QUÉBEC Info
PRINTEMPS-ÉTÉ 2001
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***** LE QUÉBEC : SON INDUSTRIE BIOALIMENTAIRE
L’industrie bioalimentaire employait 380 400 personnes en 1999, soit 11,3 % de la main-d’œuvre totale, répartie entre six domaines d’activité :
- Agriculture : 62 500
- Pêcheries : 4 000
- Transformation : 54 700
- Commerce de gros : 25 600
- Commerce de détail : 95 700
- Hébergement et restauration : 137 900
Ces industries ont une importance économique plus grande dans certaines régions : elles fournissent 26 % de l’emploi en Gaspésie, 16 % dans le Bas-Saint-Laurent et 14 % en Estrie.
De 1995 à 1999, l’emploi a diminué surtout dans l’agriculture (8 %) et les pêcheries (22 %). Les hausses les plus importantes sont observées dans la transformation des aliments (16 %) et le commerce de détail (10 %).
Il y avait 33 019 exploitations agricoles en 1999. Leur nombre a diminué de 7 % depuis 1995. La forme juridique de propriété évolue : le nombre de propriétaires uniques est passé de 60,1 % du total en 1995 à 50,3 % en 1999, tandis que le nombre des exploitations par des sociétés est passé de 21,0 % à 22,6 % et celles détenues par des Compagnies par actions ont progressé de 16,7 % à 23,8 %. Les femmes propriétaires représentaient 8 % des propriétaires uniques en 1999.
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***** INDICATEURS ÉCONOMIQUES
Le taux de change
Le taux de change du $ CAN en devises américaines (US) a fléchi à 64,63 $ US à la fin d’avril 2001, depuis son niveau de 66,15 $ US de la fin de décembre 2000. Un plancher de 63,59 $ US a été atteint au cours de la période.
Le taux d’escompte
Le taux d’escompte de la Banque du Canada a diminué de 1 % au cours des quatre premiers mois de 2001, passant de 6,00 % à 5,00 %.
Le PIB
Le produit intérieur brut du Québec s’est accru en l’an 2000 de 4,5 % par rapport à 1999, inflation de 2,1 % non incorporée. La rémunération des salariés s’est accru de 6,7 % et les bénéfices des sociétés avant impôt de 14,6 %, en comptabilisant l'inflation.
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***** LA TRANSFORMATION DE L'ALUMINIUM
L’entreprise norvégienne Raufoss, un important fabricant de pièces en aluminium pour l’industrie automobile, procédera bientôt à la construction d'une usine dans la région de Montréal. Cette usine qui entrera en production au printemps 2003, nécessitera des déboursés de 60 millions $ et créera 60 emplois. L’annonce a été faite en présence de la présidente de GM Canada, avec qui Raufoss a signé un important contrat pour l’approvisionnement de ses usines nord-américaines. Ce contrat n’est toutefois pas exclusif et la production envisagée au départ par la direction de Raufoss excédera les besoins de GM. Un bureau de vente a été ouvert à Detroit pour l’écoulement de la production. Selon Raufoss, le marché des pièces d’automobile en aluminium est appelé à doubler au cours des quatre prochaines années. Des associations avec d’autres entreprises européennes sont envisagées pour mieux répondre à cette demande.
La SGF sera associée à ce projet à hauteur de 20 %. Bernard Landry, qui participait à la conférence de presse en qualité de ministre des Finances, a exprimé l’intention de son gouvernement de lier dorénavant les tarifs spéciaux d’électricité consentis aux producteurs d’aluminium au développement de la transformation secondaire.
Un autre projet était dévoilé à la fin avril par l’entreprise vénézuélienne Sural. Cette entreprise, spécialisée dans la production de roues et de pièces de suspension en aluminium, projette d’implanter une usine, en association avec un autre important investisseur qui n’a pas encore été identifié. L’usine utilisera une technologie développée par Sural en partenariat avec la société Innovatech du Grand Montréal. La recherche a débuté en 1995 et a nécessité un investissement de 20 millions $ assumé à raison de 40 % par Innovatech et de 60 % par Sural. Le président de Sural a évoqué un délai de 12 mois avant que la production démarre.
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***** DES DIAMANTS DU QUÉBEC ?
Il s’agit d’un vieux rêve qui sera bientôt réalité. Le roc sur lequel la ville de Québec est construite ne s’appelle-t-il pas le Cap Diamant ? Jacques Cartier (1541) parlait de "cette haute falaise" où se trouveraient "des diamants". Et Samuel de Champlain (1603) voyait "le long de la coste dudict Québec, des diamants dans des rochers d’ardoyse" ! Ces diamants se sont révélés n’être que du quartz, ce qui a donné naissance à l’expression populaire "faux comme diamants du Canada". Mais ce ne sera bientôt plus le cas.
Depuis quelques années, des prospecteurs explorent des secteurs du Nord du Québec et leurs espoirs sont de plus en plus confirmés. En l’an 2000, près de sept millions de dollars ont été dépensés à cette fin et on prévoit une croissance rapide des investissements cette année et dans les années à venir. Trois régions sont actuellement ciblées. Le projet le plus nordique se trouve dans la région des monts Torngat, sur la rive Est de la Baie d’Ungava, à environ 60° de latitude nord, à quelque 1100 km au nord de Sept-Îles. Le second site est au centre du Québec, dans le secteur des monts Otish, à environ 52° de latitude nord, direction franc nord depuis Québec. Le troisième est situé près du village de Wemindji, au nord de la rive orientale de la Baie-de-James, à environ 54° nord.
Le Québec se prépare donc à devenir un important producteur diamantaire. L’exploration géologique se fera dans le grand nord du Québec mais la taille des diamants sera exécutée dans la région de Matane par la société Diamants du Saint-Laurent dont l'usine y est en construction. En outre, un centre de formation des diamantaires, Collégia, a été mis sur pied par deux collèges de la région : le Cégep de Matane et celui de la Gaspésie et des Îles.
Par ailleurs, l’Institut canadien des mines a tenu sa 103e Conférence annuelle à Québec du 29 avril au 2 mai et il y a été question de l’industrie canadienne du diamant qui est en pleine croissance. Les formations géologiques propices font partie du bouclier canadien qui s’étend de part et d’autre de la Baie d’Hudson. La production canadienne, qui existe depuis 1998 seulement, compte déjà pour 4 % de la valeur mondiale de diamants extraits. Le Québec s’apprête à y contribuer.
Enfin, signalons qu'au Musée de la civilisation de Québec, se tient présentement une impressionnante exposition, Diamants, où l’on peut admirer quelques-uns des plus beaux diamants du monde, des bijoux à faire rêver. On y raconte l’origine de ces pierres, l’histoire de leur exploitation et l’art du diamantaire.
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***** ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDARITÉ COMMUNAUTAIRE
Le modèle québécois issu de la Révolution tranquille évolue vers un nouveau concept de solidarité économique qui fait place à l’intervention communautaire. C’est ce qu’a reconnu le Sommet socio-économique sur l’économie et l’emploi tenu à Montréal à l’automne de 1996. Pour la première fois, des organismes communautaires et des groupes de femmes, constituant le nouveau Chantier de l’économie sociale, y participaient.
Depuis lors, les groupes sociaux se sont mobilisés pour consolider d’abord les entreprises existantes et, surtout, pour créer tout un éventail d’entreprises nouvelles dans les services collectifs : coopératives d’habitation, garderies, maisons de jeunes et de femmes, médias communautaires, entreprises de récupération et de réinsertion. Le tout est appuyé par des corporations de développement économique communautaire, les syndicats ouvriers, le mouvement coopératif et les collectivités locales.
Après cinq années de travail et de concertation, les résultats sont impressionnants. La part du produit intérieur brut (PIB) du Québec générée par l’économie sociale se chiffre à 4 milliards $. On y dénombre 4800 entreprises principalement dans le secteur des services, 2300 coopératives et 2500 organismes sans but lucratif qui mobilisent une force de travail de 50 000 emplois.
Malgré ce bilan intéressant, l’économie sociale manque encore de visibilité, n’est pas reconnue à sa juste valeur et souffre de préjugés de la part des tenants de l’économie néo-libérale.
Le 8 février, lors d’une rencontre de la coopération France-Québec, un débat sur l’économie sociale a tracé le portrait de ce secteur d’activité. Hugues Sibille, délégué interministériel à l’innovation sociale et à l’économie sociale dans le gouvernement français, a déploré le fait que malgré qu’elle génère, en France, près de 1 800 000 emplois, l’économie sociale y soit encore trop peu reconnue. Pour Nancy Neamtam, présidente du Chantier de l’économie sociale, trop de gens croient encore que les défenseurs de l’économie sociale sont des "gens sympathiques mais trop rêveurs". Pourtant, dit-elle, au Québec, les résultats sont probants. Les entreprises de ce secteur offrent des services qui répondent à des besoins mal remplis par l’économie de marché et par l’État.
Le nouveau modèle québécois s’inscrit dans ce que des chercheurs appellent aujourd’hui "économie plurielle". L'économie de marché reste le principal moteur de la création d’emplois mais les autres modèles d’organisation économique y trouvent leur place.
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***** BOMBARDIER ET ADTRANZ : MARCHÉ CONCLU
Bombardier et DaimlerChrysler ont annoncé, fin avril, la conclusion de la transaction portant sur la division ferroviaire Adtranz. Celle-ci avait été annoncée au cours du mois d’août 2000 et a finalement reçu l’approbation de la Commission européenne. Cette acquisition fait de Bombardier le premier fabricant mondial de véhicules sur rail, avec des usines dans 23 pays.
Le carnet de commande de la division transport de Bombardier est estimé à 22 milliards $. La multinationale annonçait en avril des commandes de 42 wagons d’une firme britannique et de 51 rames électriques de transport urbain des chemins de fer autrichiens. La division aéronautique n’est pas en reste : une lettre d’intention était signée en mars avec le transporteur de Phoenix (Arizona), Mesa Air Group, pour l’acquisition de 20 appareils CRJ700 de 70 places et de 20 CRJ900, les nouveaux modèles de 86 places. Il s’agit de la première vente ferme pour le nouveau modèle aux États-Unis. Des options sont également prises pour l’achat de 40 autres appareils. La transaction est évaluée à 1,9 milliard $ CAN. Le gonflement du carnet de commandes force Bombardier à accroître la cadence de production : 1000 employés additionnels seront embauchés à l’usine d’assemblage de Dorval (Montréal) à compter de l’été.
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***** MONTRÉAL : UNE PLACE FINANCIÈRE
L'ouverture du secteur financier montréalais sur le monde comporte trois grands axes : les récentes alliances boursières de la Bourse de Montréal, l'implantation de la Bourse Nasdaq au Québec et le programme des centres financiers internationaux (CFI). L'annonce de la création de 17 nouveaux CFI confirme Montréal comme place financière internationale de premier choix et contribue au développement de l’expertise internationale de la métropole. Montréal compte maintenant près d'une centaine de centres financiers internationaux.
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***** USINE PÉTROCHIMIQUE DANS L'EST DE MONTRÉAL
Le passage à Madrid, au début de février, d’une mission commerciale québécoise dirigée par le Premier ministre Lucien Bouchard, a donné lieu à la signature d’une entente entre la Société générale de financement (SGF) et la multinationale espagnole CEPSA en vue de la construction d’une usine à Montréal-Est au coût de 700 millions $. L’usine produira de l’acide téréphtalique purifié, un produit utilisé dans la fabrication de plastiques recyclables. Elle sera construite et administrée par Interquisa, propriété de SGF et CEPSA, qui détiendra 51 % de la propriété. La construction doit commencer incessamment et créera 5000 emplois d’ici 2002.
Pour le président de la SGF, cet investissement, le plus important à être réalisé au Québec depuis celui de l’usine d’Alcan à Alma, est le premier d’une chaîne de pétrochimie à Montréal, un investissement structurant, de ceux qui figurent en tête des priorités de la société d’État. La SGF a d'ailleurs fait état d’une association qui la lie déjà à Coastal Chemical, une entreprise texane, pour produire un composant chimique requis par CEPSA dans sa production de Montréal-Est. D’autres projets sont sur la planche à dessin.
La nouvelle n’a pas fait le bonheur des groupes écologistes. Le Comité de vigilance environnementale de l’Est de Montréal a exprimé ses inquiétudes en raison des importantes émissions d’eaux usées et de substances volatiles que cette production entraînera. Le Comité s’étonne de la rapidité avec laquelle le projet a été approuvé, avant même que le rapport du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement n’ait été rendu public. Le BAPE a donné son accord au projet, en recommandant toutefois que des garanties soient exigées du promoteur au sujet des émissions atmosphériques et liquides.