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PRINTEMPS-�T� 2000 

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CULTURE

***** JOURN�E MONDIALE DU TH��TRE

Le 27 mars, la Journ�e mondiale du th��tre a donn� la parole, dans le monde entier, au dramaturge qu�b�cois Michel Tremblay. C�est lui que l�Institut international du th��tre, rattach� � l�UNESCO, avait invit� � cr�er le texte de l�an 2000. Depuis 1962, alors qu'on a entendu la voix de Jean Cocteau, l�Institut invite chaque ann�e une personnalit� du monde du th��tre � s�exprimer sur le th��tre. Voici le texte de Michel Tremblay qui est aussi disponible en une vingtaine de langues sur le site Internet de l�Institut international de th��tre au

Un texte de th��tre est universel par l�humanit� qui s�en d�gage

Il y a plus de 2000 ans, l��lectre d�Euripide disait : "Comment commencer mon accusation ? Comment la terminer ? Que mettre en son milieu ?". En cette �re de l�euph�misme et de la langue de bois o� il est mieux vu de m�nager la susceptibilit� de tout le monde que de dire les choses comme elles sont, le cri de la fille d�Agamemnon est toujours aussi pertinent. N�est-ce pas l� le r�le du th��tre ? Accuser. D�noncer. Provoquer. D�ranger.

Ce ne sont certes pas la mondialisation tant � la mode et dont on nous rebat sans cesse les oreilles, l�universalit� � tout prix et la globalisation qui menacent de r�duire notre monde � la grandeur d�un village o� tout est pareil, qui faciliteront le r�le du th��tre dans notre soci�t� de plus en plus aseptis�e et assujettie aux deux ou trois gros monstres culturels qui ont tendance � tout diriger du haut de leur puissance. � trop vouloir que tout se ressemble, rien ne ressemblera plus � rien.

Non, le salut, au d�but de ce troisi�me mill�naire, viendra plut�t de ces petites voix qui s��l�vent de partout pour d�crier l�injustice et, en accord avec les fondations m�me du th��tre, extraire l�essence de l��tre humain, la pressurer, la transposer pour la partager avec le monde entier. Ces petites voix viennent d��cosse, d�Irlande, d�Afrique du Sud, du Qu�bec, de Norv�ge et de la Nouvelle-Z�lande, elles font entendre partout leur cri d�indignation, elles ont un parfum parfois local et une coloration pr�cise qui n�ont rien de global, c�est vrai, mais au moins elles sont authentiques !

Et elles parlent � tout le monde parce qu�au d�part elles s�adressent � quelqu�un, un public particulier, qui peut vibrer en reconnaissant ses �mois et ses peines, pleurer sur lui-m�me et rire de lui-m�me. Et le monde entier se reconna�tra si, au point de d�part, le portrait esquiss� est ressemblant.

Universalit�

Car l�universalit� d�un texte de th��tre ne se situe pas dans l�endroit o� ce texte a �t� �crit mais dans l�humanit� qui s�en d�gage, la pertinence de son propos, la beaut� de sa structure. On n�est pas plus universel quand on �crit � Paris ou � New York plut�t qu�� Chicoutimi ou � Port-au-Prince. On est plus universel quand, tout en parlant de ce qu�on conna�t � un public qui accepte de se voir et de s�autocritiquer, on arrive, par le miracle du th��tre, oui, par la foi qu�on y met, par la sinc�rit� qu�on y investit, � d�crire, � chanter l��me humaine, � en fouiller les arcanes, � en restituer toute la richesse.

Tchekhov n�est pas universel parce qu�il est Russe mais parce qu�il a le g�nie de d�crire l��me russe dans laquelle tous les �tres humains peuvent se retrouver. Il en est ainsi de tous les g�nies, et m�me des simples bons auteurs de th��tre : chaque r�plique �crite par un auteur quelque part dans le monde est par d�finition universelle si elle exprime le cri fondamental d��lectre : "Comment commencer mon accusation ? Comment la terminer ? Que mettre en son milieu ?".

Michel Tremblay
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***** IN MEMORIAM ANNE H�BERT (1916-2000)

La grande dame de lettres qu�b�coise, la po�tesse et romanci�re Anne H�bert, est d�c�d�e � Montr�al le 22 janvier dernier. Elle a donn� au Qu�bec l�une des grandes oeuvres de sa litt�rature, une oeuvre essentielle et forte. Les prix litt�raires pars�ment sa carri�re, depuis le prix David que lui valut en 1942 son premier recueil de po�sie, Les Songes en �quilibre, jusqu�au prix France-Qu�bec/Jean-Hamelin 1999 qui lui fut d�cern� pour son dernier roman, Un habit de lumi�re, et pour l�ensemble de son oeuvre, en passant par le F�mina 1982 pour Les Fous de Bassan et le prix des libraires de France 1970 pour Kamouraska. En po�sie, son chef-d�oeuvre demeure Le Tombeau des rois. Le Centre Anne-H�bert de l�Universit� de Sherbrooke a produit un site Internet d�une grande richesse :
https://www.usherb.ca/flsh/centannheb/index/html
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***** SUCC�S DE LIBRAIRIE (de janvier � avril 2000)

Litt�rature

Leonard Cohen, �trange musique �trang�re, Hexagone
Nancy Huston, Nord Perdu, Actes Sud/Lem�ac
Sergio Kokis, Le ma�tre de jeu, XYZ Romanichels
Dany Laferri�re, Le Cri des oiseaux fous, Lanct�t
Guillaume Vigneault, Carnets de naufrage, Bor�al

Essais, �tudes

G�rard Bouchard, Gen�se des nations et cultures du Nouveau Monde, Bor�al
Jacques Grand�Maison, Quand le jugement fout le camp, Fides
Andr� Lachance, Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France, Libre Expression
Beno�t Lacroix, La foi de ma m�re, Bellarmin
Jean-Fran�ois Lis�e, Sortie de secours, Bor�al
Jean Monbourquette, � chacun sa mission, Novalis