QUÉBEC Info
PRINTEMPS-ÉTÉ 2000
***** POLITIQUE À L'ÉGARD DES UNIVERSITÉS
En février 1998, le gouvernement du Québec a soumis à la consultation publique un document d'orientation portant sur l'avenir de l'université québécoise. L'analyse d'une quarantaine de mémoires recueillis au cours de la consultation a permis de dégager une très grande convergence de vues sur laquelle s'est fondé le ministre de l'Éducation, François Legault, pour rendre publique, le 15 février de cette année, la politique gouvernementale à l'égard des universités : Pour mieux assurer notre avenir collectif. L'importance des universités comme lieux de formation et comme instruments de développement collectif s'y trouve réaffirmée avec vigueur.
Les trois grandes orientations qui avaient été proposées aux représentants de la communauté universitaire, aux organismes gouvernementaux et aux milieux socio-économiques ont été retenues : accessibilité aux études universitaires, performance des établissements et réponse aux besoins de la société allant de pair avec l'ouverture au monde.
Accessibilité aux études
Depuis 30 ans maintenant, quiconque a la volonté et la capacité de faire des études universitaires au Québec peut le faire. Cet acquis important sera préservé, tant aux études de premier cycle qu'aux études avancées où la fréquentation doit encore opérer un certain rattrapage. C'est pourquoi on s'attachera à réduire au minimum les barrières économiques à l'accès à l'université grâce au programme d'aide financière aux études. L'accessibilité géographique sera assurée par la présence des universités dans les régions et le développement de la formation à distance. Un meilleur encadrement des étudiants, surtout au premier cycle, assurera de son côté la persévérance aux études et un accès plus large aux diplômes.
Performance des établissements
L'amélioration de la performance des universités passera d'abord par la consolidation de la qualité de la formation. Mis à jour régulièrement, les programmes d'études intégreront les nouvelles connaissances en s'arrimant aux développements les plus récents de la recherche. Leur pertinence sera réévaluée pour que la formation fournisse les compétences et les outils que requiert la société d'aujourd'hui, tout en assurant la polyvalence qui permet l'adaptation à un environnement en constante mutation. Consolider la qualité de la formation suppose bien entendu des moyens et la nouvelle politique en prévoit plusieurs : le renouvellement, le recrutement et la rétention d'un corps professoral de haut niveau, la modernisation des infrastructures et des équipements, comme les bibliothèques et les laboratoires, le renforcement des liens entre le contenu des programmes et les besoins de la société, etc.
La performance des universités québécoises s'accroîtra également par une consolidation de la recherche, dont le niveau d'excellence est déjà reconnu. On favorisera à cette fin la présence de masses critiques de chercheurs dans les universités, en encourageant notamment la recherche conjointe entre établissements. Le ministre de la Recherche, de la Science et de la Technologie, Jean Rochon, devrait présenter dans quelques mois la politique scientifique du gouvernement qui complétera, en matière de recherche, la politique des universités.
L'amélioration de la performance des universités empruntera enfin la voie d'une gestion rationnelle de l'offre de formation et d'une efficience accrue, notamment par la concertation et la complémentarité des établissements.
Réponse aux besoins de la société et ouverture sur le monde
Les besoins grandissants d'une société axée sur le savoir se traduisent par des demandes croissantes adressées aux établissements d'enseignement universitaire. L'université doit faire preuve d'ouverture pour répondre à ces nouvelles attentes; elle le fera en s'engageant dans des partenariats qui renforceront ses liens avec les acteurs socio-économiques. La politique des universités mentionne à cet égard quatre pistes d'action prioritaires : la recherche, la formation d'un personnel hautement qualifié et d'une relève scientifique, l'insertion des diplômés dans la vie professionnelle et l'internationalisation des activités universitaires.
La publication de la politique gouvernementale sera complétée par la révision du plan de financement et l'annonce d'un plan de réinvestissement dans l'enseignement universitaire; on en trouvera les premiers éléments dans le budget gouvernemental 2000-2001. Mais l'engagement de l'État pour un effort financier accru ira de pair avec un engagement des universités. L'État et les établissements devront convenir d'un contrat de rendement pour faire de l'enseignement et de la recherche universitaires un outil efficient de développement social, économique et culturel. À cette fin, des indicateurs de performance seront définis de concert entre le ministère de l'Éducation et les universités.
La politique sur les universités a été généralement bien accueillie dans les milieux proches de l'université québécoise. On s'y réjouit tout particulièrement de l'annonce d'un réinvestissement important dans l'enseignement et la recherche ainsi que dans les infrastructures. La question des indicateurs de performance a suscité quant à elle certaines interrogations ou des réserves, sans soulever toutefois d'opposition de principe.
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***** TAUX DE SCOLARISATION : LE QUÉBÉC EN BONNE POSITION
Dans une étude comparative effectuée par le ministère de l'Éducation, le Québec fait fort bonne figure en matière de taux de scolarisation. Ces comparaisons sont fondées sur les données de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) qui regroupe 24 pays industrialisés d'Occident.
Si l'on considère les personnes âgées de 5 à 29 ans, le Québec se situe au premier rang pour ce qui est de la fréquentation d’un établissement scolaire, avec un taux de 78 %, alors que la moyenne des pays membres de l'OCDE est de 62,7 %. Le Québec devance à cet égard l'Australie (76,7 %) et la Belgique (70,8 %).
L'OCDE a également calculé l'espérance de scolarisation, c'est-à-dire le nombre d'années pendant lesquelles un enfant de 5 ans pourrait fréquenter un établissement d'enseignement; la moyenne dans les pays membres est de 15,4 années. Le Québec se classe ici en troisième position avec 16,7 années, derrière la Finlande (17,2 années) et le Danemark (17,1 années).
En matière d'enseignement postsecondaire, qui concerne les personnes de la tranche d'âge 17 - 34 ans, le Québec reprend la première place avec un taux de scolarisation de 20,3 %, contre 11,2 % pour l'ensemble des pays de l'OCDE. Le taux est de 16,9 % au Canada et de 16,2 % aux États-Unis.
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***** L'INTERNATIONALISATION DES ÉTUDES UNIVERSITAIRES
Alors que les étudiants étrangers affluent dans les universités américaines et canadiennes, les étudiants nord-américains sont peu portés sur les études à l'étranger. Dans l'ensemble du Canada, moins de 1 % des étudiants profitent chaque année des programmes d'échanges avec des universités étrangères. Cette tendance s'observe également au Québec : les étudiants étrangers y sont cinq fois plus nombreux que les étudiants québécois à l'étranger. Les raisons le plus souvent invoquées pour expliquer ce manque d'intérêt sont les coûts supplémentaires liés aux études à l'étranger ainsi que la lourdeur des démarches à entreprendre.
À l'heure de la mondialisation des échanges dans tous les domaines, les efforts se multiplient pour accroître la mobilité internationale des étudiants québécois. Le ministère de l'Éducation accorde un soutien financier pour encourager les séjours d'études en France et au Mexique. La Conférence des recteurs et des principaux des universités québécoises (CRÉPUQ) a négocié de son côté de nombreux accords-cadres avec des universités étrangères, mais le nombre de candidats québécois demeure limité. Les universités québécoises, qui ont parfois leurs propres programmes d'échanges, s'engagent de plus en plus résolument sur la voie de l'internationalisation, en intégrant la dimension internationale à leurs programmes d'études et en multipliant les séances d'information et les mesures d'incitation auprès de leurs étudiants.
Sur la recommandation d'un groupe de travail sur l'internationalisation des programmes, l'Université Laval s'est fixé pour objectif de donner à ses 80 programmes de premier cycle un profil international : d'ici trois ans, 10 % des étudiants au baccalauréat devraient accomplir le tiers de leurs études dans une université étrangère. Le profil international, que pourront choisir certains étudiants dès septembre 2000, repose sur le partenariat avec des universités d'accueil et le principe de la réciprocité. À la différence de la plupart des programmes d'échanges existants, le modèle mis en place par l'Université Laval dispense les étudiants des démarches préalables puisque les départements ont déjà choisi leur destination et procédé à toutes les formalités.
De plus, l'Université Laval a créé un Fonds de mobilité internationale qui lui permettra de verser un montant de 2000 $ à tout étudiant désireux de bénéficier d'un échange. Comme les droits de scolarité continueront d'être acquittés auprès de l'université d'attache, les seuls coûts supplémentaires à la charge de l'étudiant seront les frais de déplacement et l'éventuelle différence du coût de la vie. Pour donner aux candidats retenus les meilleurs chances de réussite, on exigera un dossier scolaire supérieur à la moyenne et l'École des langues vivantes de l'université vérifiera la capacité de faire des études dans la langue de l'établissement choisi. Le principe de réciprocité qui caractérise ce programme devrait permettre par ailleurs à l'université de hausser considérablement le nombre d'étudiants étrangers qu'elle accueille sur son campus.
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***** LA FORMATION DU PERSONNEL ENSEIGNANT DU COLLÉGIAL
Dans un avis rendu public le 8 mai, le Conseil supérieur de l'éducation propose de revoir les exigences de formation pour enseigner au niveau collégial. Actuellement, aucune formation pédagogique n'est requise des professeurs de cet ordre d'enseignement, bien que de nombreux enseignants aient acquis une telle formation dans le cadre d'activités de perfectionnement.
Le Conseil considère que la pratique de l'enseignement collégial est de plus en plus complexe. L'enseignant doit non seulement maîtriser sa discipline, il doit aussi être capable de concevoir et d'appliquer des stratégies d'enseignement axées sur l'apprentissage des élèves. Il est appelé à contribuer, de façon significative, à l'élaboration des programmes et à la vie de son département, de son établissement et du milieu socio-économique. Il doit avoir aussi la capacité d'analyser de façon continue sa pratique pédagogique et de contribuer au développement des connaissances et à l'évolution de sa profession.
Tout en proposant un ensemble intégré de compétences communes à tous les enseignants, le Conseil estime que les modalités de la formation devraient suivre des cheminements particuliers constituant, pour chaque enseignant, un plan personnel de développement professionnel, de manière à créer une interaction continue entre les théories de l'enseignement et de l'apprentissage et l'expérience individuelle de l'enseignant.
Il va de soi qu'une telle approche entraîne des aménagements dans l'organisation du travail. C'est dans cette perspective que le Conseil suggère par exemple d'alléger la tâche des enseignants débutants, autant pour faciliter leur formation que pour leur permettre de dispenser, dès le départ, un enseignement de qualité. Pour assurer le soutien et l'encadrement de ce nouveau personnel, l'établissement pourrait recourir à des enseignants d'expérience, à titre de mentors ou de professeurs associés.
Le Conseil recommande par ailleurs aux collèges et aux universités de travailler de concert à la conception et à la mise en œuvre d'une formation répondant aux besoins des enseignants; l'offre de formation devrait être diversifiée et accessible, et l'expérience de maîtres chevronnés du collégial devrait être mise à profit. Au ministre de l'Éducation, le Conseil recommande d'affirmer clairement sa volonté de voir appliquer dans l'ensemble du réseau l'obligation de formation et de dégager à cette fin les fonds nécessaires.