QUÉBEC Info

HIVER 1999

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SOCIÉTÉ

Les 50 ans du Refus global


La publication du Refus global à Montréal, en 1948, est passée comme un éclair dans l'histoire du Québec, un éclair qui jeta une lumière crue sur le Québec de l'époque, un éclair qui annonçait le Québec à venir. Le Refus global est un manifeste qui porte la signature du peintre Paul-Émile Borduas, principal inspirateur et rédacteur de ce texte, et de quinze autres artistes. La peinture, la poésie et la danse, entre autres, y sont représentées et sept des seize signataires sont des femmes. Mais ce n'est pas qu'un manifeste sur l'art; c'est un manifeste politique et moral. Refus de la peur, de l'angoisse et de la nausée. Refus du pouvoir politique et du pouvoir religieux. Place à la magie ! Place à l'amour ! Place aux nécessités ! "Nous poursuivrons dans la joie notre sauvage besoin de libération" conclut-il.

Le cri lancé dans un Québec qui souffrait encore de la collusion des pouvoirs financiers, politiques et religieux a fait scandale. Borduas a été chassé de l'École du Meuble de Montréal où il enseignait. Ce fut la misère et l'échec de sa vie de couple et de sa vie familiale. En 1953, il a abandonné femme et enfants et s'est exilé aux États-Unis puis à Paris en 1955 où il est décédé en 1960. Les autres signataires ont poursuivi chacun leur voie. Plusieurs, sinon tous, appartiennent désormais à l'histoire culturelle du Québec. Mentionnons les Magdeleine Arbour, Marcelle Ferron, Claude Gauvreau, Muriel Guilbault, Fernand Leduc, Jean-Paul Mousseau, Maurice Perron, Jean-Paul Riopelle et Françoise Sullivan.

Publié dans les années d'après-guerre, le Refus global exprime à la fois un immense besoin de liberté et de démocratie ainsi que les contradictions qui étreignaient la société québécoise. Il annonce la Révolution tranquille qui surviendra en 1960. Encore aujourd'hui, il faut lire ce texte fondateur.

L'année du cinquantenaire est l'occasion de faire le point sur le Refus global, sa signification et son rôle. Colloques et conférences, expositions et publications, émissions de télévision et de radio sont légion. Un film documentaire intitulé Les Enfants du Refus global, réalisé pour l'ONF (Office National du Film) par Manon Barbeau, fille d'un des signataires du manifeste, a suscité la controverse. Il soulève la question de la responsabilité de l'artiste à l'égard non seulement de son art mais de ses enfants. Il fait témoigner quelques enfants de signataires qui ont eu à souffrir de la négligence de leurs parents à leur égard. Mais ce ne fut pas le cas de tous et plusieurs se sont insurgés contre cette charge qui généralise trop. La plupart de ces manifestations ont eu lieu à Montréal, dans les musées et les universités, mais aussi à Québec et en province. Et même à Paris où le Centre culturel canadien a présenté une exposition des automatistes et une projection de films et de vidéos, organisé la lecture de quelques oeuvres ainsi qu'un colloque sous la direction de Lise Gauvin.


Un plan d'action jeunesse


Pour donner suite à son engagement pris lors de la campagne électorale de 1994 et dans la foulée du budget présenté en mars 1998, le ministre responsable de la jeunesse, André Boisclair, rendait public, en juin dernier, un plan d'action qui vise à mieux coordonner et à rendre plus efficaces les mesures destinées aux jeunes et réparties dans plusieurs ministères. L'enveloppe budgétaire déjà engagée à ce titre par l'ensemble des ministères dépasse le milliard de dollars. En annonçant son plan d'action, le gouvernement y a ajouté une somme de 370 M $ qui servira, au cours des trois prochaines années, à rendre ces mesures plus visibles et plus accessibles aux clientèles auxquelles elles sont destinées, tout en engageant les jeunes eux-mêmes à être des acteurs plus présents dans le choix et la préparation de leur propre avenir.

Le plan comprend pas moins de 70 actions regroupées dans trois grands chantiers, soit l'emploi, la formation et le mieux-être des jeunes âgés de 15 à 29 ans. Il traduit la volonté gouvernementale de concerter et d'intensifier ses actions en faveur de la jeunesse québécoise.

Parmi les principales mesures annoncées, le plan prévoit fournir aux jeunes des occasions de faire des expériences de travail, de mettre en place un climat favorable à la création d'emploi et au lancement d'entreprises par des jeunes. Un service public intégré sera créé pour rassembler les informations permettant de jumeler les demandes d'emploi de tous ordres avec les offres reçues.

D'autres mesures, plus structurantes, porteront sur la mise à jour des programmes de formation, de manière à les rendre mieux adaptés aux besoins actuels du marché du travail. Dans cette même voie, des crédits supplémentaires serviront à diminuer l'endettement des étudiants, à favoriser les occasions de stages et à encourager la formation dans les secteurs créateurs d'emplois. Enfin, des budgets seront réservés pour la création de services adaptés aux jeunes qui rencontrent des problèmes particuliers, personnels ou d'adaptation.

L'une des mesures les plus novatrices de ce plan d'action est la place qu'il fait aux jeunes dans les forums qui traitent de l'avenir et de l'organisation de la société québécoise. Le nombre de Carrefours-Jeunesse sera augmenté de même que celui des Forums-Jeunesse qui viennent en appui aux Conseils régionaux de développement. Et, pour assurer le suivi du plan d'action, un Comité national se réunira quatre fois l'an pour dresser le bilan des réalisations et faire ses recommandations au ministre responsable de la jeunesse. Une fois l'an, ce Comité de suivi rencontrera le Premier ministre pour faire le point.


Observations scientifiques dans l'Arctique


Imaginez-vous à bord d'un navire à la dérive dans les glaces de l'Arctique, au milieu de nulle part, dans le grand désert blanc ! C'est l'expérience que viennent de vivre les marins du brise-glace Des Groseilliers. Parti de Québec au printemps 1997, le navire n'est revenu à son port d'attache qu'en octobre 1998. Pendant plus d'un an, il a servi de laboratoire scientifique flottant. Les marins partageaient leurs quartiers avec 160 chercheurs et techniciens des cinq pays qui participaient à l'expérience internationale SHEBA : le Canada, les États-Unis, la Hollande, le Japon et la Russie. Le but était de vérifier les théories existantes sur la manière dont l'air, la mer et la glace interagissent pour influencer l'environnement mondial. Les premières observations révèlent des variations importantes de température entre les différentes couches d'eau de l'Arctique, un taux passablement élevé de pollution, en particulier une forte concentration de mercure. Mais il faudra cinq ans pour analyser les milliers de prélèvements qui ont été faits par les techniciens ainsi que les observations compilées par les scientifiques.

Les marins, eux, se souviendront longtemps des ours polaires qui se promenaient sur la banquise. Ils s'approchaient souvent du bateau et des installations temporaires et fragiles qui servaient de laboratoire de recherche à la mission scientifique. Vive le retour à la civilisation !