QUÉBEC Info
PRINTEMPS-ÉTÉ 2002
***** DES TURBULENCES DANS LES RELATIONS DE TRAVAIL
Au Québec, durant toute la décennie 1990, les conflits de travail ont été beaucoup moins nombreux qu’au cours des deux décennies précédentes. Les travailleurs concernés y ont été moins nombreux, de même que les jours de travail perdus pour cause de grève. Les années 2000 et 2001 prolongent cette tendance. Qu’en sera-t-il de 2002 ? L’année s’annonce plus active sur le front des relations de travail. Quelque 2000 conventions collectives viennent à échéance. Mais on ne peut faire le bilan d’une année qui commence. Au cours des quatre premiers mois, quelques conflits ont eu lieu; certains sont réglés, d’autres sont toujours en cours, quelques-uns ont pu être évités.
Entente au Journal de Montréal
Après de longs mois de négociations, les journalistes à l’emploi du Journal de Montréal ont entrepris un ralentissement de travail le 8 avril, tout en menaçant de déclencher la grève trois jours plus tard. À quelques heures de l’expiration de ce délai, une entente de principe a été conclue et les journalistes l’ont ratifiée massivement. Ils ont obtenu le versement rétroactif d’un montant de 2000 $ pour l’année 2001 ainsi que des augmentations de 2 % pour 2002 et de 2,5 % pour les années 2003 et 2004.
Lock-out à la mine Lac d’amiante du Canada
La société minière LAB Chrysotile a décrété, le 28 avril, un lock-out à sa mine Lac d’amiante du Canada à la suite du rejet des offres patronales par les travailleurs. Les négociations en vue du renouvellement de la convention collective, échue le 28 février, avaient été très difficiles. C’est que l’employeur demandait à ses 340 travailleurs une diminution de salaire de 3 % ainsi qu’un resserrement du régime de vacances en vigueur, tout en refusant d’améliorer leur régime de retraite.
La mine Lac d’amiante du Canada, située dans la région de Thetford Mines, est la plus grande mine de la société LAB Chrysotile, le plus important producteur d’amiante en Amérique du Nord. On connaît les grandes difficultés que rencontrent actuellement tous les grands producteurs d’amiante dans le monde. Personne n’ose prédire quand ni comment sera résolu le conflit en cours.
Retour au travail chez Bombardier Aéronautique
Sans contrat de travail depuis le 30 novembre 2001, les 7500 salariés à l’emploi de Bombardier Aéronautique ont déclenché la grève le 15 avril. Bombardier est le troisième avionneur civil au monde et ses trois usines de la région de Montréal ont été totalement paralysées par cette première grève à survenir en 35 ans. La production de jets d’affaires Challenger et de jets régionaux Canadair a été interrompue.
Soucieux de voir un règlement rapide à ce conflit, le gouvernement du Québec a recouru à l’article 55 du Code du travail qui l’autorise à désigner d’office un conciliateur. Toutefois, les négociateurs patronaux se sont retirés du processus de conciliation après deux rencontres seulement où les représentants syndicaux avaient déposé des demandes supplémentaires. Au moment où le conflit risquait l’enlisement, une rencontre au sommet entre le président de Bombardier, Pierre Beaudoin, et celui de la Fédération des travailleurs du Québec (FTQ), Henri Massé, a permis de relancer les négociations. Elles ont abouti le 3 mai à une entente prévoyant une augmentation cumulative des salaires de 13,5 % au cours des quatre prochaines années. L’entente comporte également l’accroissement du nombre de semaines de vacances, une amélioration du régime de retraite et le versement immédiat d’un montant de 1000 $. La participation au vote a été très forte et les offres de la compagnie ont été acceptées par 70 % des employés.
Le 6 mai, les employés rentraient au travail après une grève de trois semaines. Au début de la grève, 533 appareils restaient à livrer. La compagnie s’est dite confiante de pouvoir respecter ses échéances de livraison.
Grève suivie de lock-out à Radio-Canada
Le 22 mars dernier, les 1400 journalistes et techniciens de l’information du secteur francophone de Radio-Canada ont débrayé pour la journée. Le lendemain, la direction de la société d’État décrétait le lock-out.
Ce conflit a ainsi privé la population francophone du Québec et du Nouveau- Brunswick d’une de ses plus importantes sources d’information, tant à la radio qu’à la télévision. Les principales revendications syndicales portaient sur deux aspects du mode de rémunération en vigueur. Les syndiqués dénonçaient d’abord l’arbitraire et le manque de transparence qui caractériseraient les conditions de la rémunération. Si celle-ci est en principe reliée au corps d’emploi et à l’ancienneté, elle obéirait aussi, dans les faits, à toutes sortes de critères officieux tels que primes à l’affectation, heures supplémentaires fictives négociées en privé, sujets des émissions, diversité de l’expérience acquise au sein de la société, etc. Certains analystes voient dans ces pratiques le signe que les échelles salariales en vigueur à Radio-Canada sont trop basses pour demeurer compétitives avec celles du marché et amènent les administrateurs à recourir à des subterfuges.
Les syndiqués dénoncent par ailleurs les écarts importants entre les traitements et suppléments versés aux journalistes, recherchistes et présentateurs masculins et ceux versés à leurs consœurs, parlant ouvertement de discrimination. Sur cette question, un premier pas a été franchi lorsque les deux parties ont convenu de confier à un comité d’experts le soin de procéder à une analyse approfondie.
Le syndicat réclame enfin que l’on améliore considérablement les conditions de travail des employés temporaires et qu’une partie d’entre eux accèdent au statut de permanents. La proportion des employés temporaires serait beaucoup plus élevée au secteur français qu’au secteur anglais de Radio-Canada, ce qui constituerait un autre cas de discrimination.
À ces revendications, la direction de Radio-Canada a répondu que les budgets accordés à la société d’État par le gouvernement fédéral ont fondu de 30 % en dix ans, qu’une partie importante de ces budgets, liée à des projets limités dans le temps, n’est pas récurrente, que la souplesse que requiert la gestion de la société ne permet pas d’accorder la permanence à la majorité des contractuels et qu’une réponse positive aux demandes des travailleurs de l’information créerait un problème d’équité insupportable pour les autres salariés de Radio-Canada.
Durant tout le mois d’avril, les rencontres de négociations ont été peu nombreuses. Mais le courant de sympathie dont ont bénéficié les employés en lock-out, au sein de la population et dans les milieux culturels en particulier, a exercé une pression considérable sur la direction. Au début de mai, certains signes encourageants apparaissaient enfin, la direction et le syndicat accélérant le rythme des négociations. Le 13 mai, la direction de Radio-Canada déposait une offre globale. Mais le lendemain, les syndiqués rejetaient cette offre par une très faible majorité. C’était l’impasse. Le 22 mai, les employés de Radio-Canada votaient à nouveau sur ce qui était essentiellement la même offre, mais à laquelle s’ajoutait une annexe qui prévoit, chaque année, des rencontres entre la direction de la société et le syndicat pour échanger sur l’ensemble du mandat de Radio-Canada. On a également pris soin, cette fois, de s’entendre sur un protocole de retour au travail. L’entente a été acceptée par 70 % des syndiqués. Après deux mois de lock-out, les émissions de Radio-Canada ont donc pu reprendre.
Conflit difficile chez Vidéotron
La plus importante entreprise de câblodistribution, Vidéotron, est aux prises avec un conflit qui se préparait depuis de longs mois. Vidéotron fait partie depuis peu du groupe Quebecor. Elle dessert les régions les plus populeuses du Québec et compte environ 1,3 million d’abonnés. Alors qu’elle bénéficiait à ses débuts d’une situation de monopole dans un environnement fortement réglementé, la compagnie doit faire face aujourd’hui, avec une structure de coûts beaucoup trop élevée, à un marché ouvert où s’exerce une concurrence extrêmement vive. Ainsi, le nombre de ses abonnés a décru de 46 000 en 2001 et de 25 000 dans les trois premiers mois de 2002.
Les parties en présence ont des positions de départ qui paraissent irréconciliables. Vidéotron avait déjà annoncé son intention de réduire sa masse salariale annuelle de 30 millions $. On savait aussi que la compagnie entendait se départir de ses services d’installation et de réparation en les vendant à la firme Entourage. Cette transaction, dont la conclusion est prévue pour la fin mai, entraînerait le transfert de 664 salariés qui verraient se dégrader leurs conditions de travail. Pour atténuer l'impact de ce transfert, Vidéotron s’est déjà engagé à combler toute différence salariale pour les douze premiers mois. Le 16 avril, la compagnie a fait connaître ses positions sur d’autres questions, réclamant le droit de recourir librement à la sous-traitance et de prendre des mesures pour faire baisser le taux d’absentéisme qui est actuellement de 20 %. Elle demande aussi de faire passer la semaine de travail de 35 à 37,5 heures sans compensation financière et de réduire de 8 à 6 le nombre maximum de semaines de vacances pour les employés qui seront engagés désormais.
Représentés par la Fédération des travailleurs du Québec, les 2200 salariés de Vidéotron n’entendent faire aucune concession, sinon dans le réaménagement des méthodes de travail. Ils soulignent qu’en dépit de la concurrence, Vidéotron demeure une entreprise très rentable avec un bénéfice de 67 millions $ pour le dernier exercice. Enfin, ils contestent avec force la transaction projetée avec Entourage dans laquelle ils voient plutôt un recours déguisé à la sous-traitance. Aussi ont-ils rejeté les demandes patronales à la quasi unanimité et déclenché, le 8 mai, une grève générale illimitée. L’employeur y a répliqué en décrétant aussitôt le lock-out.
Personne n’ose prédire l’issue de ce conflit de travail. L’approche du 1er juillet, date à laquelle a lieu la majorité des déménagements au Québec, fait monter les enjeux puisque cette période amènera une forte hausse des débranchements et des raccordements aux services de câble de la télévision et d’accès à Internet.
Ce qui est inusité dans ce conflit de travail, comme dans celui de LAB Chrysotile d'ailleurs, c’est que ce n’est pas le syndicat qui demande des améliorations mais bien la partie patronale qui demande des concessions.
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***** RELATIONS AVEC LES AUTOCHTONES : LE QUÉBEC CITÉ EN EXEMPLE
À la réunion des Nations-Unies, tenue à Genève à la fin de janvier, relativement au projet de Déclaration universelle des droits des peuples autochtones, le négociateur cri Roméo Saganash a proposé le Québec aux autres pays du monde comme modèle à suivre dans leurs relations avec les Premières Nations.
Pour le porte-parole du Grand Conseil des Cris, la Convention de la Baie-James et du Nord québécois signée en 1975 constitue le premier traité de l’ère moderne entre un gouvernement et une nation autochtone. Avec l’entente signée le 7 février 2002 et l’établissement de relations de nation à nation entre les Cris et le Québec, une étape importante a été franchie vers la réalisation de l’autonomie gouvernementale. Aussi, a-t-il déclaré au journal Le Soleil, ai-je "invité tous les pays à prendre exemple sur le Québec. L’entente représente un formidable pas en avant dans le développement des relations entre un gouvernement et une Première Nation. Je crois que les Nations-Unies devraient être informées de ce qui se passe au Québec. (…) Pendant que nous sommes à discuter des droits des peuples autochtones, je peux vous dire qu’à Eeyou Istchee (le pays cri) et au Québec, nous nous préparons déjà à mettre la déclaration en vigueur".
On peut ainsi mesurer la distance qui nous sépare à présent de l’image négative du Québec que projetaient naguère les Cris sur les tribunes internationales. Il s’agissait sans doute d’une tactique de négociation. Mais elle heurtait d’autant plus la sensibilité des Québécois qu’ils se savaient être déjà à l’avant-garde dans leurs relations avec les nations autochtones.
Récemment, le professeur de droit Bradford W. Morse de l’Université d’Ottawa a mis à jour l’étude qu’il avait publiée en 1991 comparant plusieurs nations occidentales prospères quant à leurs relations avec les autochtones. Il soutient que le Québec a une feuille de route impressionnante et que les "développements (des) quatre dernières années donnent à croire qu’un changement majeur est survenu, pour le mieux, dans les relations entre les Premières Nations (…) et le gouvernement du Québec".
Au plan de la propriété autochtone du territoire, de la préservation des héritages linguistiques, du développement socio-économique et du financement des systèmes d’éducation, l’étude du professeur Morse nous indique que le gouvernement du Québec s’est montré le plus enclin à répondre positivement aux aspirations autochtones.
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***** LA POPULATION DU QUÉBEC
L’Institut de la statistique du Québec révélait, à la fin d’avril, qu’en 2001 seulement 73 500 nouveaux-nés y avaient vu le jour alors qu'il y a cinq ans, on comptait plus de 85 000 naissances. L’une des données du rapport ne laisse pas de nous interpeller : pour trouver un nombre de naissances plus faible qu’en 2001, avec une population de 7,4 millions, il faut remonter à 1908 alors que le Québec ne comptait que 1,9 million d’habitants. La natalité au Québec est, depuis 30 ans, en deçà du seuil de remplacement. L’indice de fécondité au cours des dernières années se situe à 1,4 enfant. En outre, depuis quelques années, 10 000 jeunes quittent le Québec annuellement. Comment, dans ces conditions, assurer la pérennité de la société québécoise ?
Pour le ministre d’État à la Population, aux Régions et aux Affaires autochtones, Rémy Trudel, le développement économique des régions est sérieusement menacé par le recul de la natalité et l’exode des jeunes Québécois.
En l’an 2000, l’indice du mariage était en hausse de 9 %, mais seulement le tiers des célibataires se sont mariés. C’est un des taux les plus faibles au monde. Par contre, vivre en union libre a la faveur des jeunes parents.
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***** QUELQUES MÉDAILLÉS DU QUÉBEC AUX JEUX OLYMPIQUES
Aux Jeux olympiques d’hiver 2002, à Salt Lake City, les athlètes québécois étaient présents en force. Des 156 athlètes qui composaient la délégation canadienne, 46 (30 %) provenaient du Québec.
Jamie Salé (Alberta) et David Pelletier (Québec) sont ceux qui ont le plus retenu l’attention en raison du scandale qui a précédé leur obtention de la médaille d’or en patinage artistique. La décision des juges d’octroyer la médaille d’or au couple russe Elena Berezhnaya et Anton Sikarulidze a aussitôt été contestée par la foule et par la presse internationale. La Fédération internationale de patinage artistique a ouvert une enquête. Rapidement, le Comité international olympique a décidé de remettre également la médaille d’or au couple Salé-Pelletier, ex-aequo avec le couple russe. Il s’est avéré que l’évaluation de la juge française Marie-Reine Le Gougne lui avait été dictée.
En patinage de vitesse, le Québécois Marc Gagnon a réalisé un exploit en remportant deux médailles d’or, au 500 mètres et au 5000 mètres relais, ainsi qu’une médaille de bronze au 1500 mètres. Il était déjà médaillé olympique, ayant remporté le bronze au 500 mètres à Lillehammer en 1994, et l’or au 5000 mètres relais à Nagano en 1998.
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***** LE RRQ : UN AVENIR ASSURÉ
Le Régime des rentes du Québec (RRQ) offre une protection financière de base aux travailleurs du Québec. Il s’agit d’un régime capitalisé où les prestations aux retraités sont payées à même les cotisations accumulées. Les montants qui servent de base au calcul des cotisations (le minimum et le maximum du revenu) et le montant des prestations accordées sont annuellement indexés au coût de la vie.
Au début des années 1980, les responsables du RRQ avaient manifesté de l’inquiétude au sujet de son avenir. Les prestations augmentaient et la capitalisation diminuait. Le vieillissement de la population constituait le principal facteur de l’écart qui se creusait entre les revenus et les déboursés.
Jusqu’en 1986, le taux de cotisation n’était que de 3,6 % de la rémunération d’un travailleur assujetti au Régime. Il a été graduellement haussé et atteindra 9,9 % en 2003, un taux qu’on ne prévoit plus devoir augmenter. Les réserves requises sont désormais suffisantes et les calculs actuariels prévoient qu’en 2050 la réserve du RRQ atteindra 192 milliards $.
En 1966, lorsque le Régime des rentes a été créé, 6 % de la population du Québec était âgée de 65 ans et plus. Ce taux atteignait 13 % en l’an 2000 et devrait s'élever à 27 % en 2030.
Ces chiffres ont aussi amené le Vérificateur général du Québec, Guy Breton, à attirer l’attention des élus sur le défi que cette évolution posera au financement des services publics. Il s’agissait là, le 4 décembre 2001, du dernier rapport de Guy Breton à l’Assemblée Nationale, son mandat d’une durée de dix ans se terminant dans les jours suivants.
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***** DES RÉTICENCES EN PAYS CRI
L’entente était à peine signée que déjà des groupes de citoyens blancs et cris faisaient entendre leurs protestations. L’organisme Révérence Rupert, du nom de la rivière qui sera partiellement détournée pour alimenter le barrage projeté sur la rivière Eastmain, s’oppose au détournement des dernières rivières vierges du Nord québécois à des fins d’hydroélectricité. Il qualifie ce projet d’Erreur boréale II, faisant référence au film réalisé par le chanteur Richard Desjardins pour dénoncer l’exploitation abusive de la forêt boréale. Le groupe est dirigé par un conseil composé en parts égales de représentants blancs et cris, et dit compter plusieurs centaines de sympathisants. Il se donne pour mission de sensibiliser la population aux enjeux du projet Eastmain-Rupert et aux impacts du détournement des rivières qu’il qualifie de désastreux.
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***** L’ORDRE DU QUÉBEC
Le Premier ministre Bernard Landry a remis l’Ordre du Québec à 27 personnalités qui ont bien mérité de la patrie. La cérémonie s’est déroulée au Salon rouge de l’Assemblée nationale le 14 mai 2002. Parmi les plus connus, mentionnons l’ancien premier ministre du Canada, Brian Mulroney, qui a été fait Grand Officier, également le doyen des Délégués généraux du Québec à l’étranger, Jean Chapdelaine, et le leader amérindien Ted Moses qui ont été faits Officiers de l’Ordre et puis la chanteuse Diane Dufresne ainsi qu'Hubert de Ravinel, fondateur des Petits Frères des pauvres, qui ont été faits Chevaliers de l’Ordre.
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***** LA Mc SYNDICALISATION
Syndiquer les employés d’une multinationale de l’alimentation n’est pas chose facile. S’attaquer à un adversaire aussi coriace que le géant international du hamburger s’avérait un défi presque suicidaire pour les jeunes employés et leurs représentants syndicaux.
À deux reprises déjà, d’abord avec la puissante Fédération des travailleurs du Québec (FTQ) et, par la suite, avec la Confédération des syndicats nationaux (CSN), il y eut des tentatives de syndiquer des employés de la chaîne McDonald’s. Les restaurants de Saint-Hubert et de la rue Peel, à Montréal, pourtant très rentables, ont fermé leurs portes et congédié le personnel plutôt que d’accepter l’accréditation syndicale.
La multinationale de la restauration rapide a beau jeu d’intimider ses employés en les menaçant de fermeture. Ils sont jeunes et le roulement du personnel est particulièrement élevé. C’est ainsi qu’un troisième McDo a réussi à casser les tentatives de syndicalisation des employés du restaurant de l’avenue Mont-Royal et à leur faire perdre leur accréditation.
Il reste que la centrale syndicale CSN a redoublé d’effort et a réussi à faire une percée significative en syndiquant le personnel du McDonald’s de Rawdon au nord de Montréal, une première en Amérique du Nord. Après plusieurs mois de négociation, les employés se sont adressés au Tribunal d’arbitrage du Québec parce qu’ils estimaient que l’employeur ne faisait pas preuve de bonne foi. L’arbitre leur a donné raison et a établi les termes du contrat de travail d’une durée de 18 mois en ce qui a trait aux salaires et augmentations régulières, aux allocations de repas, aux congés fériés et chômés, aux congés sociaux et à la formation professionnelle.
C’est la Fédération du commerce de la CSN qui a assisté le personnel du McDo de Rawdon dans sa démarche. À noter qu’au moment de la décision du Tribunal d’arbitrage, à la mi-avril 2002, des 25 employés qui ont signé leur carte d’adhésion au syndicat en janvier 2001, il n’en reste plus que deux encore au service du restaurant. Ce fait illustre bien le fort roulement de personnel de cette chaîne d’alimentation et la facilité qu’ont les propriétaires employeurs à faire échec à la syndicalisation.