QUÉBEC Info
PRINTEMPS-ÉTÉ 2003
Politique Économie Education International Société Culture ****UN QUÉBEC MULTICULTUREL
Statistiques Canada a publié en janvier le nouveau portrait ethnoculturel qui se dégage des données du recensement de 2001. La proportion de la population canadienne née à l’étranger a atteint son sommet des soixante-dix dernières années, à 18,4 %. À 10 %, le Québec établit pour sa part un record des cent dernières années; entre 1991 et 2001, le Québec a accueilli 13 % des nouveaux arrivants au Canada.
Si l’attrait de Toronto et de Vancouver sur les immigrants se confirme, Montréal demeure une destination privilégiée : 12 % de tous les immigrants au Canada s’y sont installés et la population montréalaise compte aujourd’hui 18,4 % de personnes nées à l’étranger, soit un pourcentage identique à la moyenne canadienne. La ville de Québec arrive loin derrière puisque 3,4 % seulement de sa population est constituée d’immigrants arrivés au cours de la dernière décennie. Il faut dire que, en dépit des efforts déployés par le gouvernement québécois pour attirer les immigrants en dehors de l’agglomération montréalaise, moins de 8 % d’entre eux choisissent de s’établir dans les autres régions du Québec.
Par ailleurs, les nouvelles données démontrent sans équivoque le caractère de plus en plus multiculturel de la population, tant au Québec qu’au Canada. Alors qu’entre 1900 et 1960 l’immigration au Canada était à 90 % de souche européenne, l’origine des immigrants de la dernière décennie est d’une très grande diversité; le recensement identifie désormais plus de 200 groupes ethniques au Canada. Au Québec, l’immigration originaire de France n’arrive plus qu’au quatrième rang, derrière celle en provenance d’Haïti, de Chine et d’Algérie; on y observe également de forts contingents de personnes arrivant du Liban, du Maroc, de Roumanie et des Philippines. Cette diversité croissante fait que la proportion de nouveaux Québécois appartenant à des minorités visibles s’accroît régulièrement, particulièrement à Montréal où elle est passée de 11 % à 13,5 % en dix ans, avec des concentrations particulièrement fortes dans certains arrondissements.
On peut observer d’autres effets de cette évolution. Ainsi, les institutions d’enseignement ont fort à faire pour s’adapter aux nouvelles réalités. Sur l’île de Montréal, 12 % des enfants d’âge scolaire appartiennent à des familles immigrantes arrivées dans les années 90 et dans certaines écoles, cette proportion dépasse les 25 %.
Croissance soutenue de la population autochtone
Le recensement de 2001 confirme que la population autochtone au Canada, et notamment au Québec, poursuit sa croissance. De 1901 à 2001, la population d’ascendance autochtone a décuplé alors que la population totale du Canada n’a été multipliée que par 6. En 1996, le Canada comptait 3,8 % de personnes s’identifiant elles-mêmes comme Indiens, Métis ou Innuit; cette proportion est montée à 4,4 % en 2001.
L’accès à de meilleurs services de santé a fait chuter le taux de mortalité infantile de façon importante tout en permettant aux adultes de vivre plus longtemps. Mais surtout le taux de fécondité des femmes autochtones est demeuré beaucoup plus élevé que la moyenne canadienne. Aujourd’hui, le tiers de la population autochtone est constitué de jeunes de 14 ans ou moins.
Les facteurs démographiques n’expliquent cependant qu’en partie le fait que l’on compte une proportion croissante d’autochtones au Canada. En raison de la réticence de bon nombre d’autochtones a se déclarer ouvertement membres des Premières Nations, cette population est demeurée longtemps sous-évaluée. Tout en étant bien réel, le boom démographique va donc de pair avec un réveil de la fierté autochtone et une affirmation politique plus soutenue et mieux reconnue.
Dépeuplement des régions éloignées
Le dépeuplement des régions éloignées du Québec a atteint, ces dernières années, un rythme jamais observé précédemment : de 1996 à 2001, elles ont perdu deux fois plus d’habitants qu’au cours des cinq années précédentes. Certaines régions comme l’Abitibi-Témiscamingue, la Côte-Nord, la Gaspésie et le Nord-du-Québéc ont perdu plus de 6 % de leur population en 5 ans; le Bas-Saint-Laurent et le Saguenay Lac-Saint-Jean, entre 3 et 4 %. Les flux migratoires ont profité à la région de Québec et surtout aux régions adjacentes à l’île de Montréal : Laurentides, Montérégie, Laval, Lanaudière. Montréal continue de perdre des résidents mais à un rythme moins soutenu que précédemment.
L’analyse des données faite par l’Institut de la statistique du Québec montre aussi que les migrations interrégionales sont surtout le fait de jeunes adultes qui quittent leur région natale pour poursuivre leurs études, occuper un emploi ou bénéficier d’un milieu de vie plus attrayant.
****PROTECTION ET CONSERVATION
Le Mont-Royal
Le 18 février 2003, le Mont-Royal et sa couronne, qui occupent le centre de l’île de Montréal, ont obtenu le statut d’" arrondissement historique et naturel " en vertu de la Loi sur les biens culturels; 12 arrondissements de ce type existent maintenant au Québec. Pour être autorisés à y ériger une nouvelle construction ou à modifier un immeuble, les promoteurs immobiliers et les propriétaires doivent se plier à des règles strictes en matière d’urbanisme et de patrimoine. La précédente administration de la Ville de Montréal, avant la fusion de toutes les municipalités de l’Île, avait autorisé plusieurs projets immobiliers fort contestés sur les flancs du Mont-Royal; dans certains cas, la ministre de la Culture et des Communications avait dû user de son autorité pour bloquer la construction de tours d’habitation.
La ville de Montréal assumera la gestion du Mont-Royal et recevra à cette fin du gouvernement du Québec un budget de 30 millions de dollars sur cinq ans. Les critères de protection spécifiques au Mont-Royal seront annexés au plan d’urbanisme de la ville et les règlements de zonage des arrondissements touchés seront modifiés en conséquence. Le périmètre protégé, partagé autrefois entre les villes de Montréal, Outremont et Westmount est aujourd’hui réparti entre plusieurs arrondissements du nouveau Montréal.
La conservation du patrimoine naturel
La Loi sur la conservation du patrimoine naturel (Loi 149), adoptée par l’Assemblée nationale du Québec le 19 décembre 2002, ajoute trois catégories à la liste des désignations juridiques des aires protégées : les réserves de la biodiversité, les réserves aquatiques et les réserves de paysage humanisé. Les territoires ainsi désignés sont soustraits à toute forme de développement lourd comme l’exploitation forestière, l’activité minière ou la création d’installations hydroélectriques.
Les rivières Moisie et Ashuapmushuan, réserves aquatiques
En application de la loi 149, le ministre de l’Environnement et de l’Eau, André Boisclair, annonçait en février 2003 que la rivière Moisie, sur la Côte-Nord, et la rivière Ashuapmushuan, au nord du Lac Saint-Jean, devenaient les deux premières réserves aquatiques du Québec. C’est tout le bassin hydrographique de ces rivières qui obtient ainsi une protection juridique intégrale. Le bassin de la Moisie s’étend sur 3 897 km²; celui de l’Ashuapmushuan, sur 277 km². La Moisie est un habitat célèbre du saumon de l’Atlantique; l’Ashuapmushuan constitue l’habitat de prédilection de l’ouananiche, un saumon d’eau douce proche du saumon de l’Atlantique.
Aires protégées en Abitibi et à la Baie-James
Au début de mars, le ministre annonçait, toujours en vertu de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel, la création de six réserves de la biodiversité et d’une réserve aquatique; ces sept nouvelles aires protégées sont situées en Abitibi et à la Baie-James et totalisent 3200 km².
En 2001, le gouvernement du Québec s’était donné comme objectif de protéger, à l’horizon 2005, 8% de son territoire. À l’été 2002, il avait protégé onze grands espaces de la Côte-Nord couvrant 13 000 km². Les récentes décisions portent l’espace protégé à 5,3% du territoire québécois.
Écosystèmes forestiers exceptionnels
En février 2002, le gouvernement du Québec a innové en procédant au classement de 26 écosystèmes forestiers exceptionnels (EFE) à des fins de conservation; il s’agit de forêts " rares ", de forêts " anciennes " ou de forêts " refuges ". Cette décision s’inspire de la convention de Rio sur la biodiversité. François Gendron, alors ministre des Richesses naturelles, avait exprimé son intention classer de la sorte 200 EFE à travers le Québec. " Toute activité commerciale sera interdite sur ces territoires " avait affirmé le ministre, " mais on pourra y poursuivre des activités de recherche ou d’éducation ".
Le Domaine Gault, réserve naturelle en milieu privé
Le 6 mars dernier, le gouvernement du Québec reconnaissait le Domaine Gault du Mont-Saint-Hilaire au titre de " réserve naturelle en milieu privé " et octroyait une subvention de 150 000 dollars à l’Université McGill, responsable du Domaine; celle-ci l’utilise à des fins de recherche et d’éducation, mais la population est invitée à le visiter et à s’y promener. En 1978, le Domaine Gault avait été reconnu par l’UNESCO comme " réserve de la biosphère ".
****CONCILIATION TRAVAIL-FAMILLE
Au cours de la campagne électorale qui s’est déroulée au Québec du 12 mars au 14 avril, le Parti québécois (PQ) a fait de la conciliation travail-famille sa première priorité. Les deux autres principaux partis, le Parti libéral du Québec (PLQ) et l’Action démocratique du Québec (ADQ) ont réservé aussi une place importante à cette question, car elle rejoint les préoccupations de nombreux parents. La différence d’un parti à l’autre tenait plutôt aux moyens proposés et à la place de cette question dans la liste des priorités.
Ainsi, le PQ proposait d’établir, dès janvier 2004, le droit des parents d’un enfant de moins de 12 ans à la semaine de quatre jours et de faire passer de deux à trois semaines le congé payé annuel; de plus, le budget déposé à l’Assemblée nationale le 11 mars dernier par Pauline Marois, alors ministre des Finances, réservait près de 45 millions de dollars au financement de diverses mesures de conciliation travail-famille. Pour sa part, le PLQ proposait la mise en place d’un régime de congé parental et d’accélérer la création de places en garderie à 5 $ par jour. L’ADQ, enfin, proposait d’offrir aux travailleurs la possibilité de prendre jusqu’à 20 congés mobiles par année pour s’acquitter d’obligations familiales et d’allonger le congé de maternité de 18 à 24 semaines.
L’avenir dira ce que le législateur retiendra de ces diverses propositions, mais dès le premier mai 2003, sont entrées en vigueur les nouvelles dispositions de la Loi sur les normes du travail, présentée par le ministre Jean Rochon le 7 novembre 2002 et adoptée à l’unanimité par l’Assemblée nationale le 19 décembre. Plusieurs mesures vont dans le sens d’une meilleure conciliation travail-famille : les conditions d’absence au travail pour obligations familiales sont élargies et le nombre de jours d’absence est accru; de même, le congé de maternité et le congé parental ont été améliorés.
****AUCUN CAS DE PNEUMOPATHIE ATYPIQUE
À ce jour, aucun cas de pneumopathie atypique n’a encore été enregistré au Québec. Les responsables de la santé publique avaient pris toutes les dispositions pour isoler sur le champ toute personne pouvant être porteuse du virus. Au 27 avril, 181 cas de contamination possible avaient été signalés; tous ont fait l’objet d’une enquête et les résultats ont toujours été négatifs. L’effet de cette épidémie sur le tourisme a été bien réel, mais il devrait être de courte durée; un certain nombre de touristes, surtout des congressistes, qui étaient attendus au Québec ont annulé leur voyage parce qu’ils devaient passer par Toronto où la pneumopathie a fait une vingtaine de victimes.
****RECUL DU TABAGISME
Les campagnes d’information sur les dangers du tabagisme produisent des résultats : au Québec, le nombre de non-fumeurs a augmenté de façon appréciable au cours des dernières années. La hausse des prix du tabac y est aussi pour quelque chose. Un sondage de la firme CROP, réalisé à la demande du ministère québécois des Finances peu après la hausse du prix des cigarettes de juin 2002, le confirme. Au cours des trois mois qui ont suivi cette hausse, autant de gens ont cessé de fumer que durant les 15 mois précédents. En trois mois, 8,6 % des fumeurs de 15 ans et plus ont abandonné l’usage du tabac; dans la population en général, l’usage du tabac est alors passé de 24,4 % à 22,4 %.
Les auteurs du sondage en ont tiré quelques recommandations à l’intention du gouvernement. L’une d’entre elles retient l’attention : les futures campagnes anti-tabac auraient avantage à " passer d’une optique où (les gros fumeurs) se disent souvent victimes, à une autre où ils sont encouragés et supportés dans leur démarche de réduction/cessation d’usage du tabac ".
****MÉLANIE TURGEON, CHAMPIONNE DU MONDE
La skieuse de Québec Mélanie Turgeon a remporté la médaille d’or en descente, le 9 février, aux Championnats du monde tenus à Saint-Moritz, en Suisse. Avec un temps de 1:34:30, elle a devancé par onze centièmes de seconde Alexandra Meissnitzer d’Autriche et Corinne Rey-Bellet de Suisse qui ont reçu ex æquo la médaille d’argent.
Mélanie Turgeon, âgée de 26 ans, n’en est pas à sa première médaille en ski alpin. En février 2000, à Innsbruck, en Autriche, elle avait remporté le super-G. En carrière, elle est montée au total neuf fois sur le podium.