui du Cirque du Soleil, et il reçoit une aide financière du gouvernement du Québec et de l’Agence intergouvernementale de la Francophonie.

Du 17 au 21 septembre, la ministre Louise Beaudoin avait effectué une mission préalable au Liban en participant, à l’invitation du ministre de la Culture du Liban Ghassan Salamé, au Colloque international intitulé Cultures, religions, conflits.  Le 20 septembre, elle a signé une entente de coopération en matière de culture et d’éducation avec le ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur, Abdel Rahim Mrad.  Cette entente, à titre d’exemple, facilitera la venue annuelle au Liban de quelque 30 étudiants, professeurs et fonctionnaires du Québec pour y réaliser des séjours d’étude et de recherche, ainsi que la venue au Québec de 60 étudiants libanais.  Le 21 septembre, la ministre a procédé à l’inauguration du Centre d’interprétation du site romain de Byblos, près de Beyrouth.  Ce centre a reçu une aide de 400 000 $ du gouvernement du Québec.

Lors du Sommet, la ministre Beaudoin et le ministre d’État libanais pour le Développement administratif, Fouad es-Saad, ont signé une déclaration commune relative à la "coopération en matière de nouvelles technologies".  Ce projet vise à développer un système d’administration électronique permettant une plus grande rationalisation des formalités administratives et à faire du gouvernement libanais un gouvernement en ligne.

Le Sommet de Beyrouth fut également l’occasion du lancement d'un numéro spécial de la revue montréalaise Parachute consacré à Beyrouth, "ville charnière pour l’art contemporain et le monde arabe", en présence du ministre libanais de la Culture Ghassan Salamé et de la ministre québécoise de la Culture et des Communications Diane Lemieux.

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***** LA DIVERSITÉ CULTURELLE DÉFENDUE PAR LE QUÉBEC

L’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) s’étant prononcée en faveur d’un traité international qui, sous l’égide de l’UNESCO, protègerait la diversité culturelle, la ministre d’État aux Relations internationales du Québec, Louise Beaudoin, est allée expliquer, à Washington et à Bruxelles, la position du Québec et celle de la Francophonie à cet égard.

Le 2 décembre dernier, à Washington, elle prononçait une allocution à la Johns Hopkins University sur le phénomène de la mondialisation.  "Oui à l’économie de marché; non à la société de marché" a-t-elle résumé de façon lapidaire.  Elle a aussi pris la parole au Washington Center for Internships and Academic Seminars où elle a traité de la mondialisation, plus particulièrement sous l’angle de l’éventuelle ZLÉA (Zone de libre-échange des Amériques).

Le 9 décembre, elle était à Bruxelles où elle s’adressait à la commission de la culture, de la jeunesse, de l’éducation, des médias et des sports du Parlement européen.  C’était la première fois qu’un ministre du Québec était reçu officiellement par une commission du Parlement européen.  Elle a expliqué aux membres de la commission la résolution adoptée par l'Organisation internationale de la Francophonie et les a invités à s’impliquer dans le débat sur la mondialisation et l’avenir des cultures.  "Les pays européens possèdent aujourd’hui la clef de la défense de la diversité culturelle" leur a-t-elle dit.

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***** "LE COMBAT POUR LA DIVERSITÉ CULTURELLE…

…c’est celui que mène aujourd’hui le gouvernement du Québec.  Il le mène sur le plan de la création d’un instrument juridique international contraignant.  Un instrument qui garantit le droit des États et des gouvernements de soutenir, par leurs politiques, une expression culturelle distincte.  En d’autres termes, une convention de gestion des échanges culturels internationaux :  un Kyoto de la culture.  Pour qu’un cinéma pluriel survive, il faut que les États et les gouvernements préservent ce droit de définir librement leur politique culturelle, ainsi que le droit de la soutenir financièrement".

Louise Beaudoin,
ministre des Relations internationales du Québec

(Extrait d’une allocution prononcée lors de l’inauguration des journées québécoises du Festival international du Cinéma au Féminin de Bordeaux et des célébrations du 40e anniversaire du jumelage des villes de Bordeaux et de Québec, le 28 septembre 2002)

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***** LA PAIX DES BRAVES EXPLIQUÉE AUX EUROPÉENS

Le Grand chef du Grand conseil des Cris, Ted Moses, et le ministre délégué aux Affaires autochtones du Québec, Michel Létourneau, se sont rendus en Europe du 16 au 23 novembre dernier afin de faire connaître les deux ententes historiques conclues entre le gouvernement du Québec, les Cris et les Inuits (Voir QUÉBECInfo, Vol. 8, no 2, Printemps-Été 2002).

Cette tournée européenne les a amenés à Paris, à Strasbourg, à Londres et à Barcelone où ils ont rencontré ministres, députés, professeurs et responsables d’institutions touchant les droits de l’homme.  Ils ont notamment été reçus par des représentants ou des membres de l’UNESCO, du Parlement européen, du Conseil de l’Europe et de la Chambre des Lords.

Selon le Grand chef Ted Moses, "la paix des braves est une première au Québec, au Canada et dans le monde. Pour la première fois dans l’histoire, deux nations ont décidé d’établir de nouvelles relations qui brisent avec les traités traditionnels".  L’intérêt était grand partout où ils sont allés et l’impression laissée était éminemment favorable.

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***** JUMELAGE QUÉBEC-BORDEAUX

Les villes de Bordeaux et de Québec sont jumelées depuis 40 ans.  Cet anniversaire a été marqué à Bordeaux, fin septembre et début octobre, par une série de manifestations de nature culturelle, économique, scientifique et sociale.  Ainsi, un colloque médical a porté sur le suicide des jeunes, les Rencontres Champlain-Montaigne ont eu pour thème Villes, régions, universités :  acteurs et pratiques, puis une journée du Festival international du Cinéma au Féminin de Bordeaux a été consacrée au Québec.

Surtout depuis 1997, et largement grâce au dynamisme des maires Alain Juppé de Bordeaux et Jean-Paul L’Allier de Québec, le jumelage Québec-Bordeaux donne lieu à un grand nombre d’échanges et de collaborations qui touchent l’administration du territoire, les transports en commun, l’économie, les services sociaux, l’action sociale, la jeunesse, la culture, etc.  En 1999, un premier plan triennal de coopération prévoyait quelque 50 projets et le bilan de ces trois années fait état de près de 90 réalisations.  Un nouveau plan triennal signé le 3 octobre 2002 prévoit 52 nouveaux projets.

La Société de promotion économique du Québec métropolitain et la Chambre de commerce de Bordeaux ont collaboré pour permettre à la vingtaine d’entreprises québécoises qui se sont rendues à Bordeaux pour l’occasion de faire des contacts avec d’éventuels partenaires.  Les institutions québécoises qui ont déjà des ententes de partenariat avec leur équivalent bordelais étaient présentes pour mettre à jour leur coopération dans les domaines les plus divers :  services municipaux, hôpitaux, universités.

L’université de Bordeaux a d’ailleurs voulu marquer ce 40e anniversaire en décernant un doctorat Honoris Causa au maire Jean-Paul L’Allier.  Et le maire Alain Juppé a annoncé que la première rame du Tramway de Bordeaux qui sera bientôt inauguré se nommera Ville-de-Québec.

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***** LONDRES :  LA DÉLÉGATION GÉNÉRALE A 40 ANS

Le Premier ministre Bernard Landry et la ministre d’État aux Relations internationales Louise Beaudoin ont fait une visite brève mais très remarquée à Londres à la fin d’octobre 2002.  Il s’agissait de souligner les 40 ans de la Délégation générale du Québec à Londres.

Pour le Premier ministre, il s’agissait aussi d’une mission économique.  Il était accompagné d’une douzaine d’hommes d’affaires qui ont rencontré d’éventuels partenaires britanniques.  Le Premier ministre lui-même a eu des rencontres privées avec cinq chefs d’entreprises britanniques qui envisagent des investissements au Québec.

L’événement principal de cette visite aura été l’allocution prononcée par le Premier ministre devant 350 personnes, surtout des hommes d’affaires, à Mansion House, dans la City.  Il a pu informer son auditoire des succès économiques spectaculaires que le Québec connaît depuis dix ans.  Comme le faisait d’ailleurs remarquer le Délégué général du Québec Daniel Audet, les exportations britanniques au Québec ont augmenté de 140 % depuis 1995.

La ministre d’État aux Relations internationales Louise Beaudoin a prononcé une allocution au Royal Institute of International Affairs.  Présentée par le député travailliste de Londres Martin Linton, elle a expliqué la position du Québec sur la diversité culturelle.

Le dernier geste posé par le Premier ministre Bernard Landry avant de quitter Londres aura été de nommer Michael Morris chevalier de l’Ordre national du Québec.  Le producteur Michael Morris est le premier britannique à recevoir cet honneur.  Il a, depuis dix ans, grandement contribué à faire connaître les artistes québécois en Grande-Bretagne.  Il a été, de dire le Premier ministre, un "instrument déterminant de la célébrité planétaire de Robert Lepage et d’Édouard Lock".

Au cours de son séjour, le Premier ministre a aussi accordé des entrevues à de prestigieux médias économiques dont le journal The Financial Times et la revue The Economist.

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***** MISSION COMMERCIALE EN POLOGNE, EN ALLEMAGNE ET EN CHINE

Du 17 au 29 novembre 2002, Lucie Papineau, ministre déléguée à l’Industrie et au Commerce du Québec, a présidé une mission commerciale en Pologne, en Allemagne et en Chine.  Quelque trente entreprises ont participé à la portion européenne de la mission et une trentaine d’autres à la partie asiatique.  En Pologne, où il s’agissait d’une mission exploratoire, les domaines de l’environnement et de l’énergie renouvelable avaient priorité.  En Allemagne, Lucie Papineau a eu des entretiens avec le ministre de l’Économie et du Travail de l’État de la Saxe, Martin Gillio.  Pour ce qui est des entreprises, les métaux légers, le matériel de transport, les équipements biomédicaux, le génie conseil et l’énergie étaient à l’honneur.  En Chine, les domaines de l’environnement, du transport, des technologies de l’information et de la construction étaient importants ainsi que le volet éducation qui mettait l’accent sur les secteurs de l’agroalimentaire et de la gestion.